Google | Twitter | Facebook | Blog | Lettre d'information | Fnac | Kobo | iTunes | Amazon

La République des Lettres

Rainer Maria Rilke

Rainer Maria Rilke
Lettres à un jeune poète

La République des Lettres
ISBN 978-2-8249-0207-4
Livre numérique (format ePub)
Prix : 5 euros
Disponible chez • Fnac • Amazon • Kobo • iTunes

Dominique Strauss-Kahn

Dominique Strauss-Kahn est né le 25 avril 1949 à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine). Son père, Gilbert Strauss-Kahn est Conseiller juridique et fiscal, sa mère, Jacqueline Fellus, est journaliste et assureur. En 1955, la famille s'installe à Agadir (Maroc) mais elle quitte le pays en 1960 à la suite d'un tremblement de terre. Elle séjourne quelques années à Monaco, où le jeune Dominique rencontre en 1967, en classe de terminale, sa première femme, Hélène Dumas, avant de rejoindre Paris.

Après le Lycée de Monaco et le Lycée Carnot de Paris, Dominique Strauss-Kahn intègre à l'automne 1968 l'École des Hautes Études Commerciales (HEC), puis l'Institut d'Études Politiques (IEP) et l'Institut de Statistiques de l'Université de Paris (ISUP). Il décroche une Licence en droit public ainsi qu'un doctorat et une agrégation en sciences économiques, mais il est recalé au concours d'entrée à l'École Nationale d'Administration (ENA). Sa thèse de doctorat ès sciences économiques, intitulée Économie de la famille et accumulation patrimoniale (Éditions PUF, 1977), est inspirée par les travaux de l'économiste néo-libéral Gary Becker, théoricien du "capital humain". Pour sa thèse complémentaire, il planche sur "Imposition et équité: une approche du bénéfice".

À partir de 1973, il s'occupe d'épargne au Centre de Recherches sur l'Épargne (CREP), dirigé par André Babeau à l'université de Nanterre. De 1977 à 1980, il enseigne l'économie comme Maître de conférences à l'Université de Nancy II tout en occupant parallèlement un poste de Conseiller scientifique auprès de l'Institut National de la Statistique et des Etudes Économiques (INSEE). En 1997, il publie deux livres: La richesse des Français et Economie de la famille et accumulation patrimoniale.

En 1981, Dominique Strauss-Kahn prend la direction du Centre d'Études et de Recherches sur l'Épargne (CEREPI) du CNRS. Il y travaille avec Denis Kessler, qui deviendra plus tard l'un des grands patrons des sociétés françaises d'assurance (PDG notamment du groupe d'assurance SCOR), vice-président du MEDEF et, en 2008, Président du très select club de rencontres des élites françaises Le Siècle. Les deux hommes publieront ensemble en 1982 L'épargne et la retraite (Éditions Economica).

Entre-temps, après un court passage au CERES de Jean-Pierre Chevènement et Georges Sarre, Dominique Strauss-Kahn commence à militer au Parti Socialiste où il se lie d'amitié avec Lionel Jospin, futur Premier Secrétaire du parti lorsque François Mitterrand deviendra Président de la République en 1981. En 1982, il intègre le Commissariat général au Plan dont il deviendra successivement Chef du service du financement (1982-84) puis Commissaire général adjoint (1984-86).

En 1983, Dominique Strauss-Kahn entame véritablement sa carrière politique au sein du Parti Socialiste dont il devient Membre du comité directeur. Il donne parallèlement des cours d'Économie à l'Université de Paris X-Nanterre, à HEC, à l'ENA et à l'IEP de Paris. Il noue de nombreux liens amicaux dans le monde des affaires, notamment avec Claude Bébéar, Michel Pébereau, Louis Schweitzer et Yvette Chassagne, présidente de l'UAP. Il quitte Hélène pour épouser Brigitte Guillemette, directrice du Groupe de communication Corolle PR, qui lui donne une fille, Camille, en 1986, avant de divorcer en 1989.

En 1986, le PS le parachute dans une circonscription de Haute-Savoie mais il est rejeté par les militants locaux. Paris parvient toutefois à l'imposer et il est élu député de Haute-Savoie. Il n'y reste pas longtemps. Deux ans plus tard, en 1988, il se fait élire Député de la 8e circonscription du Val d'Oise (Sarcelles), où vit une importante communauté juive qui elle le soutient activement. De 1988 à 1991 il préside la Commission des finances de l'Assemblée Nationale. En charge des finances du PS, il devient Secrétaire national du parti, chargé des études et du programme (1986-1988), puis de l'économie et des finances (1988-1989).

En 1991, il est nommé Ministre délégué à l'Industrie et au Commerce extérieur auprès du ministre de l'Economie et des Finances dans le gouvernement d'Edith Cresson. La même année il épouse en troisième noces la journaliste de télévision Anne Sinclair-Rosenberg, petite-fille héritière du richissime marchand d'art Paul Rosenberg, ex-épouse du journaliste Ivan Levaï avec qui elle a eu deux enfants (David et Elie), et animatrice de l'émission politique Sept sur Sept sur TF1. Malgré les deux premiers mariages de DSK avec des non-juives, la cérémonie religieuse est assurée au domicile du couple par le rabbin orthodoxe de Sarcelles.

