Google | Twitter | Facebook | RSS | Lettre d'information | Fnac | Kobo | Immatériel | iTunes | Amazon

La République des Lettres

Abdelkébir Khatibi

Abdelkébir Khatibi
Triptyque de Rabat

La République des Lettres
ISBN 978-2-8249-0122-0
Livre numérique (format ePub)
Prix : 5 euros
Disponible chez • AmazoniTunes

Roger Vailland

Écrivain français, Roger Vailland est né à Acy-en-Multien (Oise) le 16 octobre 1907. Son père est géomètre expert.

Il passe la plus grande partie de son enfance à Paris et, à partir de 1919, à Reims, jusqu'en 1925. Il évoquera sa vie de province ("Reims la plate") dans la première partie d'Un jeune homme seul (1951). Il fait la connaissance de Roger Gilbert-Lecomte, Roger Meyrat et René Daumal, et ensemble ils constituent les "Phrères simplistes", groupe qui anticipe celui du Grand Jeu. Ils fondent aussi une petite revue, Apollo, dans laquelle il publie quelques poèmes. Il a comme professeur de philosophie René Maublanc, qui publie l'un de ces poèmes, En vélo, dans sa revue Le Pampre.

De retour à Paris, Roger Vailland poursuit ses études au lycée Louis-le-Grand et à la Sorbonne où il achève une licence de philosophie. Le premier numéro du Grand Jeu sort à l'été 1928, et le groupe est mis en accusation par les Surréalistes au cours d'une séance d'exclusion, le 11 mars 1929. Vailland, qui entre-temps, a débuté dans le journalisme à Paris-Midi, est accusé en particulier d'avoir signé un article faisant l'éloge du préfet de police Chiappe, "l'épurateur de notre capitale".

Dans les années trente, sa vie est mouvementée et instable: voyages, drogue, tentatives d'affaires en Ethiopie, mais il effectue de grands reportages et parle dans ses lettres de poèmes et de nouvelles. Un roman, La Visirova ou des Folies-Bergère jusqu'au trône, est publié en feuilleton dans Paris-Soir (juillet-août 1933). En 1935, il rencontre Andrée Blavette, qu'il épousera l'année suivante. En 1937, il écrit avec Raymond Manevy Un homme du peuple sous la révolution, publié en feuilleton dans Le Peuple. En 1940, sous le nom d'Etienne Merpin, il publie Suède 1940.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, Roger Vailland est soldat à Narbonne. À l'armistice, il s'installe à Chavannes sur Reyssouze (Ain), près de Lyon et entre dans la Résistance en 1943. Coupé de son réseau, il écrit en 1945 Drôle de jeu, qui relate en partie son expérience de la guerre et jette un regard souvent cynique sur les évènements de l'Occupation. Le roman obtient le Prix Interallié. À la Libération, il devient journaliste à Libération et à Action. Il publie des récits de guerre: La Bataille d'Alsace (1945), Léopold III devant la conscience belge (1945), et un premier essai philosophique, Quelques réflexions sur la singularité d'être Français (1946), dans lequel il décrit un des personnages clés de son oeuvre, "l'amateur" ou "homme de qualité", celui qui n'est pas contraint par la nécessité.

Au cours des dix années suivantes, Roger Vailland écrit de nombreux articles dans la presse communiste ou de gauche. Il continue à publier des essais à caractère philosophique ou socio-politique et écrit un pamphlet contre les Surréalistes, Le Surréalisme contre la révolution (1947). Il rompt définitivement avec sa femme en 1947. Sa première pièce, Héloïse et Abélard, est représentée la même année.

Son second roman, Les Mauvais Coups, paraît en 1948. En 1949, il rencontre Elisabeth Naldi, qu'il épousera en 1954. Le journal intime de cette période (Écrits intimes, édition posthume, 1968) révèle des moments de désespoir et une tension croissante entre sa vie privée et la discipline impliquée par ses convictions politiques, qui se reflète dans Bon pied bon oeil (1950), roman des "adieux à la bourgeoisie". En 1952, il devient membre du Parti Communiste Français (après une première demande d'adhésion restée sans réponse en 1943). Dans son quatrième roman, Un jeune homme seul, qui, comme le précédent, illustre son engagement, il décrit le passage d'une vie individuelle et solitaire à celle de la collectivité et de la responsabilité politique. À Paris, en 1952, sa pièce contre la guerre au Vietnam, Le Colonel Foster plaidera coupable (1951), est interdite après une première représentation.

