Frédéric Péchenard

Frédéric Péchenard

Frédéric Péchenard est né le le 12 mars 1957 à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine). Il est le fils unique de Christian Péchenard — décédé en 1996 --, avocat d'affaires fortuné et écrivain, auteur notamment d'essais sur Marcel Proust (Proust et les autres, Éditions de la Table Ronde, 1994, Prix de la critique de l'Académie Française). Enfant, il compte parmi ses petits camarades de la bourgeoisie parisienne un certain Nicolas Sarkozy. Leurs mères respectives, toutes deux avocates, sont en effet amies et voisines dans le 17e arrondissement (où il occupe d'ailleurs toujours aujourd'hui l'hôtel particulier familial).

Après le Lycée Carnot (Paris XVIIe), Frédéric Péchenard entame des études de droit. En 1981, après son service militaire effectué dans les parachutistes, titulaire d'une maîtrise de droit, il intègre l'École Nationale Supérieure de la Police (ENSP) pour mener d'abord une simple carrière de Commissaire de police judiciaire, contre l'avis de son père, mais il gravit bientôt rapidement les échelons de la hiérarchie en passant par presque tous les services de police, des "Stups" à la "Crime" en passant par l'Antigang.

En 1983, il devient Chef du commissariat de Chaillot (Paris XVIe). Un an plus tard, âgé de 27 ans, il prend la tête de l'unité de recherches de la 2e Division de Police Pudiciaire (PJ), poste qu'il occupera jusqu'en 1988. Il est ensuite nommé successivement Chef de section à la Brigade des stupéfiants et du proxénétisme (1988-90), Chef de la section anti-terroriste (SAT) de la Brigade criminelle (1990-91) puis Chef adjoint à la Brigade de recherches et d'intervention (BRI, dit aussi "l'Antigang", 1991-94). En 1993, l'affaire de la prise d'otages de la maternelle de Neuilly-sur-Seine par "Human Bomb" le rapproche de nouveau de Nicolas Sarkozy, à l'époque maire de la ville et ministre du budget dans le gouvernement d'Édouard Balladur. Il devient numéro deux de la Brigade criminelle (1994-96), puis Chef de la Brigade de répression du banditisme et Commissaire divisionnaire (1996-2000).

En 2000, Frédéric Péchenard accède au fauteuil de grand patron de la Brigade criminelle (2000-03) à la Direction de la Police Judiciaire de la Préfecture de Police, le célèbre 36 quai des Orfèvres, avec une centaine d'enquêteurs sous ses ordres. Deux ans plus tard, le 28 mars 2002, sa brillante carrière est quelque peu assombrie par Richard Durn, auteur d'une tuerie à la mairie de Nanterre (8 morts, 19 blessés), qui se suicide lors de son interrogatoire en se jetant par la lucarne d'un bureau du quai des Orfèvres. Mais il redore son blason au début de l'année suivante en élucidant en deux semaines l'affaire Abderrezak Besseghir, un bagagiste de Roissy injustement accusé de préparer un acte terroriste à la suite d'un complot monté par sa belle-famille.

En décembre 2003, Frédéric Péchenard est promu numéro 2 à la Sous-Direction des Affaires Économiques et Financières (SDAEF) par son ami d'enfance devenu entre-temps Ministre de l'Intérieur. Dès l'année suivante il accède au poste de Contrôleur général des services actifs de la police nationale. Auréolé d'une médaille de Chevalier de la Légion d'Honneur remise avec force embrassades par son mentor de l'Elysée qui le gratifie de "policier le plus brillant de sa génération", il traite dès lors des dossiers politico-financiers hautement sensibles tels que, entre autres, ceux de Jean-Marie Messier (ex-PDG de Vivendi), de Charles Pasqua (ex-Ministre de l'Intérieur de Jacques Chirac), de Jean-Paul Huchon (président PS du Conseil régional d'Ile-de-France), ou encore de l'affaire Clearstream dans laquelle est impliquée Nicolas Sarkozy.