En 1992, il conserve son portefeuille de ministre délégué dans le nouveau gouvernement de Pierre Bérégovoy mais il le perd l'année suivante, en même temps que son siège de Député, lors des élections législatives. Il s'inscrit alors au Barreau de Paris, crée le Cabinet DSK Consultants et exerce comme avocat d'affaires dans le privé. Il traite de multiples "dossiers confidentiels" qui lui assurent à l'époque de très hauts revenus, selon Vincent Giret et Véronique Le Billon, auteurs des Vies cachées de Dominique Strauss-Kahn.

Michel Rocard, nouveau Premier Secrétaire du Parti Socialiste, lui confie la présidence du "Groupe des Experts du PS". En 1994, entré au "Cercle de l'Industrie" à la demande de Raymond Lévy, alors PDG de Renault, il en devient le vice-président et y cotoie nombre de grands patrons amis de Nicolas Sarkozy comme entre autres Vincent Bolloré et Louis Schweitzer. Installé à Bruxelles, le lobby qu'il dirige a pour mission de défendre les intérêts des grands groupes industriels auprès des instances européennes. C'est le Cercle de l'industrie qui lui paie entre autres petits cadeaux sa secrétaire, son chauffeur et une voiture.

En 1995, Dominique Strauss-Kahn est élu maire de Sarcelles. En 1997, il est réélu Député du Val-d'Oise et devient Ministre de l'Economie, des Finances et de l'Industrie dans le gouvernement de Lionel Jospin. Il devient également Conseiller régional d'Ile-de-France aux côtés de Jean-Paul Huchon (fonction qu'il occupera jusqu'en 2001).

Lors de son mandat de Ministre des finances, il mène une politique clairement marquée à droite, voire sarkozyste avant l'heure. Il met en place une vague massive de privatisations d'entreprises publiques -- dont celle de France-Telecom, du Crédit Lyonnais, d'Arcelor, de Thomson, du GAN et d'Aérospatiale -- il s'oppose aux 35 heures, initie la création du COR dont l'objectif est de réviser le système des retraites et abroge la loi Thomas sur la régulation des Fonds de pension.

En 1999, il doit abandonner son fauteuil ministériel après avoir été mis en cause dans plusieurs affaires judiciaires, dont celle sur les emplois fictifs et l'enrichissement personnel des dirigeants de la Mutuelle Nationale des Étudiants de France (MNEF). Un épisode du dossier Elf lié au Cercle de l'Industrie vient s'ajouter à ses déboires judiciaires. Il est aussi accusé d'avoir échangé une cassette vidéo mettant en cause un collecteur de fonds du RPR, Jean Claude Mery, contre une remise de 50 millions de francs de pénalités de fiscales au couturier Karl Lagerfeld, puis d'avoir ensuite menti à la Justice en déclarant qu'il avait "égaré" la cassette. Le Procureur de Paris proposera, en vain, le renvoi de l'ex-ministre des finances devant la Cour de justice de la République.

Avant même son départ de Bercy, de nombreuses grandes entreprises lui proposent du travail. Il reprend son activité d'avocat lobbyiste, devient Président du Comité national pour le passage à l'an 2000 et du Comité d'orientation scientifique de la Fondation Jean-Jaurès, Conseiller spécial de l'OCDE et Directeur de recherche à la Fondation Nationale des Sciences Politiques (FNSP).

Après un non-lieu prononcé en 2001, il publie un livre de campagne, La Flamme et la Cendre (2002), se représente à une législative partielle et regagne en 2002 son siège de député de la 8e circonscription du Val-d'Oise. À l'Assemblée Nationale, il est inscrit dans le groupe Socialiste, Radical, Citoyen et Divers gauche (SRC) et participe aux travaux de la Commission des Affaires étrangères. Oui ! Lettre ouverte aux enfants d'Europe, est publié en 2004. L'année suivante, il redevient Secrétaire national du PS, chargé des élus, et travaille notamment avec Martine Aubry et Jack Lang au projet socialiste pour les élections présidentielles de 2007. Un nouveau livre de campagne, 365 jours, journal contre le renoncement, sort en 2006. Il préconise pour la France une sorte de nouveau deal négocié avec les travailleurs afin de doper la croissance économique.

Aux côtés de Jean-Christophe Cambadélis, il prend la direction du courant "Socialisme et démocratie", fonde le cercle de réflexion "À gauche en Europe" et défend activement le "Oui" au projet de Traité de Constitution européenne. La même année il crée un blog et annonce officiellement être "candidat à la candidature" pour représenter le PS aux élections présidentielles mais il est largement battu lors des primaires socialistes de 2006. Ségolène Royal, avec plus de 60% des suffrages recueillis contre seulement 20%, lui inflige un échec cuisant.

La même année, un livre de Christophe Deloire et Christophe Dubois, Sexus Politicus (Éditions Albin Michel), décrit DSK comme un séducteur invétéré qui, selon des rapports de police, fréquenterait régulièrement les Chandelles, une boîte de rencontres libertines du 1er arrondissement de Paris.

Après l'élection de Nicolas Sarkozy à la Présidence de la République, Dominique Strauss-Kahn, qui avoue après coup ne pas adhèrer au programme officiel du PS, appelle les militants socialistes à s'engager résolument vers une voie plus européenne et plus libérale. Dans l'un de ses ouvrages, il exhorte même le PS à abandonner définitivement la défense du prolétariat pour accéder au pouvoir.

