César (Sculpteur)

César (Sculpteur)

César Baldaccini, dit César, est un sculpteur français né à Marseille le 1er janvier 1921. Ses parents, Omer et Leila Baldaccini, d'origine italienne, tiennent un modeste café dans le quartier populaire de la Belle-de-Mai.

À partir de 1935, César suit les cours de l'École des Beaux-Arts de Marseille puis intègre en 1943 l'École Nationale Supérieure des Beaux Arts de Paris, où il restera inscrit jusqu'en 1955. "J'ai traîné à l'école pendant plusieurs années. [...] Où voulez-vous aller ? L'école c'est un lieu où on a des possibilités disons matérielles: vous rencontrez des copains, vous avez des restaurants universitaires, vous avez un service social... disons que c'est un peu comme une famille. Il y avait aussi la période 39-45 qui faisait automatiquement des étudiants attardés", dira-t-il plus tard.

En 1945, César épouse Maria Astruc, dont il divorcera en 1959. À partir de 1947 il commence à réaliser dans son atelier de la rue de l'Échaudé quelques premières sculptures en plâtre. En 1949, il obtient une bourse qui lui permet de visiter Pompéï, en Italie, où il découvrira les célèbres moulages qui influenceront son futur travail.

Pour des raisons économiques, ne pouvant s'offrir du marbre ou du bronze, César utilise bientôt des matériaux de récupération trouvés dans des décharges et réalise des sculptures avec des morceaux de plomb et du fil de fer tressé. "Le marbre de Carrare était trop cher, la vieille ferraille traînait partout. Je suis devenu sculpteur parce que j'étais pauvre !" En 1951, il réalise, en collaboration avec son condisciple des Beaux-Arts Michel Guinoun, un bas-relief monumental en pierre pour le centre de rééducation de Celleneuve. En 1952, à Trans-en-Provence , il fait ses premiers essais de soudure à l'arc et réalise une première grande sculpture en ferrailles appelée Vénus de Villetaneuse. La plupart des sculptures qui suivront naîtront à Villetaneuse grâce au soutien d'un industriel local, Léon Jacques, propriétaire de l'usine de meubles métalliques "Matériel Malma" où César disposera à loisir d'un atelier. De 1952 à 1965, il y créera à la soudure à l'arc quelque 300 oeuvres dont d'inquiétantes figurations (Le Diable, 1956; La Tortue, 1958).

En 1954, César expose à la galerie Lucien Durand de Paris et obtient le "Prix des Trois Arts" de l'École des Beaux-Arts pour une sculpture de 3,40 mètres de long intitulée Le Poisson. En 1955, il expose au Salon de Mai de Paris puis participe l'année suivante à la biennale de Venise. De 1957 à 1960, il expose à la galerie Claude Bernard de Paris et au Museum of Modern Art de New York, au Musée d'Art et d'Industrie de Saint Etienne, au Minneapolis Institute of Art et au Musée Cantini de Marseille. Parralèlement, il participe à la Biennale de Sao Paulo et à la Documenta de Kassel (Allemagne). En 1958, il obtient à Pittsburgh (Etats-Unis) le troisième prix du Carnegie Institute, suivi de la médaille d'argent de l'Exposition Internationale de Sculpture de Bruxelles (Belgique). Il signe en 1960 un contrat d'exclusivité partagé entre la galerie Claude Bernard de Paris (qui le représentera jusqu'en 1967) et la Hanover Gallery de Londres. Sa carrière de sculpteur est lancée.

