Google | Twitter | Facebook | Blog | Lettre d'information | Fnac | Kobo | iTunes | Amazon

La République des Lettres

Rainer Maria Rilke

Rainer Maria Rilke
Lettres à un jeune poète

La République des Lettres
ISBN 978-2-8249-0207-4
Livre numérique (format ePub)
Prix : 5 euros
Disponible chez • Fnac • Amazon • Kobo • iTunes

Ségolène Royal

S'il ne démontre rien de nouveau sur les compétences de Ségolène Royal en matière de Relations internationales, son voyage au Liban et en Israël a au moins le mérite d'entretenir le feu des habituelles polémiques franco-françaises sur le Proche-Orient.

Pourtant les deux camps de la Droite et de la Gauche française ont une position quasi identique sur la question et rien ne sépare vraiment les deux principaux prétendants à l'Elysée, Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy. A l'instar des dirigeants des pays occidentaux, Etats-Unis en tête, tous les deux soutiennent plutôt la cause d'Israël dans les violents conflits que ce pays entretient avec ses voisins et ils combattent activement l'installation au pouvoir, pourtant démocratique, des partis islamistes comme le Hamas ou le Hezbollah qu'ils tentent de diaboliser en toutes circonstances. Malgré la situation dans laquelle se trouve aujourd'hui toute la région, en dépit de la volonté clairement exprimée des peuples libanais et palestiniens qui se donnent des représentants de plus en plus radicaux en réaction à l'arrogante politique israélo-américaine, la France de Ségolène Royal et de Nicolas Sarkozy continue à jouer une seule et même partition, nettement pro-israélienne.

La dernière polémique née d'un improbable propos tenu par un député libanais membre du Hezbollah, Ali Ammar, qui aurait parlé de la résistance de son parti et comparé devant Ségolène Royal l'occupation israélienne du Liban au nazisme, illustre assez bien le fait que rien ne les oppose sur le fond. Des journalistes présents -- on ne sait qui exactement et personne ne semble chercher à savoir --, auraient entendu ces propos que ni Ségolène Royal, ni l'Ambassadeur de France au Liban Bernard Emié, ni aucun autre autre témoin n'a entendu.

Les journalistes avaient un autre traducteur que Ségolène Royal, selon la version du Parti Socialiste. Quoi qu'il en soit, même si les propos n'ont jamais été tenus, plusieurs grands ténors de la Droite ont immédiatement dénoncé la "faute lourde" (Valérie Pécresse, porte-parole de l'UMP, sur Radio Communauté Juive) d'une candidate à l'Elysée "aux idées simplistes" (Philippe Douste-Blazy, ministre des Affaires étrangères), "ne connaissant pas ses sujets" (François Goulard, ministre de la Recherche), "laissant insulter sans réagir les alliés et amis de la France" (François Fillon, conseiller politique de Nicolas Sarkozy), "mettant la France dans une situation délicate vis-à-vis de la communauté internationale" (Jean-François Copé, ministre du Budget et Porte-parole du gouvernement), ou encore "contribuant à affaiblir la position de la France au Liban" (Xavier Bertrand, ministre de la Santé et Hervé de Charette, ancien ministre UMP des Affaires étrangères).

Ségolène Royal, soutenue par François Hollande et François Rebsamen, respectivement numéro 1 et 2 du Parti Socialiste qui jugent "ces polémiques dérisoires et consternantes", a répliqué qu'elle trouvait innaceptables de tels propos et que, si elle les avait entendus, elle aurait "quitté la salle", ce qui revient à se placer sur les positions de Nicolas Sarkozy.

Le problème est que ces propos, vrais ou faux, sont très courants parmi les populations libanaises et palestiniennes, même dans la frange la plus occidentalisée et la plus modérée. La colonisation, les bombardements de civils, l'emprisonnement de milliers de personnes, la construction du mur de l'apartheid, l'étouffement économique, la destruction d'habitations, les déplacements de populations, le mépris, les humiliations, les brutalités, les vexations, les assassinats ciblés, le terrorisme d'Etat, et d'une façon générale les innombrables crimes de guerre et crimes contre l'humanité commis depuis plusieurs années en toute impunité, au nom du sacro-saint Droit à la sécurité d'Israël, laissent évidemment penser aux victimes subissant cette violence quotidienne que le Sionisme est par certains côtés assimilable à une forme de Nazisme. Et ce quelle que soit la signification que peut avoir cette assimilation pour les anciennes victimes juives du génocide nazi devenues aujourd'hui leurs bourreaux. Il est donc quelque peu malhonnête et hypocrite de la part des responsables politiques français de nier ce que pense ouvertement une large majorité des populations voisines d'Israël, et pas seulement les "infréquentables" membres du Hezbollah et du Hamas.

Nicolas Sarkozy n'a pas réagi publiquement à cette affaire mais -- coïncidence ? -- le 30 novembre sur France 2, alors que sa rivale atterissait au Liban, il l'avait attaqué en la disqualifiant d'office sur les dossiers de la scène internationale, estimant en substance qu'elle n'avait aucune idée précise sur le Proche-Orient et que si elle était élue on risquait de voir le conflit israélo-palestinien dégénérer. Une déclaration qui a sans doute été bien entendue par les "journalistes" à la source de la polémique survenue dès le lendemain et qui, à l'évidence, n'auraient pas dédaigné voir se produire un clash entre Israël et la candidate à la présidentielle française.

Sur le dossier israélo-palestinien, Nicolas Sarkozy a lui depuis longtemps clairement affiché ses positions pro-israéliennes, ce qui ne peut que conforter le vote juif déjà acquis en sa faveur. Atlantiste façon George Bush, grand ami d'Israël, protecteur de la communauté juive française y compris la plus extrêmiste (notamment celle des militants du CRIF de Roger Cukierman), zélé ministre de l'intérieur luttant contre l'antisémitisme même lorsqu'il n'y a pas d'affaires, il est le candidat désigné des militants sionistes qui trouvent que Jacques Chirac n'en fait pas encore assez en matière de soutien à Israël et de lutte contre l'islamisme.

Reste que son éventuelle élection à la tête de l'Etat, qui signifierait une surenchère en faveur d'Israël, peut devenir très dangereuse pour la France. Les Français, déjà bien exposés dans le cadre de la FINUL, risqueraient à court terme de se retrouver directement impliqués dans les guerres générées par Israël et les Etats-Unis contre certains pays du monde arabo-musulman. Election d'autant plus dangereuse que, comme vient de l'indiquer l'humoriste Guy Bedos, "ce type n'est absolument pas fiable" et qu'il ne faut surtout pas "lui confier le bouton du nucléaire".

Copyright © Hortense Paillard / , Paris, lundi 04 décembre 2006. Droits réservés pour tous pays. Toute reproduction totale ou partielle de cet article sur quelque support que ce soit est interdite.
Noël Blandin / La République des Lettres
Newsletter / Entrez votre adresse e-mail:    

Facebook Facebook   Newsletter Lettre d'info   Twitter Twitter