En juin 2007, Dominique Strauss-Kahn se représente à l'élection législative dans la huitième circonscription du Val-d'Oise. Sa rivale UMP, l'avocate Sylvie Noachovitch, crée la surprise lors du du premier tour en arrivant en tête avec 37,37% des suffrages. La semaine suivante, le Canard enchaîné et un journaliste de RTL, Nicolas Poincaré, révèlent qu'elle aurait tenu en privé des propos racistes particulièrement nauséabonds. DSK remporte l'élection haut la main lors du second tour (Nicolas Poincaré, poursuivi en justice par Sylvie Noachovitch, sera lui condamné par la Cour d'appel de Paris à verser à cette dernière 1 euro de dédommagement pour avoir rapporté ses propos litigieux sans preuve).

La même année, dans 93 Faubourg Saint-Honoré, une émission télévisée de Thierry Ardisson, une jeune journaliste, Tristane Banon -- fille d'Anne Mansouret, conseillère générale de l'Eure et vice-présidente PS de la région Haute-Normandie, qui confirme les faits --, raconte avoir été agressée sexuellement par DSK en février 2003. Ce dernier lui aurait fait des avances de plus en plus pressantes lors d'un rendez-vous pour un entretien et elle a du lutter pour s'enfuir, affirme-t-elle, le décrivant comme un "chimpanzé en rut": "Ça s'est fini très très violemment, je lui ai dit clairement non, on s'est battus au sol, pas qu'une paire de baffes, moi j'ai donné des coups de pieds, il a dégrafé mon soutien-gorge, il a essayé d'ouvrir mon jean..." La jeune femme explique n'avoir pas ébruité l'incident à l'époque, par manque de preuves matérielles et par peur des représailles de l'entourage de Dominique Strauss-Kahn. Le nom de ce dernier est bipé lors de la diffusion de l'émission sur la chaîne Paris Première. Quelques mois plus tard, la députée Aurélie Filipetti fait elle aussi l'objet d'une tentative de drague "très lourde, très appuyée", et s'arrangera ensuite pour ne plus se retrouver seule avec DSK.

À la fin de l'année 2007, activement soutenu par Nicolas Sarkozy et Jean-Claude Juncker (Président de l'Eurogroupe), Dominique Strauss-Kahn succède à Rodrigo de Rato à la tête du Fond Monétaire International (FMI), avec un salaire annuel de 315.000 euros plus 75.000 euros de frais de fonction, soit plus de 32.000 euros par mois.

Nommé pour cinq ans à ce poste, il promet de relégitimer l'institution dont la mission est de prêter de l'argent aux pays pauvres en échange de programmes économico-politiques ultralibéraux. Il prône une accélération de la mondialisation financière et souhaite que le FMI et la Banque mondiale coiffent plus largement les pays en voie de développement.

Jean Quatremer, journaliste à Libération, est à l'époque le seul journaliste à oser parler du problème pathologique de DSK avec les femmes. Sur son blog, il écrit: "Le seul vrai problème de Strauss-Kahn est son rapport aux femmes. Trop pressant, il frôle souvent le harcèlement. Un travers connu des médias, mais dont personne ne parle (on est en France)." Moins d'un an après son arrivée au FMI, il fait l'objet d'un scandale comparable à celui qui a abrégé la carriére de Paul Wolfowitz (bras droit de George W. Bush et ancien dirigeant de la Banque Mondiale).

Il est en effet soupçonné d'avoir puisé dans les caisses du FMI pour favoriser son ex-collaboratrice, une certaine Piroska Nagy, devenue sa maitresse. Il ne nie pas cette relation adultère et présente publiquement ses excuses à son épouse et au personnel du FMI mais nie tout abus de pouvoir. Une lettre de Piroska Nagy aux enquêteurs laisse planer le doute sur la nature de leur relation: "Je n'étais pas préparée aux avances du directeur général du FMI. [...] J'avais le sentiment que j'étais perdante si j'acceptais, et perdante si je refusais. [...] Je crains que cet homme n'ait un problème qui, peut-être, le rend peu apte à diriger une organisation où travailleraient des femmes", écrit-elle. Nonobstant, Nicolas Sarkozy et de nombreuses personnalités françaises de droite se mobilisent pour défendre DSK. Quelques jours plus tard, après une enquête expresse, le FMI publie un communiqué qui "innocente" son directeur, tout en soulignant toutefois qu'il a commis des actes "regrettables reflétant une grave erreur de jugement".

Malgré son appartenance au Parti Socialiste, Dominique Strauss-Kahn est incontestablement un homme de droite, néo-conservateur et ultra-libéral. Grand bourgeois proche du patronat et de la Haute Finance, ses propositions, que ce soit en matière de politique sociale, économique ou étrangère, sont très proches de celles de Nicolas Sarkozy.

Dans un entretien croisé avec ce dernier (publié fin 2006 par la revue Le Meilleur des Mondes, organe des néoconservateurs français dirigée par son ami Michel Taubmann), il s'est exprimé sur ces sujets en s'affichant très proche des doctrines sarkozystes, notamment en matière de communautarisation de la vie publique française.

