Percy Wyndham Lewis

Peintre et écrivain anglais, Percy Wyndham Lewis est né le 18 novembre 1882 à bord de la "Wanda", propriété de son père, au large d'Amherst (Nouvelle Écosse, Canada).

Après avoir passé son enfance aux Etats-Unis, il fait ses études en Grande-Bretagne. Il entre à la Slade School of Arts en 1898. Il voyage entre 1902 et 1908: Madrid, Pays-Bas, Munich, où il étudie à l'Akademie Heymann, et surtout à Paris où il fréquente les cercles artistiques et littéraires. De retour à Londres, il se consacre à la peinture et se lance dans l'aventure de l'avant-garde.

Ayant connu Roger Fry à l'occasion de la seconde exposition post-impressionniste que ce dernier organise en 1912, il collabore aux Omega Workshops en 1913. Il rompt avec violence avec le groupe du Bloomsbury. Il a aussi des rapports tumultueux avec F.T. Marinetti et le groupe des futuristes italiens.

En 1914, Percy Wyndham Lewis fonde avec Henri Gaudier-Brzeska, Helen Saunders et Kate Lechmere le "Rebel Art Center". Il crée le "Great English Vortex" au printemps et publie le premier numéro de la revue Blast, organe du groupe. Le second et dernier numéro paraît en 1915 ("Numéro de guerre") alors que le groupe se disperse à cause des évènements. Il s'engage en mars 1916 et combat l'année suivante sur le front franco-belge en qualité d'artilleur.

Il publie dans la revue The Egoist son premier roman, Tarr. Il envoie des textes de fiction à The Little Review entre 1917 et 1918. À la fin de la guerre, Percy Wyndham Lewis est nommé "artiste de guerre" auprès du quartier général de l'armée canadienne. Tarr paraît en même temps à Londres et à New York et est reçu favorablement par Rebecca West, Ezra Pound, T.S. Eliot. Sa première exposition personnelle a lieu en février 1919 à la Goupil Gallery, et il participe aux activités du X Group. Il écrit alors Le Dessein du Calife.

Percy Wyndham Lewis lance en 1921 la revue The Tyro, qui n'aura aussi que deux numéros, et séjourne à Paris et à Berlin. Il exécute le portrait des artistes et des écrivains qu'il fréquente alors: Edith Sitwell, Virginia Woolf, James Joyce, Ezra Pound, T.S. Eliot, etc. Il voyage entre la France et l'Espagne. Il achève en 1926 L'Art d'être gouverné, un essai sur l'art et la politique. L'année suivante, il publie son étude sur Shakespeare et Machiavel, Le Lion et le Renard, et un recueil de ses premières nouvelles, Le Corps sauvage. En outre, il lance une nouvelle revue baptisée The Enemy.

Il achève en 1928 le premier tome de sa trilogie romanesque, La Fête des Innocents. Mais c'est en 1930 qu'il confie à Arthur Press le soin d'éditer Les Singes de Dieu, féroce satire de l'intelligentsia anglo-saxonne et surtout du cercle de Virginia Woolf. En 1931 Percy Wyndham Lewis met sous presse plusieurs ouvrages de caractère idéologique qui lui valent d'être mis au ban de la société culturelle britannique, après le scandale déjà suscité par Les Singes de Dieu: La Malédiction de la jeunesse, Le Principe diabolique et le spectateur dithyrambique (contre le Surréalisme) et surtout Hitler.

Il publie des extraits de son récit de voyage au Maroc, Des flibustiers chez les Barbares, dans la revue Everyman. En septembre 1932, il publie un nouveau roman satirique à clefs: Le Baron arrogant. Il réalise enfin un portfolio de gravures: Thirty Personalities. Il tente de corriger ses positions politiques en 1933 avec Old Gang and the New Gang. Mais il n'en cesse pas pour autant ses attaques contre les auteurs contemporains, comme le démontrent Des hommes dépourvus d'Art (1934) et le roman La Reine rugissante (1936) où il s'en prend surtout à Arnold Bennett.

En 1937, Percy Wyndham Lewis publie simultanément La Rançon de l'amour et son premier livre autobiographique, Mémoire de feu et de cendre. Il milite en faveur de la paix et écrit dans cette optique: Comptez vos morts: ils sont vivants !. Il a une importante exposition aux Leicester Galleries, et l'année suivante il est représenté par les Beaux-Arts Gallery. Il tente avec énergie de démontrer son éloignement des thèses nazies avec Les Juifs sont-ils des hommes ? et Le Culte d'Hitler. En septembre 1939, il part pour les États-Unis, où il reste jusqu'à la fin du conflit. Il y publie en 1940 un livre d'impressions de voyage, L'Amérique, je suppose et, en 1941, un roman, La Foudre de vulgarité.

Il rentre en Angleterre en 1945 et se fait l'apôtre de la démocratie multiraciale à l'américaine dans L'Amérique et l'homme cosmique (1948). Il devient le critique d'art attitré de The Listener. En 1950, il termine une impressionnante autobiographie, Rude assignation. Il réunit des nouvelles dans Rolting Hill en 1951. Percy Wyndham Lewis perd la vue cette même année où il expose ses tableaux à la Redfern Gallery. Cela ne l'empêche pas de mettre la dernière main à un pamphlet littéraire, L'Écrivain et l'absolu (1952), de poursuivre le récit de sa vie dans Autocondamnation (1954) et de mener une réflexion sur les arts au sein de la société technologique avec Le Démon du progrès dans les arts (1954).

En 1955, grâce à une commande de la BBC il peut achever sa trilogie, l'Âge de l'homme, commencée en 1928 avec Monstre gai. Il songe même à un quatrième volet, Le Procès de l'homme, dont il n'écrit que le premier chapitre. En 1956, la Tate Gallery organise une grande rétrospective de son oeuvre picturale. Son ultime roman, Le Prêtre rouge, est publié.

Percy Wyndham Lewis s'éteint à Londres un an plus tard, le 7 mars 1957, toujours entouré d'une aura sulfureuse, vilipendé ou, pire, ignoré par la critique anglaise.

Copyright © Gérard-Georges Lemaire / republique-des-lettres.fr, Paris, lundi 8 août 2016. Droits réservés pour tous pays. Toute reproduction totale ou partielle de cet article sur quelque support que ce soit est interdite.
Noël Blandin / La République des Lettres
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