Institut Géographique National

Institut Géographique National

N'est pas Google qui veut car il faut des moyens, notamment techniques et budgétaires. Cela fait déjà plus de 36 heures que geoportail.fr, le portail français de géolocalisation inspiré en tous points de Google Earth, a été ouvert en grande pompe par l'IGN (Institut Géographique National) sur l'internet, mais rares sont les internautes qui ont pu y accéder. Apparemment seuls quelques V.I.P. comme Jacques Chirac, 3 ou 4 ministres (Dominique Perben, ministre des Transports et l'Équipement, Jean-François Copé, ministre délégué au Budget et à la réforme de l'État, Nelly Olin, ministre de l'Écologie et du Développement durable) et quelques dizaines de chercheurs et journalistes ont pu visualiser ces fameuses et extraordinaires images online de la France vue du ciel que l'on promet au public à grands renforts d'annonces dans les médias. Les serveurs informatiques sont inacessibles, victimes d'un nombre de connexions trop important, dit-on. Le succès était pourtant prévisible étant donné d'une part l'engouement suscité par ce type de services sur internet et d'autre part par la promotion médiatique officielle -- de style Cocorico national -- qui a entouré le lancement du site.

Ouvert il y a un et demi Google Earth, qui couvre lui la terre entière et utilise de puissants serveurs en état de supporter des millions de connexions simultanées, connaît un succès phénoménal. Les internautes se ruent chaque jour par millions sur ses vues satellite, cartes, plans et informations géolocales en tous genres qui affichent le monde sur leur écran d'ordinateur. Celui qui n'a jamais zoomé sur les images de sa ville, de sa rue ou de sa maison diffusées gratuitement en ligne par Google est désormais presque aussi rare que celui qui n'a jamais interrogé son moteur de recherche par mots-clés. De quoi inspirer les responsables politiques français qui semblent scotchés par les nombreuses et impressionnantes innovations technologiques de Google et s'en inspirent plus que largement pour lancer leurs propres programmes de numérisation, parfois en tentant d'y associer l'Europe. C'est vrai notamment pour le moteur de recherche sur le web, à qui on veut opposer Quaero (bien mal piloté par Thomson), pour les vidéos avec la mise en ligne des archives de l'Institut National de l'Audiovisuel (INA), pour le service de Bibliothèque numérique Google Books qui provoque l'ire du président de la Bibliothèque Nationale de France (BNF) Jean-Noël Jeanneney et des éditeurs institutionnels francais, et aujourd'hui pour cet outil de géolocalisation.

Sur le papier donc -- ce sera à vérifier si le site de l'IGN est capable un jour d'accueillir ses visiteurs -- geoportail.fr se veut identique à Google mais en mieux. Il en reprend le principe de fonctionnement et l'interface mais se limite à l'ensemble du territoire français, Dom-Tom compris, dont il devrait proposer des vues aériennes très précises -- jusqu'à 50 cm d'approche --, excepté sur quelques zones sensibles (Bases militaires ou nucléaires, résidence du Président de la République, etc..). 400.000 clichés datant de moins de cinq ans et couvrant la totalité du territoire national sont ainsi proposés au public, associés comme pour Google à des moyens simplifiés de navigation et de recherche (déplacements par la souris, zooms, mots-clés, etc). Les cartes et plans traditionnels au 1/25.000 de l'IGN se superposent également aux images, apportant en parallèle diverses informations comme les reliefs et les noms de lieux. On promet aussi à l'horizon 2007, comme dans Google Earth qui le propose aussi de son côté pour certaines régions et villes américaines, une visualition en 3D (Trois Dimensions) qui rendra le tout extrêmement réaliste ainsi que des informations utiles de toute nature comme les infrastructures publiques (mairies, postes, musées, hopitaux,..), les plans d'urbanisme, les données topographiques et géologiques, les pages jaunes, etc, fournies notamment par les administrations et autres organismes publics comme par exemple le Bureau de Recherches Géologiques et Minières (BRGM) qui est partie prenante du projet.

Au vu de cette richesse le site geoportail.fr est donc sans doute appelé, s'il parvient à fonctionner correctement et s'il reste gratuit -- ce qui n'est pas assuré car l'IGN ne dispose que d'un petit budget de 8 millions d'euros pour son Géoportail et, jusqu'à présent, il vendait ses données --, à devenir un outil indispensable pour le grand public. Les français devraient à terme y puiser une mine de renseignements en matière de transports, d'agriculture, de bâtiment, de tourisme ou d'environnement, et, outre la simple curiosité, l'utiliser à de multiples fins au quotidien. Bémol à la fierté nationale, il reste néanmoins que Google, pionnier et très actif en la matière, reste tout à fait capable de proposer mieux que l'IGN en améliorant son Google Earth au niveau local et en multipliant les bases de données et les fonctions internet associées au service (on peut par exemple déjà lier nos propres carnets d'adresses personnels à Google Maps afin de localiser directement les adresses de nos connaissances et/ou déterminer les itinéraires pour s'y rendre).

L'Institut Géographique National (IGN), créé le 27 juin 1940 à la suite du Service Géographique de l'Armée (SGA), est un Établissement Public à Caractère Industriel et Commercial. Il a pour principale mission d'assurer la cartographie de référence de la France en publiant notamment les cartes géographiques, topographiques et routières de la France sous plusieurs échelles (du 1/25.000ème au 1/250.000ème) ainsi que les plans de villes. Il dispose actuellement de 400.000 clichés de la France pris par avion ou satellite -- renouvellés régulièrement tous les cinq ans -- et de plus de 380.000 cartes établies depuis 1921.

Copyright © Alain Joaquim / republique-des-lettres.fr, Paris, samedi 24 juin 2006. Droits réservés pour tous pays. Toute reproduction totale ou partielle de cet article sur quelque support que ce soit est interdite.
Noël Blandin / La République des Lettres
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