Lors de la crise financière mondiale de 2008, les deux hommes s'expriment de la même façon, préconisant le sauvetage urgent des banques fautives et un contrôle accru des activités financières. Nicolas Sarkozy ne cache pas alors que son "ami de gauche" pourrait entrer au gouvernement s'il le souhaitait, ou participer à son équipe de conseillers aux côtés de l'ultralibéral Alain Minc, proche des deux hommes.

À l'occasion, DSK n'hésite d'ailleurs pas à lui donner quelques coups de main, comme entre autres sur le sujet de l'âge du départ à la retraite, une "réforme" brutale imposée par Nicolas Sarkozy dans la précipitation et sans aucune négociation. En mai 2010, DSK prend notamment ses distances sur le sujet avec le Parti Socialiste en estimant qu'il n'y a "pas de dogme établi" et que puisqu'on "vit cent ans, on ne va pas continuer à avoir la retraite à 60 ans" (Interview sur France 2 du 20/05/2010). Quelques mois plus tard, à l'automne 2010, alors que les syndicats -- soutenus par plus de 70% des Français -- organisent grèves et manifestations, un très opportun rapport du FMI largement exploité par l'Elysée préconise "une hausse de deux ans de l'âge légal de la retraite".

En novembre 2010, reçu à l'Elysée par Nicolas Sarkozy dans le cadre de consultations pour la présidence française du G20, le président du FMI félicite chaleureusement son hôte, jugeant son programme "ambitieux" et "prometteur" et estimant que le rôle du FMI était désormais de de servir de boîte à outils au G20. De son côté, Nicolas Sarkozy déclare dans une intervention à la télévision, qu'il a "beaucoup de considération" pour Dominique Strauss-Kahn et qu'il fait "parfaitement son travail".

Concernant le Proche-Orient, après avoir soutenu la guerre américaine contre l'Irak, Dominique Strauss-Kahn est partisan d'une attaque militaire contre l'Iran. Juif pratiquant et communautariste, militant sioniste et fervent lobbyiste pro-israélien -- autres points de convergence avec Nicolas Sarkozy -- il défend systématiquement les crimes commis par Israël dans les conflits du Proche-Orient.

Entretenant des relations plus qu'étroites avec le régime d'apartheid israélien, il remplace même en janvier 2011 le chef de l'Etat juif (Moshe Katsav, inculpé de viol) pour prononcer le discours d'ouverture de la Xe conférence d'Herzlia sur la sécurité d'Israël, aux côtés du général Danny Rothschild et du Premier ministre Benjamin Netanyahou.

Lors d'un entretien au mensuel Passages en 1991, il n'hésite pas à déclarer: "Je considère que tout Juif dans la diaspora, et donc en France, doit partout où il le peut apporter son aide à Israël. C'est pour ça d'ailleurs qu'il est important que les Juifs prennent des responsabilités politiques [...] car, on ne peut pas à la fois se plaindre qu'un pays comme la France, par exemple, ait dans le passé et peut-être encore aujourd'hui, une politique par trop pro-arabe et ne pas essayer de l'infléchir par des individus qui pensent différemment en leur permettant de prendre le plus grand nombre de responsabilités. En somme, dans mes fonctions et dans ma vie de tous les jours, au travers de l'ensemble de mes actions, j'essaie de faire en sorte que ma modeste pierre soit apportée à la construction de la terre d'Israël".

Sans se déclarer officiellement candidat, Dominique Strauss-Kahn, même tenu par le devoir de réserve de sa fonction dont le mandat court jusqu'à l'automne 2012, ne cache pas qu'il souhaite se présenter à l'élection présidentielle d'avril 2012. À cet effet, son équipe de communication issue de Euro RSCG (entre autres Stéphane Fouks, Ramzy Khiroun et Gilles Finchelstein) crée régulièrement le buzz dans les médias nationaux afin de préparer l'opinion française à sa candidature.

Au printemps 2010, une impressionante couverture médiatique est ainsi consacrée au patron du FMI et d'innombrables vrai-faux sondages aux questions truquées le présentent artificiellement comme le candidat de gauche favori des Français, loin devant Martine Aubry et Ségolène Royal. L'establishment politico-médiatico-économique présente l'ultralibéral Dominique Strauss-Kahn comme le plus "crédible" des représentants de "la gauche social-démocrate", le seul "socialiste" réellement capable de remplacer Nicolas Sarkozy à l'Elysée en 2012. Deux quotidiens jadis "de référence", Le Monde et Libération, se révèlent à l'occasion être les meilleurs fans du futur candidat, le second allant même jusqu'à diaboliser son adversaire du Front de Gauche, Jean-Luc Mélenchon, présenté à la Une du 26 janvier 2011 comme "l'homme qui veut faire perdre DSK".

Deux livres sortent également en librairie dès le printemps 2010, DSK-Sarkozy, le duel d'Alexandre Kara et Philippe Martinat (Éditions Max Milo), et surtout un pseudo-livre critique avec vrai-faux procès à la clé, DSK, Les secrets d'un présidentiable (Éditions Plon), signé du pseudonyme de Cassandre mais à l'évidence concocté par son entourage. Pour lui donner de la stature et créer l'effervescence autour de sa personne, pas moins de cinq autres essais biographiques et un documentaire de Nicolas Escoulan pour Canal+ sont en outre programmés pour alimenter le discours médiatique au cours de l'année 2011.

