Jane Russell

Jane Russell

Actrice de l'âge d'Or hollywoodien, Jane Russell -- Ernestine Jane Geraldine Russell pour l'état civil -- est née le 21 juin 1921 à Bemidji (Minnesota, Etats-Unis). Son père, Roy William Russell, ancien lieutenant dans l'armée américaine, est directeur d'une entreprise de savon. Sa mère, Geraldine Jacobi, descendante d'une famille allemande, a été dans sa jeunesse comédienne dans une troupe de théâtre ambulante.

Seule fille d'une fratrie de cinq enfants, Jane Russell passe son enfance d'abord au Canada, puis à Burbank, en Californie du Sud. Elle s'initie à la musique, à la danse et à l'art dramatique. Adolescente, elle se destine à la profession de styliste mais, à la mort de son père, en 1937, elle doit prendre un emploi de réceptionniste dans un cabinet dentaire. Elle commence parrallèlement à jouer dans une troupe de théâtre, aux côtés notamment de l'actrice russe Maria Ouspenskaïa. Elle devient également modèle pour un photographe de mode, Tom Kelley, spécialisé dans les photos de célébrités hollywoodiennes.

En 1940, Jane Russell signe un contrat avec le millionnaire excentrique Howard Hughes, subjugué par cette brune incandescente rencontrée, selon la légende, chez son dentiste. Le producteur l'utilise pour une série de clichés photographiques en bikini et en corsage décolleté où, à l'instar d'autres sex-symbol de l'époque comme Lana Turner et Rita Hayworth, elle affiche dans des poses sensuelles ses formes avantageuses (90D-61-91). Destinées à soutenir le moral des GIs pendant la Seconde guerre mondiale, ces photos font de Jane Russell la pin-up préférée des GI américains pendant la seconde guerre mondiale.

Elle débute véritablement au cinéma en 1943 dans The Outlaw (Le Banni), un western produit et réalisé par Howard Hughes. Sa beauté, et surtout sa poitrine largement mise en valeur par un soutien-gorge "aéro-dynamique" sans coutures ni bretelles spécialement conçu par le cinéaste, font sensation au point de faire censurer le film. The Outlaw ne sera autorisé au grand public qu'à partir de 1946.

En 1946, Jane Russell tourne un second film, L'Esclave du souvenir d'Edward L. Marin. L'année suivante, elle enregistre un disque avec l'orchestre de Kay Kyser: As Long As I Live. En 1948, elle joue dans Visage pâle de Norman Z. McLeod (1948, avec Bob Hope) où elle incarne Calamity Jane. Puis elle enchaîne les rôles dans Une veine de... d'Irving Cummings (1951, avec Frank Sinatra et Groucho Marx), Macao, Paradis des mauvais garçons de Josef von Sternberg (1952, avec Robert Mitchum), Fini de rire de John Farrow (1951), La Femme aux revolvers d'Allan Dwan (1952), Les hommes préfèrent les blondes d'Howard Hawks (1953, avec Marilyn Monroe), etc. L'immense succès de Les hommes préfèrent les blondes révèle au public son véritable talent de comédienne et de chanteuse.

French Line de Lloyd Bacon (1953), produit par Howard Hughes, la montre pour une dernière fois dans une tenue hautement érotique qui fera scandale. Elle continue à tourner: La Vénus des mers chaudes de John Sturges (1955), Les Implacables de Raoul Walsh (1955, avec Clark Gable), L'Ardente Gitane de Nicholas Ray (1956), Bungalow pour femmes de Raoul Walsh (1956),... Au total, elle aura tourné dans une vingtaine de films entre 1941 et 1957, pour la plupart des série B mais aussi quelques chef-d'oeuvre des plus grands cinéastes américains de l'époque.

En 1955, Jane Russell fonde avec son premier mari, l'ex-joueur de football américain Bob Waterfield, une maison de production baptisée Russ-Field, qui produira entre autres quelques films remarquables comme L'Ardente Gitane, Les Implacables et Bungalow pour femmes.

En 1957, elle délaisse les plateaux de cinéma pour la scène et débute à Las Vegas dans un numéro de music-hall. Elle reprend des rôles d'actrice dans les années '60, enchaînant quelques films, pièces de théâtre et comédies musicales: Janus (1961), Bells Are Ringing (1962), Fate Is the Hunter (où elle joue son propre rôle, 1964), Toute la ville est coupable (1965), Le Crédo de la violence (1967),..., mais on la voit surtout dans des spots publicitaires télévisés pour des soutiens-gorge. En 1971, elle joue encore dans une comédie musicale intitlée Company on Broadway.

Côté vie privée, après Bob Waterfield (épousé en avril 1943, divorcé en juillet 1968), Jane Russell se remarie en 1968 avec l'acteur Roger Barrett qui succombera à une crise cardiaque quelques mois plus tard. Elle aura un troisième mari, l'agent immobilier John Calvin Peoples, épousé en 1974, avec qui elle vivra à Sedona (Arizona) jusqu'au décès de ce dernier, en 1999. "Je suis née pour le mariage. La vie de famille est un soutien en toutes circonstances. Ça, et ma foi en Jésus", confiera-t-elle plus tard dans une interview.

Dans My Path and My Detours, son autobiographie publiée en 1985, Jane Russell révèle qu'elle a été enceinte à l'âge de 19 ans mais s'est fait avortée clandestinement dans de très mauvaises conditions. Elle fut par la suite incapable d'enfanter et milita activement contre l'IVG. Avec Bob Waterfield, elle adopta plusieurs enfants: Tracy et Thomas en 1952 et Robert John en 1956. Elle fonda également en 1955 le World Adoption International Fund (WAIF), destiné à faciliter les adoptions d'enfants orphelins.

Dans la même autobiographie, elle avoue également qu'elle était alcoolique dès son adolescence, qu'elle a subi deux tentatives de viol et que son premier divorce a été causé par l'adultère.

Malgré son image de sex-symbol, cette militante de l'ordre moral n'a cependant jamais été éclaboussée par un quelconque scandale. Républicaine et fervente chrétienne, elle a activement soutenu tout au long de sa carrière les campagnes électorales des candidats conservateurs et s'est beaucoup investie dans un groupe de prière, le Hollywood Christian Group, qui rassemblait de nombreuses personnalités du monde culturel et politique américain. À la fin de sa vie, elle se décrivait elle-même avec un certain humour comme une "vieille actrice réactionnaire et étroite d'esprit".

Jane Russell est morte le 28 février 2011 dans sa villa de Santa Barbara, près de Los Angeles (Californie), à l'âge de 89 ans. Une étoile lui est dédiée au Hall of Fame d'Hollywood Boulevard.

Copyright © Virginie Kramer / republique-des-lettres.fr, Paris, lundi 8 août 2016. Droits réservés pour tous pays. Toute reproduction totale ou partielle de cet article sur quelque support que ce soit est interdite.
Noël Blandin / La République des Lettres
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