En 1961, après avoir épousé sa seconde femme, Rosine Groult, qui lui donnera une fille prénommée Anna, César voyage aux Etats Unis. Il rejoint avec Mimmo Rotella les "Nouveaux Réalistes", groupe fondé par Arman, François Dufrêne, Raymond Hains, Martial Raysse, Daniel Spoerri, Jean Tinguely, Jacques de la Villéglé, Yves Klein et Pierre Restany, rejoints plus tard par Niki de Saint Phalle, Gérard Deschamps et Christo. Par défi envers la société de consommation, il conduit le processus d'assemblage des matériaux à des conséquences extrêmes et parvient aux fameuses "Compressions" réalisées à partir de carosseries d'automobiles. Au Salon de Mai, il fait scandale en exposant une oeuvre intitulée Trois tonnes, constituée de trois voitures compressées à l'aide d'une presse hydraulique industrielle. Plusieurs voitures (La Sunbeam, La Zim, La Facel Vega) connaitront le même sort, dont une offerte par la vicomtesse de Noailles et d'autres pilotées par Ari Vatanen dans des rallyes automobiles (Les Championnes, 1986). Il compressera ainsi toutes sortes de métaux ferreux (Ricard, 1962), mais aussi des tissus, des papiers, et même des bijoux en or pour femmes du monde. En 1963, il participe à l'exposition intitulée "Trois sculpteurs: César, Roël d'Haëse, Ipoustéguy" à la galerie Claude Bernard. Ce travail sur les compressions prend fin en 1965 avec une dernière sculpture, La Victoire de Villetaneuse, dévoilée à l'exposition "César, Roël d'Haese, Tinguely" du Musée des Arts Décoratifs de Paris.

1965 est aussi l'année de la première et sans doute la plus célèbre "Expansion" de César, Le Pouce, une empreinte de son pouce qui sera reproduite et agrandie à de multiples reprises, notamment en bronze de 6 m de haut à l'occasion des Jeux olympiques de Séoul de 1988. En 1967, il présente au Salon de Mai La grande expansion orange, réalisée en polyuréthane. Le sculpteur expérimente alors diverses techniques comme la galvanoplastie et de nouveaux matériaux modernes comme le polyester, la mousse de polyuréthane, le cristal ou le nickel. La même année, il réalise six exemplaires du Sein, un moulage anatomique en polyester de 82 x 193 x 266 cm. À partir de 1969, ses "expansions" reçoivent un traitement de surface à base de laquage vinylique. En 1970, il réalise Le Poing, une sculpture monumentale de sept tonnes d'acier inoxydable fondu, aujourd'hui installée à l'École militaire de Saint-Cyr.

En 1970, César est nommé Professeur Chef d'Atelier à l'Ecole Nationale des Beaux Arts de Paris où il enseignera jusqu'en 1986. En 1975, il conçoit une compression, le César du cinéma, trophée qui récompense désormais chaque année les professionnels du cinéma français. En 1976, il reçoit la Légion d'honneur, suivie en 1980 du Grand Prix national des Arts pour la sculpture et du Grand Prix des Arts de la Ville de Paris. En 1982, il reçoit les insignes d'officier dans l'Ordre national du Mérite; en 1984 il est fait Commandeur des Arts et Lettres; en 1988 il reçoit le Prix Rodin.

Dans les années '80, le sculpteur, désormais universellement connu dans le monde entier, réalise notamment un Centaure de 4,70 mètres de haut en hommage à Picasso puis un Hommage à Eiffel, une plaque de 18 mètres de haut et de 500 tonnes créée à partir de poutrelles issues des travaux d'allégement de la Tour Eiffel. Stéphanie Busuttil devient sa collaboratrice et sa dernière compagne (cette dernière, gérante de son oeuvre et dépositaire de son droit moral d'artiste, sera impliquée en 2008 avec les autres héritiers et les exécuteurs testamentaires de César dans une affaire de dégrèvement fiscal douteux effectué par le ministre du buget Eric Woerth).

Suivront dans les années '90 un Flying French man pour la Ville de Hong Kong et L'Homme de la liberté pour la ville de Lyon. César reçoit la Grand Croix d'Officier de la Légion d'honneur en 1993. En 1994, a lieu l'inauguration de son Pouce de 12 mètres de haut à La Défense. En 1995, il représente la France à la 46e Biennale de Venise. De grandes rétrospectives de son oeuvre ont lieu à Paris, Marseille, Malmö, Milan, San Paolo, Séoul, Mexico, Montevideo, etc. Une exposition de ses dernières oeuvres, des bronzes soudés intitulés Autoportraits, a lieu en 1998 à la Galerie Claude Bernard de Paris.

César Baldaccini décède à Paris le 6 décembre 1998, à l'âge de 77 ans.

Copyright © Laura Pujol / republique-des-lettres.fr, Paris, lundi 8 août 2016. Droits réservés pour tous pays. Toute reproduction totale ou partielle de cet article sur quelque support que ce soit est interdite.
Noël Blandin / La République des Lettres
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