La première de ces hagiographies téléguidées, DSK au FMI, enquête sur une renaissance, de Stéphanie Antoine (Éditions du Seuil), sort en librairie à la mi-février 2011. Au moment même où le directeur du FMI effectue un passage très médiatique à Paris dans la cadre d'une rencontre avec les ministres des Finances des pays du G20. La droite, avec une polémique artificielle, et son épouse Anne Sinclair, en déclarant qu'elle ne "souhaite pas qu'il fasse un second mandat" au FMI, se joignent aux efforts de son équipe de communication. Le roman vrai de Dominique Strauss-Kahn, un éloge panégyrique complaisamment rédigé par son ami néocon Michel Taubmann (Éditions du Moment), suit début mai. Sont annoncés Un inconnu nommé DSK du journaliste sarkozyste Claude Askolovitch (Éditions Grasset), et DSK l'anti-candidat de l'ancien journaliste sportif Jean-Pierre Gonguet (Éditions Hugo & Cie).

À la même période, un pacte -- non-officiel mais bel et bien réel selon tous les observateurs de la vie politique -- est conclu avec Martine Aubry et Laurent Fabius pour qu'il reste au final seul candidat à l'investiture socialiste pour la présidentielle de 2012.

Malgré cette vaste opération de propagande continue visant à entretenir le suspense, la cote de popularité de Dominique Strauss-Kahn s'effrite régulièrement dans l'opinion. À la mi-février 2011, un sondage Ipsos pour Le Point le classe ainsi à la sixième place chez les sympathisants socialistes, loin derrière Martine Aubry et François Hollande.

En réalité, s'il jouit d'une certaine popularité au sein de la communauté juive, de la droite, de la gauche caviar sarko-compatible, des médias et de la "France d'en haut" -- celle de la bourgeoisie opulente, de la haute finance et des élites de la mondialisation -- Dominique Strauss-Kahn semble loin de faire l'unanimité dans les milieux populaires. Dans son propre camp tout semble au contraire montrer qu'il risque un sérieux échec s'il se présente aux primaires socialistes. Le peuple de gauche ne se voit pas vraiment porter à l'Elysée ce frère siamois de Nicolas Sarkozy, partisan assumé de la globalisation néolibérale, candidat des marchés, ami des banquiers et patron d'un FMI ultra-capitaliste dont les plans d'austérité, imposés par la force à de nombreux pays de la planète (cf le plan de rigueur grec), entraînent partout la suppression des acquis sociaux et un surcroît de misère.

DSK, patron de ce FMI honni par les peuples, n'hésite d'ailleurs pas à en rajouter dans la provocation, nommant par exemple en octobre 2010 l'économiste portugais Antonio Borges à la tête de son département Europe, en dépit du fait que ce dernier était l'un des responsables de la banque d'affaires Goldman Sachs, en partie responsable de la crise financière mondiale de 2008. En mars 2011, la presse révèle également que, un semaine après le début des émeutes en Lybie, il finalisait encore lui-même un rapport du FMI se réjouissant de la politique économique menée par le Colonel Kadhafi, lui conseillant seulement de "privatiser plus vite les banques et le marché local des capitaux".

Début mai 2011, à la suite d'une photo le montrant circulant à Paris dans la luxueuse Porsche (modèle Panamera S Hybride) de son conseiller en communication Ramzi Khiroun (ancien de l'agence de publicité et de communication EuroRSCG, aujourd'hui porte-parole du groupe Lagardère) pour chercher un local de campagne, la presse épingle son train de vie très "bling-bling": maison de 380 m2 avec vue sur le fleuve Potomac à Washington, appartements parisiens de 240 m2 Place des Vosges et de six pièces sur une avenue huppée du XVIe arrondissement, somptueux riad à Marrakech (à deux pas du palais de son grand ami Bernard-Henri Lévy), collections d'oeuvres d'art, lourds bijoux portés avec ostentation par sa femme, costumes sur mesure de 5.000 à 25.000 euros pièce, etc. Au total, la fortune du couple Strauss-Kahn / Sinclair est évaluée à quelque 50 millions d'euros.

Le 10 mai, le patron du FMI est honoré du "Prix Gérard du Queutard", distinction décernée par les Gérard de la politique ("ce qui se fait de pire en politique"), en raison de sa réputation d'obsédé sexuel.

Distinction prémonitoire ? quatre jours plus tard, le 14 mai 2011, éclate l'affaire Dominique Strauss-Kahn. Le président du FMI est arrêté à l'aéroport JFK de New York et inculpé "d'agression sexuelle, de séquestration de personne et de tentative de viol" par la justice américaine à la suite d'une plainte déposée par une femme de chambre de l'hôtel Sofitel de Manhattan, Nafissatou Diallo, jeune guinéenne de 32 ans installée depuis sept ans aux Etats-Unis. Elle serait entrée dans la suite 2806 pour la nettoyer juste avant midi, après qu'un room lui ai dit qu'elle était vide, mais DSK, dont elle ne connaissait pas l'identité, serait sorti complètement nu de la salle de bain. Elle se serait excusée et aurait tenté de faire demi-tour, mais le patron du FMI a fermé la porte et l'a emmené de force au fond de la suite où il l'aurait obligée à lui faire une fellation, selon l'acte d'accusation. Parvenant à s'échapper, elle est découverte par ses collègues dans un couloir juste après 12H30, traumatisée et inquiète de perdre son travail. Mise au courant de l'affaire, la direction de l'hôtel interroge l'employée et décide d'appeler la police vers 13H30. Le président du FMI, qui a entre-temps quitté les lieux pour se rendre à l'aéroport, est localisé par la police via un appel sur son téléphone portable. Il est arrêté dans un avion en partance pour Paris 10 mn avant le décollage.