Roger Vailland exprime son admiration pour le libertin dans Laclos par lui-même (1953) et publie un essai, Expérience du drame (1953), qui, bien qu'il traite essentiellement du théâtre, est une contribution significative au débat des années '50 sur le réalisme socialiste. Il écrit deux romans: Beau Masque (1954) et 325000 francs (1955), publiés en feuilleton dans L'Humanité, dans lesquels il traite des problèmes de l'ouvrier exploité dans une société capitaliste. La structure de 325000 francs évolue d'une manière nettement dramatique. En 1963, il présentera cet ouvrage comme "le meilleur de [ses] romans, vrai rêve, rêve vrai, une vraie histoire qui peut être interprétée totalement par Freud, par Marx, et encore par bien d'autres, et qui a toutes les faces possibles de la réalité".

Profondément marqué par la mort de Staline en 1953, il est cruellement secoué par les révélations de Khrouchtchev en 1956. Roger Vailland se retire alors en Italie où il écrit La Loi (Prix Goncourt 1957). Il signe une protestation contre l'invasion soviétique de la Hongrie, mais reste au Parti Communiste, dont il se retirera "sur la pointe des pieds" en 1959. Son admiration pour l'individu seul, dominateur et manipulateur, s'exprime dans le personnage de Don Cesare dans La Loi, et d'une façon plus évidente encore dans d'autres écrits tels que son Éloge du Cardinal de Bernis (1956) et sa troisième pièce de théâtre, Monsieur Jean (1959).

Pendant les dernières années de sa vie, Roger Vailland s'intéresse aux arts plastiques (sculptures de Coulentianos, tableaux de Soulages) et au cinéma. Il travaille avec plusieurs cinéastes, en particulier avec Roger Vadim pour une adaptation des Liaisons dangereuses de Choderlos de Laclos (1959). Dans La Fête (1959), il examine à nouveau la notion de "souveraineté" et de "gouvernement de soi-même", mais dans un contexte sexuel et artistique. L'histoire, en partie autobiographique, est celle d'une séduction banale, mais le fait qu'à la fin l'écrivain révèle que le héros est lui-même l'auteur de La Fête (comme Rieux est celui de La Peste d'Albert Camus) suggère qu'il essaie aussi d'analyser l'autonomie ou la singularité de l'oeuvre elle-même.

Il reprend d'ailleurs ce thème dans son dernier roman, La Truite (1964), où il est en même temps narrateur et personnage observé, et où son personnage de Frédérique ("vierge magnifique, vierge royale, vierge redoutable") est l'incarnation la plus aboutie de toute une série de jeunes femmes dans son oeuvre. Dans ce roman, il analyse aussi les limites du langage. Ses écrits intimes du début des années '60, où règnent résignation et désillusion, renvoient régulièrement à ces questions. Mais malgré la direction de ses derniers romans, il n'a jamais perdu l'ambition d'écrire un grand roman politique. Son dernier article, "Éloge de la politique" (Le Nouvel Observateur, 26.11.1964), suggère qu'il est sur le point de s'engager de nouveau. Mais, atteint d'un cancer, Roger Vailland meurt le 12 mai 1965, à l'âge de 58 ans.

Copyright © John Flower / La République des Lettres, Paris, dimanche 21 avril 2013. Droits réservés pour tous pays. Toute reproduction totale ou partielle de cet article sur quelque support que ce soit est interdite.

Abonnement à la Lettre d'info

Google | Twitter | Facebook | RSS | | Fnac | Immatériel | Kobo | iTunes | Amazon
Copyright © Noël Blandin / La République des Lettres, Paris, dimanche 21 avril 2013
Siren: 330595539 - Cppap: 74768 - Issn: 1952-4307 - Inpi: 93483830
Catalogue des éditions de la République des Lettres
Brève histoire de la République des Lettres
A propos de la République des Lettres