Festival BD d'Angoulême

Festival BD d'Angoulême

Le 38e Festival International de la Bande Dessinée (FIBD), principal rendez-vous des amateurs du 9e art, tient portes ouvertes à Angoulême du 27 au 30 janvier.

Encore une fois, plusieurs centaines d'auteurs seront présents sur place et les animations nombreuses, réflétant le dynamisme de ce secteur de l'édition française qui a publié en 2010 pas moins de 4.600 nouveaux albums pour un chiffre d'affaires de 313,3 millions d'euros. Pour Benoît Mouchart, directeur artistique du Festival depuis 2003, le secteur souffre d'une surproduction "mais il y a beaucoup d'auteurs émergents passionnants" et le Festival d'Angoulême a pour objectif de "témoigner de la formidable diversité culturelle de la bande dessinée en France mais aussi sur tous les continents".

Plus internationale et plus éclectique que jamais, cette 38e édition attend comme chaque année quelque 200.000 visiteurs bédéphiles à qui elle propose un tour de la planète BD à travers une foultidude de rendez-vous et d'espaces thématiques ouverts dans toute la ville d'Angoulême et même au-delà: expositions ("Le Monde de Troy" de Christophe Arleston et Didier Tarquin, "Parodies", "Debout les Damnés de la Terre" de Baru, "La Petite Histoire des colonies françaises", les 60 ans de "Snoopy & les Peanuts" de Charles Schulz, "L'Egypte" d'Isabelle Dethan, "Génération spontanée" sur la nouvelle BD belge francophone,...), spectacles (les très populaires "Concerts de dessins" cette année avec le groupe "Heavy Trash", le one man show "Je vais le dire à ma mère" de Philippe Geluck ou encore la chanteuse Fatoumata Diawara), séances de dédicaces (non seulement d'albums et d'affiches mais aussi de préservatifs), salon des éditeurs, animations multimédias, ateliers, espace "Jeunes talents", projections de films (avant-première de la très attendue adaptation de la BD de Francq et Van Hamme, Largo Winch), marché des droits de l'image, conférences et rencontres-débats avec entre autres Philippe Druillet, Baru, Riyoko Ikeda -- auteur de La rose de Versailles devenu Lady Oscar en dessin animé --, Jean-Pierre Dionnet, Christian Lax, Enki Bilal, Zep, José Munoz, Jean Giraud alias Moebius, Nine Antico, Michel Rabagliati, Pénélope Bagieu, Jean Van Hamme, Manu Larcenet, Étienne Davodeau, etc.

Les fans croiseront dans les allées des dessinateurs africains, allemands, américains ou japonais -- venus comme d'habitude en nombre avec leurs mangas à succès -- mais surtout bien entendu les grandes signatures classiques françaises ou belges du moment, auteurs renommés et outsiders de la nouvelle génération de fanzineux et alternatifs de tous poils.

Qu'il s'agisse de la sélection officielle -- 86 albums en compétition, publiés par 42 éditeurs différents -- ou des sélections patrimoine ou jeunesse, l'affiche fait preuve d'une haute tenue, d'une qualité indéniable, d'où il est possible de dégager trois grandes tendances: la BD américaine indépendante, l'histoire en BD et le manga comme art à part entière.

Si la bande dessinée américaine, du comics au graphic novel, a toujours été bien représentée au Festival d'Angoulême, elle explose cette année avec des titres à la fois exigeants et indépendants. Auteur du chef-d'oeuvre Ghost World, Daniel Clowes est de retour avec un loser magnifique dans Wilson (Éditions Cornélius), de même que Charles Burns avec son hommage halluciné à Tintin dans Toxic (Éditions Cornélius). Sans oublier Asterios Polyp de David Mazzucchelli (Éditions Casterman), et son intellectuel en crise morale et personnelle, déjà grand prix de la critique 2011.

La bande dessinée propose une manière ludique mais non moins sérieuse de découvrir et d'appréhender l'Histoire avec un grand H. Ainsi du destin du ferrailleur Joseph Joanovici pendant la Seconde Guerre mondiale dans Il était une fois en France (Éditions Glénat), du reportage de Joe Sacco sur le massacre de civils palestiniens par Israël dans Gaza 1956 (Éditions Futuropolis) ou du cafouillage très comédie noire qui suit l'attaque cérébrale du "Petit Père des peuples" dans La mort de Staline. A ranger à côté, voire à la place, de vos livres scolaires.

Il est bien révolu le temps où le manga était regardé d'un mauvais oeil. Aujourd'hui, il truste les classements des ventes de bandes dessinées et s'invite en compétition dans toutes les sélections. En jeunesse avec le chouchou Naruto (Éditions Kana) comme en patrimoine avec Ashita no Joe (Édition Glénat), saga phénomène sur un jeune voyou devenu star de la boxe. Sans oublier La chenille (Éditions Lézard Noir) qui adapte l'écrivain culte Edogawa Rampo ou encore Pluto, une version pour le moins originale d'Astro le petit robot.

Hervé Barulea, dit Baru, Grand Prix en 2010, succède cette année à Blutch pour la présidence du jury. Ce dessinateur atypique qui place le rendez-vous 2011 sous le signe du social -- son expo Debout les Damnés de la Terre -- et du rock'n roll -- son CD Rock'n Roll antédiluvien qui compile "31 rocks du fond des âges" -- saura sans aucun doute récompenser les jeunes talents les plus prometteurs et permettre ainsi à la manifestation de conserver sa réputation de tremplin pour la gloire dans le cadre d'une compétition exigeante. Outre le Grand Prix proclamé dimanche, quelque dix autres prix, les "Fauves d"Angoulême", seront également décernés, dont sept attribués par le grand jury.

Fondé en 1972 par un petit trio d'amateurs (Francis Groux, Jean Mardikian et Claude Moliterni) sous forme d'une simple exposition intitulée à l'origine 10 millions d'images, le Festival International de la Bande Dessinée d'Angoulême (FIBD) est devenu aujourd'hui le plus ancien et le plus important rendez-vous annuel du neuvième art et la troisième manifestation culturelle en France après le Festival de Cannes consacré au cinéma et le Festival d'Avignon dédié lui au Théâtre. Il a véritablement pris son essor à partir de 1974 lorsque la municipalité d'Angoulême a décidé d'en faire un Salon dédié à la BD et qu'ont été créés les fameux trophées Alph'Art, décernés au fil des ans à des auteurs devenus depuis très renommés. Avec ce Festival qu'elle subventionne à hauteur d'un million d'euros mais qui attire chaque année quelque 200.000 visiteurs, son Centre National de la Bande Dessinée et de l'Image (CNBDI) et le prestigieux Grand Prix, la ville d'Angoulême est devenue la capitale mondiale de la Bande Dessinée.

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Festival International de la Bande Dessinée du 27 au 30 janvier 2011. 9e Art+, 71 rue Hergé 16000 Angoulême, Tél: 0545978650.

Copyright © Marianne Vatoutine / republique-des-lettres.fr, Paris, jeudi 27 janvier 2011. Droits réservés pour tous pays. Toute reproduction totale ou partielle de cet article sur quelque support que ce soit est interdite.
Noël Blandin / La République des Lettres
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