Présenté le 16 mai devant un tribunal, après 30 heures d'interrogatoire dans un commissariat de Harlem, ses avocats plaident "Non coupable" et demandent sa remise en liberté conditionnelle. Suivant l'avis du parquet de New York, la juge Melissa Jackson refuse de le relâcher en raison d'un rapport de police accablant contre lui, et surtout en raison du risque de fuite hors des Etats-Unis. Il est incarcéré à la prison new-yorkaise de Rikers Island où il bénéficie d'une cellule individuelle et d'un régime privilégié. Ses avocats réitèrent leur demande de libération conditionnelle devant le juge Michael Obus, de la Cour suprême de New York, lors d'une nouvelle audience qui a lieu le 19 mai. DSK est ce jour là formellement inculpé par un grand jury qui estime que les preuves qui sont présentées par l'accusation sont suffisantes pour ouvrir un procès, mais il est libéré contre une caution d'un million de dollars cash et un dépot de garantie de 5 millions de dollars (une hypothèque sur sa maison de Washington).

Le 6 juin 2011, il comparaît devant le tribunal de New York pour se voir signifier les sept chefs d'accusation, dont celui d'"Acte sexuel criminel au premier degré", c'est-à-dire de viol en ayant recours à la force. Il plaide "Non coupable" pour tous les faits. À la suite de cette audience éclair (sept minutes), son avocat star, Benjamin Brafman, déclare à la presse qu'il n'y a "pas d'élément fort montrant qu'il y a eu contrainte", tandis que l'avocat de la plaignante, Kenneth Thompson, qualifie pour sa part les faits d'"agression sexuelle terrible". Des journaux américains indiquent que les amis de DSK auraient proposé plusieurs millions de dollars à l'entourage de la femme de chambre, notamment à sa famille résidant en Guinée, pour que celle-ci retire sa plainte. Pas moins d'une trentaine de détectives, dont des anciens de la CIA ou du FBI, sont en tous cas embauchés par la défense de DSK pour scruter le profil de Nafissatou Diallo et débusquer d'éventuelles failles ou zones d'ombre permettant de la discréditer.

En attendant son procès, Dominique Strauss-Kahn est assigné à résidence à New York. Il s'installe avec son épouse dans une luxueuse maison de 610 m2 située au 153 Franklin Street, dans le quartier chic de Tribeca, pour laquelle il paye un loyer mensuel de 50.000 dollars. La maison est surveillée par par des caméras vidéo et des gardes armés de la compagnie de sécurité Stroz Friedberg. Il doit en outre porter un bracelet électronique 24H/24.

Le 1er juillet 2011, nouveau coup de tonnerre, un article du New York Times révèle que l'accusation est sur le point de s'effondrer. Le bureau du procureur Cyrus Vance Jr. estime en effet que Nafissatou Diallo aurait menti sur son passé et aurait un petit ami, Amara Tarawally, incarcéré dans la cadre d'une affaire de trafic de cannabis. DSK comparaît le même jour devant le Tribunal pénal de Manhattan qui le libère sur parole. Sa caution et son dépôt de garantie lui sont restitués mais il lui est interdit de quitter les Etats-Unis.

Dominique Strauss-Kahn n'est aucunement blanchi et les sept chefs d'accusations qui pèsent contre lui sont maintenus, les test ADN et autres documents médico-légaux prouvant, qu'il ait ou non tenté de violer la femme de chambre, qu'il a effectivement eu un rapport sexuel extrêmement brutal avec elle. Ses avocats assurent que la relation sexuelle était consentie. Diverses sources proches des enquêteurs indiquent qu'il s'agissait plutôt d'un acte de prostitution tarifé et que DSK n'ayant pas voulu payer, Nafissatou Diallo se serait vengé en portant plainte contre lui. Il risque jusqu'à soixante-quatorze ans de prison en peines cumulées si le procès a lieu et s'il est jugé coupable de viol.

Contraint à démissionner du FMI, Dominique Strauss-Kahn quitte l'institution avec un joli parachute doré: 235.000 euros d'indemnités de départ et une pension de retraite évaluée à 48.000 euros par an.

En France, alors que le Parti Socialiste s'interroge sur le report de ses primaires afin de réintégrer son leader dans la course à l'Élysée, la romancière Tristane Banon dépose à son tour plainte contre lui, le 05 juillet 2011, pour tentative de viol à la suite de l'agression de 2003. Son avocat assure que, contrairement à celui de Nafissatou Diallo, le dossier de sa cliente est lui très solide. Les avocats de DSK annoncent en retour qu'ils déposent plainte contre Tristane Banon pour dénonciation calomnieuse.

