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La République des Lettres

Rainer Maria Rilke

Rainer Maria Rilke
Lettres à un jeune poète

La République des Lettres
ISBN 978-2-8249-0207-4
Livre numérique (format ePub)
Prix : 5 euros
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Marine Le Pen

Marine Le Pen

Un sondage Harris Interactive / Le Parisien sur les intentions de vote des Français au premier tour de la prochaine présidentielle donne 23% de voix à Marine le Pen contre 21 % à Martine Aubry et à Nicolas Sarkozy ex aequo.

À un an d'une élection présidentielle, c'est un score inédit pour le Front National, même lorsque Jean-Marie Le Pen était parvenu à éliminer Lionel Jospin le 21 avril 2002. À l'époque, alors que les sondages le créditaient de 10 ou 12% d'intentions de vote, il avait recueilli 16,9 % des suffrages, ce qui lui avait permis de se maintenir seul face à Jacques Chirac pour le second tour.

Cette enquête donnant Marine Le Pen gagnante au 1er tour sème le trouble dans la classe politique et relance le syndrome d'un 21 avril 2002 à l'envers. Certes, il ne faut pas accorder une importance exagérée aux sondages mais ceux-ci semblent pour une fois tous concorder et refléter une indéniable réalité de la rue. La gauche accuse Nicolas Sarkozy -- dont par ailleurs la cote de popularité atteint désormais à peine 22% selon le baromètre TNS Sofres -- de "propager l'incendie" et de faire le jeu du Front National afin de se pouvoir être facilement réélu en cas de second tour face à Marine Le Pen. Les réactions affluent de toutes parts.

• Marine Le Pen. La nouvelle présidente du parti d'extrême-droite, qui dénonce pêle-mêle l'immigration, la mondialisation et "l'UMPS" responsables des difficultés sociales, se félicite: "Je prends ce sondage avant tout comme un encouragement à continuer à travailler et à exposer notre projet aux Français". [...] "Je pense qu'on assiste là, en tout cas je l'espère, aux prémices d'une réveil du peuple français (...). Les Français aspirent à une autre politique, ils ont envie de se donner un véritable choix au second tour: le choix entre un projet national, et un projet mondialiste représenté par Nicolas Sarkozy, Dominique Strauss-Kahn ou Martine Aubry". Quant à une possible élection à la tête de l'état: "Je ne l'attends pas, je la prépare", affirme-t-elle, estimant que "Nicolas Sarkozy cristallise sur lui une telle déception et un tel rejet de la part du peuple français que je pense d'ores et déjà qu'il est presque éliminé du second tour". [...] "Il y a trois mois, j'étais à 11 ou 12%, aujourd'hui d'après les différents sondeurs je suis entre 20-25%, je crois qu'il se passe quelque chose, personne ne peut dire jusqu'où cette vague d'espoir va aller", ajoute-t-elle.

• Martine Aubry. Depuis Athènes, où elle participait à une réunion des chefs de Partis socialistes européens, la première secrétaire du Parti Socialiste a vivement réagi aux résultats du sondage. Pour elle, Nicolas Sarkozy, avec ses multiples débats sur l'Islam, la nationalité, l'identité et la sécurité, joue depuis quelques temps "à quitte ou double" avec les thèmes porteurs de l'Extrême-droite fascisante. Le chef de l'État "ne veut pas changer de politique, donc il fait peur. Il a commencé avec l'identité nationale et les Roms maintenant ce sont les immigrés. Au lieu de se réjouir quand les peuples tunisien et égyptien se lèvent pour la démocratie, il fait peur aux Français comme si cela allait entraîner des hordes d'immigrés. Tout ça n'a aucun sens, c'est une stratégie pour masquer ses turpitudes et ses échecs", accuse-t-elle.

• Laurent Fabius. L'ex-premier ministre de François Mitterrand et actuel député de Seine-Maritime pointe lui aussi du doigt le "débat complètement absurde lancé sur l'Islam". Selon lui la montée des idées d'extrême droite dans l'opinion est "accentué par l'échec de Nicolas Sarkozy et par les thèmes qu'il choisit, par exemple lancer un débat sur l'Islam qui est en fait contre l'Islam". [...] "Les gens regardent les résultats, il y a un chômage record, il y a des inégalités de toutes sortes, il y a des difficultés sociales, on ferme des écoles, pourquoi voulez-vous que les gens aient confiance ?", s'interroge-t-il.

