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La République des Lettres

Abdelkébir Khatibi

Abdelkébir Khatibi
Triptyque de Rabat

La République des Lettres
ISBN 978-2-8249-0122-0
Livre numérique (format ePub)
Prix : 5 euros
Disponible chez • AmazoniTunes

Nicolas Sarkozy

Nicolas Sarkozy

Chassez le naturel de Nicolas Sarkozy, il revient au galop. Malgré ses efforts pour paraître comme un homme calme, sérieux, humaniste et tolérant, Nicolas Sarkozy vient d'émettre une proposition de campagne électorale digne des meilleurs dérapages racistes et anti-républicains de Jean-Marie le Pen. En proposant la création d'un "ministère de l'immigration et de l'identité nationale" s'il est élu, le candidat masqué de la droite extrême à l'élection présidentielle vient de provoquer un tollé général qui risque de lui coûter de nombreuses voix, tant en raison du contenu xénophobe de la proposition, qui révèle la véritable idéologie qu'il tentait jusqu'alors de masquer tant bien que mal, que par la manière récurrente de créer des conflits autour de sujets sensibles, qui elle ne présente guère l'image d'un chef d'Etat responsable. Petite revue de presse des réactions:

Du côté du Parti Socialiste, pour qui l'actuel ministre de l'Intérieur "laisse entendre que l'immigration est une menace potentielle pour la culture française", Ségolène Royal dénonce "un amalgame ignoble entre l'identité française et les travailleurs immigrés". François Hollande craint que Nicolas Sarkozy soit en train d'avoir "un flirt poussé avec les thèses du Front national" et rappelle que, sur l'immigration, celui-ci a déjà "fait voter deux lois en cinq ans" qui durcissent beaucoup les conditions d'entrée et de séjour des étrangers en France. Arnaud Montebourg estime lui que "la lepénisation du discours de Nicolas Sarkozy est en marche".

François Bayrou estime lui "qu'en enfermant dans la même phrase immigration et identité nationale", Nicolas Sarkozy franchit "une frontière". Pour le candidat UDF, "L'identité nationale de la France, elle a un nom, c'est la République, la Nation, c'est l'adhésion aux principes qui nous font vivre ensemble, fondée sur Liberté, Egalité, Fraternité, et elle n'est pas pas fondée sur l'origine. Chaque fois qu'on l'a transgressée, ça a donné de grands malheurs. [...] "On ne mélange pas dans le même ministère immigration et identité nationale. D'abord on ne fait pas un ministère de l'identité nationale. On ne fait pas un ministère de la France", déclare-t-il. Il demande également à Simone Veil, présidente de la Fondation pour la mémoire de la Shoah et nouvelle ralliée au candidat communautariste (à l'instar de la majorité de la communauté juive française), si elle est prête à apporter son soutien et sa caution à un tel ministère.

Marie-George Buffet, candidate du Parti Communiste, juge elle que "Les masques tombent: Nicolas Sarkozy est dangereux pour la démocratie et pour les valeurs de la République". Pour elle "accoler immigration et identité nationale renvoie aux épisodes les plus sombres de notre histoire" et "Réveiller ainsi l'époque de Vichy pour mieux donner des gages aux thèses xénophobes et racistes du FN est indigne d'un candidat républicain".

Olivier Besancenot, de la LCR, estime que Nicolas Sarkozy reprend clairement à son compte "les thèmes xénophobes" du Front National pour bénéficier de ses voix au 2e tour. "Son ministère de l'immigration et de l'identité française pue à plein nez le régime de Vichy", ajoute-t-il.

Chez les Verts, Dominique Voynet juge que cette proposition "est exécrable" et que Nicolas Sarkozy "chasse sur les terres de l'extrême droite".

Le candidat de "Debout la République", Nicolas Dupont-Aignan (ex-UMP), estime totalement "surréaliste que le ministre de l'Intérieur, qui a été cinq ans au pouvoir, qui nous a fait voter je ne sais combien de lois, propose maintenant un ministère".

Même son de cloche du côté des organisations anti-racistes ou de défense des Droits de l'Homme. La Ligue des Droits de l'Homme (LDH) se déclare "scandalisée" par une telle proposition qui "constitue un appel de pied supplémentaire à l'extrême droite". Selon elle, "il s'agit simplement une fois de plus de prendre en otages les étrangers à des fins électorales". SOS Racisme regrette que "l'immigration serve à nouveau de lamentable épouvantail aux échecs et aux failles du passé" et estime que les candidats à la magistrature suprême "ne doivent pas flatter les plus bas instincts d'une partie des citoyens". Le Mouvement contre le Racisme et pour l'Amitié entre les Peuples (MRAP) pense que Nicolas Sarkozy "n'utilise pas ces termes par hasard" et qu'en les associant, "il libère une parole et une idéologie raciste qui menace gravement la cohésion nationale". Pour l'association qui travaille quotidiennement aux côtés des étrangers, "Sarkozy fait un choix de société, celui du rejet de l'autre, dans une logique de division incendiaire". Le Réseau Éducation Sans Frontières (RESF) ironise pour sa part en voyant bien Johnny Hallyday -- soutien de Nicolas Sarkozy récemment installé en Suisse pour échapper à l'impôt -- comme "ministre de l'Identité nationale". Enfin, l'association France Terre d'Asile se demande ce qu'est l'identité nationale dans un pays "où un Français sur quatre a un parent ou un grand-parent immigré".

Seul soutien affiché, celui de Jean-Marie le Pen, qui approuve évidemment l'idée de ce "ministère de l'immigration et de l'identité nationale", tout en voyant là lui aussi "une petite opération de racolage sur les terres du Front National".

Copyright © Hortense Paillard / La République des Lettres, Paris, samedi 10 mars 2007. Droits réservés pour tous pays. Toute reproduction totale ou partielle de cet article sur quelque support que ce soit est interdite.

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