La semaine suivante, Anne Mansouret, mère de Tristane Banon et conseillère générale socialiste de l'Eure, déclare à la police qu'elle a eu jadis une relation sexuelle avec lui. La relation, consentie mais "brutale" selon ses termes, se serait déroulée dans un bureau de l'OCDE à Paris, alors que DSK était conseiller spécial du secrétaire général de l'organisation. Elle le décrit comme un prédateur, se comportant avec "l'obscénité d'un soudard". Pour couronner le vaudeville, Anne Mansouret explique qu'elle était aussi à l'époque l'amie de l'ex-femme de DSK, Brigitte Guillemette, laquelle est la marraine de Tristane Banon.

Le 24 juillet, pour la première fois depuis son agression, Nafissatou Diallo s'exprime publiquement dans des interview à Newsweek et à ABC News et donne sa version des faits. Selon elle, DSK a surgi, nu, dans la chambre alors qu'elle faisait le ménage en pensant être seule. Il aurait claqué la porte de la chambre et lui aurait touché les seins. Elle lui aurait dit d'arrêter mais il l'a tiré vers le lit et tenté "de mettre son pénis dans ma bouche". Elle l'a repoussé mais il l'a de nouveau essayé de la forcer à lui faire une fellation "en faisant du bruit, comme uhh, uhh, uhh" et en lui disant "suce ma bite". La femme de chambre a décidé de confier son histoire à la presse car, déplore-elle, "A cause de lui on me prend pour une prostituée" [...] "Je veux qu'il aille en prison. Je veux qu'il sache qu'il y a des endroits où on ne peut pas utiliser son pouvoir et son argent", ajoute-elle. Le 8 août, ses avocats déposent une plainte au civil contre Dominique Strauss-Kahn pour "agression sexuelle violente et sadique", ceci afin d'obtenir des dommages et intérêts dans une procédure indépendante de celle menée sur le volet pénal.

L'affaire DSK se précipite fin août 2011. Le 22, le procureur Cyrus Vance Jr explique, dans un long argumentaire de 25 pages adressé au juge Michael Obus, que l'enquête a mis en lumière des éléments matériels prouvant que l'ancien patron du FMI a bien eu une "relation sexuelle précipitée" avec Nafissatou Diallo mais qu'il est impossible "d'établir de manière indépendante qu'il s'agit d'une relation forcée". Il ajoute que la victime a donné "trois versions contradictoires" de ce qui s'est passé et que ses mensonges sur son passé ont "sérieusement entamé sa crédibilité de témoin". À l'évidence, le procureur refuse de courir le risque de perdre le procès car une condamnation au pénal aux Etats-Unis ne peut être obtenue que par un jury unanime. Le lendemain, suivant la recommendation de Cyrus Vance, le juge déclare dans la salle d'audience de la cour suprême de New-York que les charges pénales contre DSK sont abandonnées. Selon lui, il est en effet impossible de prouver "au-delà du doute raisonnable" que Dominique Strauss-Kahn a bien forcé Nafissatou Diallo à subir un acte sexuel dans la chambre 2806 de l'hôtel Sofitel de Manhattan. L'avocat de la femme de chambre dénonce cette décison comme un déni de justice et fustige le procureur qui a, selon lui, "refusé le droit d'une femme à obtenir justice dans une affaire de viol".

Fort de son non-lieu, Dominique Strauss-Kahn récupère son passeport tandis que ses amis du Parti Socialiste établissent un plan de communication pour son retour en France. Un sondage effectué le 25 août révèle toutefois que 80% des Français ne souhaitent pas qu'il revienne dans la course à l'Elysée. Ce rejet est partagé par 77% des sympathisants de gauche et 89% de ceux de droite.

Le 29 août, DSK rend visite à ses anciens collaborateurs du Fonds Monétaire International pour les saluer et pour s'excuser: "Je suis venu ici pour m'excuser auprès de ceux qui ont été blessés par toute cette histoire [...] c'était une erreur de ma part [...] et je suis désolé des répercussions négatives que cela a eu pour cette institution", déclare-t-il.

Au vu des sondages négatifs en France, ses anciens amis et soutiens du PS commencent à le lâcher. Lors d'un interview sur la chaine Canal +, l'ancien premier ministre socialiste Michel Rocard estime qu'il est atteint d'une "maladie mentale" l'empêchant de "maîtriser ses pulsions". Martine Aubry, première secrétaire du PS, déclare de son côté qu'elle "pense la même chose que beaucoup de femmes sur l'attitude de Dominique Strauss-Kahn vis-à-vis des femmes". Arnaud Montebourg, candidat à la primaire socialiste, lance de son côté qu'il doit présenter des excuses "aux socialistes, au peuple de gauche" et "ensuite qu'il garde le silence".

Dominique Strauss-Kahn, accompagné de son épouse et de sa fille, revient finalement en France le dimanche 4 septembre, quatre mois après son arrestation aux Etats-Unis. Son retour médiatique et un message révolté de Tristane Banon sur Facebook relancent la colère des féministes qui organisent une manifestation devant son appartement du 13 place des Vosges.

