Théâtre de l'Odéon

Biographie Thomas De Quincey
Thomas De Quincey
De l'Assassinat considéré comme un des Beaux-Arts

Éditions de La République des Lettres
ISBN 978-2-8249-0195-4
Prix : 5 euros
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Théâtre de l'Odéon

Place de l'Odéon à Paris, le majestueux bâtiment néoclassique où l'on n'entrait plus depuis trois ans accueillera bientôt de nouveau les amateurs de théâtre. Les travaux de rénovation du temple historique de l'Odéon-Théâtre de l'Europe abrité derrière ses colonnes et ses arcades sont désormais terminés après une transformation de fond en comble. A l'intérieur, la magnifique salle à l'italienne, totalement rafraîchie, sera inaugurée le 03 avril par le ministre de la Culture Renaud Donnedieu de Vabres accompagné de quelques happy few. Elle sera ensuite totalement ouverte au public qui pourra assister le 27 avril à la première représentation du Hamlet (un songe) de Shakespeare monté par Georges Lavaudant, directeur du théâtre depuis 1996.

Il aura fallu 35 millions d'euros de budget et plus de trois années de travaux pour restaurer et moderniser cet espace qui manquait d'un appareil scénique performant et ne répondait plus aux normes de sécurité et de confort exigées aujourd'hui d'une scène de théâtre nationale. Les travaux, les premiers d'une telle ampleur depuis 1930, ont été effectués par l'Etablissement de Maîtrise d'Ouvrage des Travaux Culturels (EMOC) et dirigés par Alain-Charles Perrot, architecte en chef des monuments historiques, qui a déjà restauré l'Opéra Garnier et qui s'est attaché de nouveau ici à conserver "l'âme" de la salle implantée depuis plus de deux siècles au coeur du quartier latin. Le bâtiment, avec ses impressionnants murs et toit d'origine restitués après consolidation et désamiantage, s'offre de nouveau dans toute sa splendeur. La célèbre salle à l'italienne, désormais climatisée, conserve son cachet velouté rouge "Comédie-Française" sous la fresque aux couleurs vives du plafond peint en 1965 par André Masson. 840 confortables fauteuils -- en place de 900 avant -- sont maintenant disposés sur un sol légèrement en pente afin d'assurer une meilleure visibilité. La scène est quant elle abaissée et agrandie pour atteindre 300 m2 de surface. Des couloirs élargis, des ascenceurs, un vrai vestiaire et même une terrasse avec vue sur le quartier permettront une meilleure déambulation du public lors des entractes. Celui-ci pourra également se rendre au petit foyer gris et or, ex-Théâtre du Petit-Odéon créé en 1967 par Jean-Louis Barrault, transformé maintenant en salon convivial agrémenté d'une librairie, où seront organisés des rencontres-débats et des lectures. Installations techniques, billeterie et appareillage scénique sont bien entendu totalement modernisés et informatisés. L'éclairage, l'ameublement et la décoration sont également soignés, participant à l'harmonie, à l'élégance, à la chaleur et à l'éclat général du lieu.

A noter que la salle Berthier, dans le XVIIème arrondissement de Paris, où le Théâtre de l'Europe donnait ses représentations pendant la fermeture de l'Odéon, continue de fonctionner en parallèle. Elle servira de salle de répétition mais aussi de seconde salle de représentation, dont la programmation s'annonce d'ores et déjà très riche.

C'est Marie-Antoinette qui inaugura en 1782 ce théâtre, "Temple nouveau que la munificience royale vient d'élever à la gloire de l'art dramatique", érigé près du Jardin et du Palais du Luxembourg, en point focal du nouveau quartier de la rive gauche. A l'origine destiné à abriter la Comédie Française il a été édifié par les architectes Peyre et de Wailly dans le style néo-classique à la mode sous les Lumières, avec une façade à colonnes doriques inspirée de Palladio. Par deux fois détruit dans des incendies, en 1799 et en 1818, il a été entièrement reconstruit et est maintenant classé aux Monuments historiques de France.

Le Théâtre National de l'Odéon, appelé aussi Théâtre de l'Europe depuis 1990, a toujours été lié à l'État, quelque soient les divers noms dont il fût affublé au cours de son histoire (Théâtre-Égalité, Théâtre de l'Impératrice, Théâtre-Français,...) avant qu'on lui accole sa référence définitive tirée de la Grèce antique. C'est aujourd'hui l'un des six Théâtres Nationaux (avec la Comédie Française, le Théâtre National de la Colline, le Théâtre National de Chaillot, le Théâtre National de Strasbourg et l'Opéra Comique), et à ce titre placé sous la tutelle du Ministère de la Culture. Son histoire est rythmée d'évènements glorieux, parfois scandaleux, plusieurs fois dramatiques. C'est ici notament que triompha Beaumarchais en 1784 avec Le Mariage de Figaro malgré l'interdiction de Louis XVI, de même que les auteurs romantiques au début du XIXe siècle, Sarah Bernhardt dans les années 1870, puis Antoine, Gémier, Barrault, Strehler, etc. C'est ici aussi que Jean-Louis Barrault prononça en plein mai 1968, dans un bâtiment occupé par les étudiants, la formule qui lui coûta son poste de directeur du théâtre: "L'Odéon est mort".

Mais plus vivant que jamais, le Théâtre de l'Odéon produit encore en 2006 de nombreuses pièces et spectacles créés par les meilleurs auteurs contemporains. Quelque 150 représentations annuelles sont programmées dans sa nouvelle salle rénovée.

Copyright © Jean Bruno / republique-des-lettres.fr, Paris, mardi 28 mars 2006. Droits réservés pour tous pays. Toute reproduction totale ou partielle de cet article sur quelque support que ce soit est interdite.
Noël Blandin / La République des Lettres
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