Louis Guilloux

Né à Saint-Brieuc le 15 janvier 1899, Louis Guilloux est issu d'une famille très modeste.

Il vit son enfance dans un milieu militant: son père, cordonnier, est secrétaire de la section socialiste de la ville. Boursier, il entreprend avec succès des études secondaires. Il lit Jean-Jacques Rousseau, Jules Vallès, Romain Rolland et commence ses premiers essais littéraires. En 1915, il a comme professeur de philosophie Georges Palante, avec qui il entretiendra une correspondance suivie jusqu'au suicide de ce dernier en 1925 (voir Souvenirs sur Georges Palante, 1931).

De 1916 à 1918, Louis Guilloux est maître d'internat au lycée de Saint-Brieuc, puis abandonne ses études et exerce divers petits emplois: comptable, voyageur de commerce, répétiteur au collège Gerson à Paris. Il entre ensuite au journal L'Excelsior, puis à L'Intransigeant, où il est lecteur d'anglais. Il se marie en 1924.

La fréquentation de Daniel Halévy, Max Jacob, André Chamson, Jean Guéhenno le décide à se consacrer à la littérature. En 1927, La Maison du peuple évoque son enfance et la figure de son père militant socialiste. Suivront d'autres romans et récits. Dossier confidentiel (1930) rappelle l'adolescence révoltée de Louis Guilloux. Compagnons (1931) est le récit dépouillé de la mort d'un ouvrier plâtrier. Hyménée (1932) évoque les amours de l'adolescence, tandis qu'Angelina (1934) s'inspire de la jeunesse de sa mère.

Louis Guilloux refuse d'être classé parmi les écrivains prolétariens ou populistes, pas plus qu'il n'accepte de s'inscrire à un parti politique. Revenu à Saint-Brieuc à partir de 1930, il prend néanmoins part aux luttes sociales bretonnes et devient un compagnon de route du parti communiste. Résolument antifasciste, il accepte le secrétariat du Congrès international des écrivains pour la défense de la culture (juin 1935).

Cette même année paraît Le Sang noir: sur fond de révolution bolchevique et de mutinerie, ce roman raconte vingt-quatre heures de la vie d'un médiocre professeur de philosophie surnommé Cripure, misanthrope douloureux et contrefait, victime d'une société hargneuse et grotesque. En 1936, paraissent des nouvelles: Histoire de brigands. Il accompagne André Gide et Eugène Dabit en URSS. Il en revient déçu et choqué par les procès politiques, mais refuse de se prononcer publiquement.

En 1937, Louis Guilloux tient la page littéraire de Ce Soir. Responsable du Secours Rouge International à Saint-Brieuc de 1935 à 1940, il aide les réfugiés espagnols. Le Pain des rêves (1942, Prix Populiste) propose une transposition de l'enfance pauvre et rêveuse de l'auteur: le narrateur fait l'apprentissage de la vie entre la présence ferme et bienveillante de son courageux grand-père et Zabelle, sa fantasque cousine. Il passe le temps de la guerre à Saint-Brieuc et contribue à l'unification de la Résistance communiste et non communiste.

À la Libération, Louis Guilloux est interprète auprès de l'armée américaine et adhère au Front national. Le Haut-Commissariat aux réfugiés lui confie une mission concernant les personnes déplacées en Allemagne et en Italie. Le Jeu de patience (1949) est récompensé par le prix Renaudot. Cette oeuvre, qui tient du journal intime, du roman et du reportage, est une somme qui orchestre les grands thèmes qui lui sont chers et où se croisent les destinées des personnages de ses romans précédents.

Dans les années cinquante, il travaille pour la radiodiffusion et pour la télévision naissante. Il poursuit son oeuvre avec Absent de Paris (1952), Parpagnacco ou la Conjuration (1954), roman d'aventures vénitiennes, puis renoue avec la chronique sociale. Les Batailles perdues (1960), roman foisonnant qui rappelle Le Jeu de patience, évoque, à travers l'itinéraire d'une foule de gens, les luttes ouvrières de la fin de 1934 à l'été 1936. La Confrontation (1967), sous forme d'enquête policière, est l'histoire d'un homme à la recherche de son passé.

Louis Guilloux reçoit le Grand Prix international des Lettres en 1967, pour l'ensemble de son oeuvre. C'est l'année où est créée Cripure (au Théâtre du Cothurne à Lyon), adaptation scénique du Sang noir. En 1969, il devient membre du jury du Prix Max Jacob. Il publie encore quelques récits: Salido (sur le destin d'un réfugié espagnol), O.K. Joe (sur les décisions iniques d'un tribunal militaire américain à la Libération) en 1976, Coco perdu en 1978. Il laisse également des chroniques autobiographiques: Carnets 1921-1944 (1978), Carnets 1944-1974 (édition posthume, 1982), L'Herbe d'oubli (édition posthume, 1984) et de nombreuses traductions de romanciers anglo-saxons comme G. K. Chesterton, Cecil Scott Forster, Margaret Kennedy, Claude McKay ou encore John Steinbeck.

Louis Guilloux meurt dans sa ville natale de Saint-Brieuc le 14 octobre 1980, à l'âge de 81 ans.

Copyright © Mélanie Wolfe / republique-des-lettres.fr, Paris, mercredi 3 août 2016. Droits réservés pour tous pays. Toute reproduction totale ou partielle de cet article sur quelque support que ce soit est interdite.
Noël Blandin / La République des Lettres
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