Le 18 septembre 2011, au JT de TF1 qui rassemble quelque 13 millions de téléspectateurs, l'ex-patron du FMI donne à Claire Chazal (amie d'Anne Sinclair) une interview complaisante, à l'évidence coproduction de communication TF1/ Euro RSCG à son bénéfice. Dans un discours parfaitement rôdé qui oublie notamment d'évoquer ses rapports avec les femmes, il exprime quelques vagues regrets: Oui c'est "une faute morale dont je ne suis pas fier" [...] "j'ai manqué mon rendez-vous avec les français", et s'abrite systématiquement derrière le rapport du procureur -- qu'il interprète de façon très abusive puisque ce rapport ne le blanchit aucunement aux yeux de la loi -- pour asséner à de multiples reprises qu'il n'y a eu "aucune agression", que "les charges ont été abandonnées", et qu'il aurait été "victime d'un complot". Il profite par ailleurs de l'entretien pour donner le baiser de Judas à Martine Aubry, révélant qu'il y avait bien un pacte entre eux (ce qu'elle avait toujours nié) et qu'elle n'est ainsi candidate à la présidentielle que par défaut. Les milieux féministes et l'extrême-gauche jugent son mea-culpa nettement "insuffisant" et même "lamentable" et "écoeurant", tandis que droite et gauche socialiste se cantonnent dans des déclarations embarrassées appelant pour l'essentiel à "tourner la page".

Le 13 octobre 2011, le Parquet de Paris classe "sans suite" la plainte déposée par Tristane Banon pour tentative de viol. Les faits sont requalifiés par la justice en agression sexuelle, et sont désormais prescrits. DSK ne sera donc pas inquiété pour cette affaire datant de 2003. La romancière publie la même semaine un petit livre de 120 pages, Le bal des hypocrites (Éditions Au Diable Vauvert), dans lequel elle raconte sa version des faits sans toutefois jamais citer le nom de son agresseur, surnommé "le cochon".

L'affaire Strauss-Kahn, à laquelle plusieurs centaines de milliers de Une de grands quotidiens du monde entier et autant d'ouvertures de Journaux télévisés ont été consacrées, a fait l'objet d'une avalanche de livres de journalistes en librairie. À charge, à décharge, ou "neutres", la plupart de ces ouvrages passent au crible le passé de Dominique Strauss-Kahn et les tenants et aboutissants du scandale. Citons, entre autres, DSK, la descente aux enfers, signé d'une mystérieuse "Perséphone" (Éditions Democratic Books), L'affaire DSK: deux hypothèses pour une énigme de Pierre-Yves Chereul (Éditions Golias), Il faut abattre DSK de Jean-Pierre Jub (Éditions Annick Jubien), Madame DSK de Renaud Revel et Catherine Rambert (Éditions First), et Le Choc: le feuilleton DSK de David Revault d'Allonnes et Fabrice Rousselot (Éditions Robert Laffont).

Quelques semaines à peine après le classement sans suite des affaires Nafissatou Diallo et Tristane Banon, l'ancien directeur du FMI est de nouveau impliqué dans un troisième scandale à caractère sexuel, celui de l'hôtel Carlton de Lille. Dans cette affaire de proxénétisme touchant plusieurs personnalités de la région lilloise -- entre autres l'avocat Emmanuel Riglaire, le directeur du Carlton Francis Henrion et le commissaire de police divisionnaire Jean-Christophe Lagarde -- les investigations des juges font apparaître des textos et des échanges téléphoniques, évoquant des parties fines avec des prostituées de luxe, entre DSK et un chef d'entreprise du Pas-de-Calais, Fabrice Paszkowski, mis en examen pour "proxénétisme aggravé en bande organisée, association de malfaiteurs, escroquerie et abus de biens sociaux". L'une des prostituée raconte également à la police ses voyages aux Etats-Unis où elle aurait rencontré DSK et d'autres personnes impliquées dans l'affaire du Carlton. Selon certaines sources, Dominique Strauss-Kahn pourrait être mis en examen pour complicité de proxénétisme ainsi que pour recel d'abus de biens sociaux, une partie de ses déplacements et des services tarifés des prostituées ayant été réglés par une filiale du groupe de BTP Eiffage.

Cette avalanche de scandales sonne le glas des ambitions politiques de cet homme puissant parmi les puissants qui s'apprêtait à diriger les destinées de la France et qui, coupable ou non, a vu révéler au monde entier sa pathologie et sa misère sexuelle. Dès la mi-juillet 2011, les enquêtes d'opinion indiquent qu'une large majorité de Français ne souhaitent plus qu'il se présente à l'élection présidentielle, tendance confirmée par la suite. Comme l'écrit une journaliste, Dominique Strauss-Kahn, père de quatre enfants (Vanessa, Marine, Laurin, issus de son mariage avec Hélène Dumas, et Camille, issue de son mariage avec Brigitte Guillemette) restera désormais "un type qui a eu une rencontre sexuelle avec une femme de ménage à midi dans une suite de luxe avant de déjeuner avec sa fille et de prendre l'avion pour rejoindre son épouse". Elle laisse des traces dans l'opinion publique française, notamment sur le Parti Socialiste et plus globalement sur la classe politico-médiatique qui choisit aussi mal ses élites.

Copyright © Hortense Paillard / , Paris, dimanche 31 juillet 2016. Droits réservés pour tous pays. Toute reproduction totale ou partielle de cet article sur quelque support que ce soit est interdite.
Noël Blandin / La République des Lettres
Newsletter / Entrez votre adresse e-mail:    

Facebook Facebook   Newsletter Lettre d'info   Twitter Twitter