Bret Easton Ellis

Bret Easton Ellis

Vingt-cinq ans après Moins que zéro, Bret Easton Ellis retrouve les héros paumés de son premier roman. Avec Suite(s) impériale(s), l'icône de la génération littéraire des années '80 livre aujourd'hui un roman noir hollywoodien doublé d'un terrifiant portrait de l'âme humaine.

Clay, la quarantaine, scénariste de films, revient dans la ville de Los Angeles. Lorsqu'il fait la rencontre de Rain, actrice à la recherche de rôles avec laquelle il entame une liaison, tout bascule. Traqué, il revoit d'anciennes connaissances devenues suspectes, alors qu'une vague de meurtres déferle sur la ville.

Pourquoi retrouver Clay, le héros de Moins que zéro ?

Bret Easton Ellis : A l'époque où j'écrivais Lunar Park, j'ai dû relire les oeuvres de mon alter ego, "Bret Easton Ellis", narrateur de Lunar Park. Deux ou trois jours après l'avoir relu, je me suis tout à coup demandé ce qu'aurait bien pu devenir Clay. Je ne l'ai donc pas perçu comme une suite de Moins que zéro, mais comme une nouvelle description de ce personnage.

Avez-vous conscience d'être un des rares écrivains vivants à exister en tant qu'icône ?

Bret Easton Ellis : J'ai pu voir que, dans le cadre de ma tournée mondiale, j'étais souvent le plus vieux de la pièce ! J'imagine donc qu'il y a une nouvelle génération de lecteurs qui me découvre, j'en suis très surpris. Ce statut d'icône n'existe plus lorsque je suis à Los Angeles avec mes amis. En revanche, je m'en rends bien compte ici. C'est très mauvais pour mon ego, car il est caressé dans le sens du poil ! Et cela entre en conflit avec ce problème d'estime de moi qui m'empêche d'apprécier pleinement cela. Peut-être cela me sauve-t-il, d'ailleurs ?

Vos romans sont des critiques sociales, mais celui-ci est très introspectif...

Bret Easton Ellis : Je suis très étonné que, dans mes écrits, les gens voient une dimension critique globale de la société, alors qu'au départ, c'est la description d'une douleur personnelle. Et pourtant, bizarrement, c'est cela qui a fait de moi une icône ! Avant, j'allais dans le sens de ce qu'on pensait de mes livres; maintenant, je ne peux plus cacher cette réalité. Je pense que je ne pourrais plus écrire comme je l'ai fait auparavant. Je vois ce livre comme la fin d'un cycle. Ce n'est pas une décision de ma part, c'est un ressenti.

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Bret Easton Ellis, Suite(s) impériale(s) (Éditions Robert Laffont)

Copyright © Jean Bruno / republique-des-lettres.fr, Paris, mardi 12 octobre 2010. Droits réservés pour tous pays. Toute reproduction totale ou partielle de cet article sur quelque support que ce soit est interdite.
Noël Blandin / La République des Lettres
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