Direct Soir

Direct Soir

Un nouveau quotidien gratuit, le premier de ce type de presse à sortir l'après-midi, fait son apparition le 06 juin dans 15 villes françaises. Publié par l'industriel Vincent Bolloré, il est tiré à 500.000 exemplaires. Quelque 300 crieurs le distribueront gratuitement entre 16H et 19H dans les rues de Paris (environ la moitié du tirage), Lyon, Marseille, Aix en Provence, Avignon, Grenoble, Lille, Roubaix, Saint Etienne, Toulon, Tourcoing, Saint-Denis, Vitrolles, Villeneuve d'Ascq et Villeurbanne.

Baptisé Direct Soir, le journal sera publié en semaine du lundi au vendredi (210 numéros par an). Parmi les 24 à 28 pages format A2 (30x40 cm) imprimées sur les presses de Riccobono, le lecteur trouvera entre les publicités une dizaine de pages de dépêches d'agence de presse consacrées à l'actualité politique, internationale, économique et sportive ainsi que des rubriques centrées sur les people, les loisirs, les sorties et les programmes télé, le tout illustré par de nombreuses photos. L'objectif de l'éditeur est de faire de Direct Soir un journal populaire qui pourra être lu par tout le monde et que les gens rapporteront chez eux après l'avoir trouvé en sortant du travail. En sortant le soir, il se démarque aussi des deux autres journaux gratuits, Metro et 20 Minutes, qui sont eux distribués le matin.

L'équipe rédactionnelle, dirigée par Jean-Christophe Thiery, est celle de Direct 8, chaîne du Groupe Bolloré sur la TNT gratuite, soit une centaine de personnes mises à contribution dont entre autres Philippe Labro (écrivain et journaliste ex-directeur de RTL), Paul Giannoli (ancien patron de Télé 7 Jours et du Journal du Dimanche) et Christian Studer (Directeur de l'antenne de Direct 8). Elle est installée dans la tour Bolloré, à Puteaux, près de Paris. Le publicitaire Jacques Séguéla (vice-président de Havas, dont Vincent Bolloré est le premier actionnaire), concepteur de la maquette via Euro RSCG, ainsi que les équipes commerciales des deux médias devraient également travailler de concert.

Le lancement de Direct Soir bénéfie d'un budget de 20 millions d'euros, dont 5 millions d'euros de publicité la première année, indique Bolloré qui estime que le journal trouvera quelque 2,5 millions de lecteurs au total et un équilibre financier dans 6 ou 7 ans. La holding française Bolloré Investissement, qui a dégagé un bénéfice net de 275 millions d'euros en 2005, s'appuie sur son trésor de guerre pour assurer ce lancement. Un grand annonceur institutionnel devrait en outre acheter massivement des pages de publicité. La société éditrice propriétaire du titre est une société anonyme au capital de 10 millions d'euros, Direct Soir SA, présidée par Vincent Bolloré.

Le projet Direct Soir s'inscrit dans une stratégie plus globale de Bolloré visant à créer un pôle de médias innovants et convergents regroupant à terme une chaîne de télé, une radio et un quotidien, le tout appuyé sur de puissantes régies publicitaires. Le groupe industriel fondé en 1822 et présent dans divers métiers (papiers, emballages, transports, énergies,..) dispose déjà pour cela de plusieurs places fortes dans le secteur de le secteur de la communication, de la publicité et des médias où il s'est beaucoup investi ces dernières années. Outre Direct 8 et son siège de principal actionnaire président d'Havas (deuxième groupe publicitaire français), Bolloré possède notamment des participations dans le britannique Aegis (achats d'espaces publicitaires), Euro Média-SFP (Société Française de Production), la Radio des Nouveaux Talents, Gaumont, etc. Coté en bourse, le holding du groupe Bolloré est à 93,5% familial. Son capital est de 1.357 millions d'euros et son chiffre d'affaires de 5.608 millions d'euros.

Avec Direct Soir, Vincent Bolloré grille quelque peu la politesse à certains groupes de presse qui, après force critiques mais constatant le succès en France de titres pionniers comme Metro (groupe suédois, 29 éditions en 14 langues, tirage de 630.000 exemplaires en France) et 20 Minutes (groupe norvégien, une dizaine d'éditions, tirage de 805.000 exemplaires en France), planchent désormais tous sur des projets de journaux gratuits. Le Figaro et Le Monde, entre autres, tentent actuellement de développer des formules pour capter ce marché juteux qui, avec la télévision et l'internet, va sans doute attirer une large part des ressources publicitaires disponibles dans les prochaines années, ce au détriment de la presse quotidienne généraliste payante dont la diffusion ne cesse de diminuer. Le Monde en particulier, quotidien du soir, se voit ainsi faucher l'herbe publicitaire sous le pied pour son futur réseau d'éditions locales, Ville Plus, réalisé en partenariat avec Lagardère.

Copyright © Eric Frezel / La République des Lettres, Paris, mardi 06 juin 2006. Droits réservés pour tous pays. Toute reproduction totale ou partielle de cet article sur quelque support que ce soit est interdite. Les citations brèves et les liens vers cette page sont autorisés.

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