• Benoît Hamon. Sur la même ligne que Martine Aubry, le porte parole national du PS accuse le Chef de l'Etat d'avoir "propagé l'incendie" et juge le sondage Marine Le Pen "inquiétant". Le prenant très "au sérieux", il estime que "cela appelle de la part de la gauche beaucoup de clarté, beaucoup d'engagement sur la question sociale, sur la question des salaires, sur ce qui préoccupe les gens".

• François Hollande. L'ancien premier secrétaire du Parti socialiste, probable candidat aux primaires de gauche, lance lui un appel au rassemblement. "Ce sondage interpelle toute la gauche. Alors que nous avons tous en tête le souvenir du 21 avril 2002, est-ce que nous pouvons continuer à nous présenter aux élections avec sept, huit et parfois davantage de candidats de gauche ?" demande-t-il en soulignant qu'une élection présidentielle se joue "au premier tour".

• Jean-Luc Mélenchon. Le co-président du Parti de Gauche, candidat déclaré à la tête du Front de Gauche (alliance du Parti de Gauche, du Parti Communiste Français et de la Gauche unitaire) pour 2012, parle pour sa part de "guignolisation de la politique". C'est selon lui une enquête "invraisemblable fabriquée par les instituts de sondage pour "avoir quelque chose à vendre", [...] "Nous sommes en train d'en parler alors que c'est aussi stupide que si le père Noël était en tête" à l'élection présidentielle, a-t-il déclaré sur I-Télé. "Tout ça est une guignolisation de la politique. Pourquoi voulez-vous que le peuple français soit le seul peuple qui ait envie d'avoir un fasciste à sa tête", demande-t-il.

• Jack Lang. Même point de vue pour le député PS du Pas-de-Calais qui estime que ce sondage "n'a ni ni queue ni tête. [...] C'est une manipulation de l'opinion à des fins mercantiles. On devrait exiger un minimum d'éthique et de transparence de la part des instituts de sondage", écrit-il dans un communiqué.

• Jean Marc Ayrault. Sur France Info, le président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale estime quant à lui que le Président de la République se laisse "dicter son ordre du jour" par le Front National. "Depuis le discours de Grenoble où Nicolas Sarkozy distinguait les bons et les mauvais Français, Marine Le Pen est passée de 12% à 23%, constate-t-il. Pour lui, "C'est le symptôme d'un malaise profond. [...] Il y a ces scandales, ces inégalités sociales, ces injustices, le sentiment qu'on écoute pas les gens. Marine Le Pen surfe là dessus".

• Pierre Laurent. Pour le Secrétaire national du Parti Communiste (PCF) "Nicolas Sarkozy en courant après les idées nauséabondes de Marine Le Pen fait bouillir la marmite des sondages". Il se dit toutefois "certain que les Français vont siffler la fin de la récréation sondagière".

• Marie-George Buffet. Dans un billet publié sur le site de L'Humanité, Marie-George Buffet s'adresse directement à Marine Le Pen: "On a vu ce que donnait travail, famille, patrie en son temps ! Du travail sous payé, une famille patriarcale sans autre droit que celui de suivre son maître à penser et une patrie en lambeau !".

• Jean Louis Roumégas. Le porte-parole d'Europe Écologie-Les Verts estime pour sa part que "l'échec du gouvernement sur le plan économique et social crée un terreau très favorable à la progression du FN dans les milieux populaires".

Du côté du centre et de la droite, les réactions sont dans l'ensemble moins sévères à l'encontre de Nicolas Sarkozy. Les principaux leaders comme le ministre des Affaires étrangères Alain Juppé et le premier ministre François Fillon ne se sont pas encore exprimés. On sait toutefois que ces deux-là, entre autres, ont déjà pris quelque distance avec le débat lancé par Nicolas Sarkozy sur l'Islam (rebaptisé "débat sur la laïcité").

