Frantz Fanon

Frantz Fanon

Psychiatre et essayiste politique, reconnu aujourd'hui comme l'un des fondateurs du courant de pensée tiers-mondiste, Frantz Fanon est né à Fort-de-France (Martinique) le 20 juillet 1925.

Il est le cinquième d'une famille de six enfants de la nouvelle bourgeoisie mulâtre des Antilles. Il passe son enfance dans l'ignorance des réalités sociales qu'il découvre brutalement avec l'enseignement d'Aimé Césaire, alors jeune professeur dans son lycée de Fort-de-France. Il sera lui-même directement confronté au racisme pendant la Deuxième Guerre mondiale, engagé dans l'armée des Antilles ralliée au général de Gaulle, puis lors de ses études à la faculté de médecine de Lyon au tournant des années '40-'50.

Un de ses premiers articles paraît en mai 1951 dans la revue Esprit, où il prône la réconciliation entre Blancs et Noirs. Parallèlement à ses études, Frantz Fanon écrit Peau noire, Masques blancs qui est publié en 1952. Il y éclaire de l'intérieur quelques comportements du colonisé face aux valeurs du colonialisme, comportement névrotique dont il cherche la résolution par la psychanalyse.

Devenu psychiatre, Frantz Fanon est nommé en 1953 médecin-chef l'hôpital psychiatrique de Blida-Joinville, en Algérie. Il y met en pratique les techniques de thérapie sociale élaborées par le psychiatre catalan François Tosquelles, destinées notamment à permettre aux malades une meilleure réinsertion sociale, et publie plusieurs articles sur ses recherches dans ce domaine. Mais l'expérience se solde par un échec dû en grande partie aux conditions particulières que connaît alors l'Algérie française. Cet échec lui permet toutefois de prendre la mesure de la situation coloniale et des désastreuses séquelles psychologiques qu'elle entraîne aussi bien pour les colonisés que pour les colonisateurs.

Pendant la Guerre d'Algérie (1954-1962), Frantz Fanon choisit son camp, celui des colonisés et des peuples opprimés, et s'engage résolument dans la lutte de libération nationale algérienne. Il démissionne en 1956 de son poste à l'hôpital de Blida. Expulsé d'Algérie l'année suivante, il rejoint le Gouvernement Provisoire de la République Algérienne (GPRA), installé à Tunis. Il collabore à El Moudjahid, alors organe central du Front de Libération Nationale (FLN) qui lui confie des missions diplomatiques auprès des états Africains. Cette intense activité politique le conduit entre autres à Accra (Ghana), au Caire (Égypte) et à Addis-Abeba (Éthiopie), où il incarne le type du révolutionnaire anti-colonialiste engagé en même temps qu'il symbolise le lien entre les deux Afriques traditionnelles.

En 1959, Frantz Fanon publie L'An V de la révolution algérienne (Éditions Maspero) tout en continuant d'assurer la formation politique des cadres du FLN. Il échappe à plusieurs attentats au Maroc et en Italie.

En avril 1961, se sachant condamné par une leucémie, il s'installe avec sa femme et ses deux enfants à Washington (États-Unis). Il commence à rédiger Les Damnés de la terre, véritable manifeste pour la lutte anti-colonialiste et l'émancipation du tiers-monde, que la maladie lui laissera à peine le temps de terminer. L'ouvrage sera préfacé par Jean-Paul Sartre et publié chez Maspero la même année.

Frantz Fanon meurt à Washington le 6 décembre 1961, à l'âge de 36 ans. Son corps est enterré au cimetière des Chouhadas, près de la frontière algéro-tunisienne, auprès de ses amis combattants du FLN. L'hôpital de Blida-Joinville porte aujourd'hui son nom.

Copyright © Julien Poincarré / republique-des-lettres.fr, Paris, lundi 8 août 2016. Droits réservés pour tous pays. Toute reproduction totale ou partielle de cet article sur quelque support que ce soit est interdite.
Noël Blandin / La République des Lettres
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