En 2006, il devient Directeur des services actifs de la Préfecture de Police, chargé de la Direction régionale de la Police Judiciaire (DRPJ), c'est-à-dire patron de la PJ parisienne. C'est aussi l'année où l'ONG Privacy International l'honore d'un Big Brother Awards pour sa propension à étendre le fichage génétique à toute la population française via le fichier FNAEG (Fichier national automatisé des empreintes génétiques). En juin 2007, il est nommé Directeur général de la Police Nationale (DGPN), poste qu'il occupe encore aujourd'hui sous la houlette de Michèle Alliot-Marie, actuelle ministre de l'Intérieur. De son bureau de la rue des Saussaies, il règne sur l'ensemble des services de police français, soit quelque 145.000 flics, tentant de faire passer auprès de leurs syndicats la politique incohérente du président de la République. Par décret du 11 mars 2009, il est par ailleurs nommé Préfet hors cadre, chargé d'une mission de service public pour le Gouvernement Fillon.

Ce parcours professionnel exemplaire, ainsi que l'honneur de cet homme jugé parfaitement droit et intègre par son entourage, se trouvent toutefois affublés de deux fâcheuses casseroles en ce mois de septembre 2010. Frédéric Péchenard est tout d'abord soupçonné de couvrir Nicolas Sarkozy pour une enquête diligentée par la Direction Centrale du Renseignement Intérieur (DCRI), en flagrante violation des lois sur la liberté de la presse, dans le cadre de la très sombre affaire Woerth / Bettencourt / Sarkozy. La presse ressort également une affaire datant de février 2009 où il serait intervenu pour éviter des poursuites judiciaires à l'encontre de son fils de 16 ans, interpellé à Paris pour état d'ivresse en scooter et insultes à fonctionnaire de police dans l'exercice de ses fonctions. La plainte initiale du flic outragé aurait tout simplement disparue des registres après que le grand patron de la police nationale soit venu lui-même chercher son fils au commissariat.

Lors de la promotion du 14 juillet 2011, il est promu officier de la Légion d'honneur mais la cérémonie officielle pendant laquelle le présidente Nicolas Sarkozy devait lui remettre les insignes est annulée. Certains observateurs y voient une certaine réserve de l'Elysée après sa mise en cause dans l'affaire dite "des fadettes", c'est-à-dire des écoutes téléphoniques visant à identifier les sources des journalistes dans l'affaire Bettencourt. La justice a en effet mis au jour une réquisition écrite en juillet 2010 de la DCRI (Direction Centrale du Renseignement Intérieur) contraignant l'opérateur Orange à fournir la liste des appels téléphoniques et la géolocalisation du portable de Gérard Davet, reporter au journal Le Monde. Questionné par la presse, Frédéric Péchenard déclare le 9 septembre que c'est bien lui qui a ordonné à la DCRI d'identifier le haut fonctionnaire qui divulguait des informations sur l'affaire Bettencourt. Selon l'opposition, le directeur général de la police française s'est ainsi mis hors-la-loi en violant le secret des sources. Le patron du renseignement intérieur, Bernard Squarcini, mis en examen, confirme à la justice que Frédéric Péchenard lui en a donné l'ordre. Plus largement, on s'interroge si ces écoutes illégales de journalistes n'ont pas eu lieu avec l'accord direct ou au moins implicite du Ministère de l'Intérieur et de l'Elysée.

Outre son activité de haut fonctionnaire du ministère de l'Intérieur, Frédéric Péchenard est aussi enseignant associé à l'École Nationale Supérieure de la police de Saint-Cyr-au-Mont d'Or et à l'Institut de criminologie de l'Université Paris II / Panthéon Assas. Il est l'auteur de deux livres: Piège pour un flic (avec Luc Jacob-Duvernet, Éditions Anne Carrière, 2003), un roman inspiré par l'histoire vraie d'un de ses amis commissaire de l'Antigang emprisonné injustement dans une affaire de trafic de drogues, et Gardien de la Paix (avec Franck Hériot, Éditions Michel Lafon, 2007), sous-titré 25 ans de PJ et des idées pour l'avenir, où il fait en 300 pages le récit de ses années de flic passées à la PJ Parisienne et présente sa vision de l'institution policière.

Copyright © Emmanuelle Papazian / republique-des-lettres.fr, Paris, mercredi 22 mars 2017. Droits réservés pour tous pays. Toute reproduction totale ou partielle de cet article sur quelque support que ce soit est interdite.
Noël Blandin / La République des Lettres
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