• Dominique de Villepin. L'ancien premier ministre de Jacques Chirac, aujourd'hui président de République Solidaire, interprète ce sondage comme l'expression d'une "colère devant la non prise en compte des préoccupations quotidiennes des Français". [...] "C'est d'abord la sanction d'une politique qui n'a pas de résultat et c'est la sanction de l'abandon de la question sociale au profit de la question identitaire".

• François Bayrou. Le président du MoDem explique pour sa part que "À force de souffler sur les braises de l'extrémisme, de reprendre ses thèmes, d'excitation contre les étrangers, de ciblage de la religion musulmane et de propos plus excessifs les uns que les autres, on obtient des résultats prévisibles en hausse du Front national. Le phénomène est mécanique", explique-t-il. Il voit dans ce sondage le résultat "d'un climat tellement malsain, de tant de désordre, que les Français ont envie de renverser le jeu stérile actuel". Cela se traduit selon lui "par l'effondrement des deux forces dominantes, l'UMP et le PS".

• Hervé Morin. Pour le président du Nouveau Centre, "C'est l'expression d'une réelle déception après l'immense espérance qu'avait été l'élection de Nicolas Sarkozy. Cela s'explique par le fait qu'il n'y a pas de réponse, que ce soit sur le pouvoir d'achat, le logement, l'éducation, l'emploi. Et ce n'est certainement pas en braconnant sur les terres du Front National, en instrumentalisant les religions, ce qui est profondément détestable et dangereux, qu'on va retrouver la confiance des Français", a-t-il déclaré sur Canal+.

• Nicolas Dupont-Aignan. Le président de Debout la République, estime lui que ce sondage Marine Le Pen montre que les Français "ont compris qu'il n'y a plus rien à attendre" de la classe politique.

• Jean-François Copé. Le secrétaire général de l'UMP minimise l'évènement, estimant que ce sondage ne traduit pas une véritable intention de vote mais un mécontentement: "C'est un sondage parmi d'autres. Personne n'est dupe du rôle qu'on essaye de donner aux sondages dans notre démocratie". Il a jugé que Nicolas Sarkozy était "le seul et le meilleur candidat possible" pour son camp. "Nous devons être rassemblés autour de lui".

• Xavier Bertrand. Fidèle à sa méthode, le Ministre du travail et de la santé a botté en touche en se déclarant "convaincu que les Français s'intéressent plus à la courbe du chômage qu'à celle des sondages". Pour lui il faut avant tout "savoir garder son sang-froid".

• Dominique Paillé. L'ex-porte-parole de l'UMP relève que ce sondage traduit d'abord "le doute à l'égard ou à l'encontre des partis de gouvernement". Dans un communiqué, il appelle l'UMP à se rassembler et à s'organiser pour n'avoir "qu'un candidat", car "le risque est réel d'être absent du second tour".

• Claude Goasguen. Même son de cloche pour le député de Paris Claude Goasguen qui juge que c'est un avertissement lancé à l'ensemble de la classe politique car "un certain nombre de thèmes qui préoccupent les Français n'ont pas trouvé de réponse", assure-t-il.

• Hervé Novelli. L'ancien secrétaire d'Etat et député UMP déclare que les résultats du sondage "confirment que nous devons aborder les débats qui intéressent les Français. Marine Le Pen dénonce des faits sans jamais rien proposer".

• Nadine Morano. La secrétaire d'Etat UMP, fidèle de Nicolas Sarkozy, s'interroge elle sur l'absence de Dominique Strauss-Kahn dans ce sondage auquel elle n'accorde "aucune crédibilité".

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Mise à jour du mardi 8 mars 2011: Une nouvelle enquête Harris Interactive pour Le Parisien en date du 8 mars confirme la poussée de Marine Le Pen. Selon ce sondage la candidate d'extrême droite totalise 24% des intentions de vote en sa faveur, quel que soit le candidat du PS: Dominique Strauss-Kahn, Martine Aubry ou François Hollande. Nicolas Sarkozy n'arriverait qu'en troisième position et serait donc éliminé dès le premier tour.

Copyright © Hortense Paillard / , Paris, mardi 08 mars 2011. Droits réservés pour tous pays. Toute reproduction totale ou partielle de cet article sur quelque support que ce soit est interdite.
Noël Blandin / La République des Lettres
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