Voix emblématique de France Inter, membre du jury du prix Femina, Paula Jacques prouve depuis près de trente ans à travers ses romans qu'elle possède également une plume opportuniste sachant surfer sur l'air du temps. Expulsée d'Egypte avec sa famille en 1957, la romancière sait se servir de sa propre histoire imbriquée à celle, complexe, de ce pays, comme moteur de ses écrits. Tel est le cas pour Kayro Jacobi, juste avant l'oubli, un roman au sujet quelque peu racoleur qui ne peut que plaire au sérail médiatico-littéraire.
Le Caire, 1952. Alors que le racisme anti-juif augmente sous le gouvernement du méchant arabe Nasser, Kayro Jacobi, réalisateur de mélodrames à succès, se voit malmené par un journaliste antisémite. Entrecoupant son récit de "témoignages" des proches de ce cinéaste imaginaire, Paula Jacques refait vivre l'atmosphère du Caire du début des années 1950, jusqu'à la crise du canal de Suez et l'expulsion des juifs d'Egypte. Alors que tout semble revenir dans l'ordre après les incendies qui ont ravagé les lieux de culture de la ville, une page du pays d'Oum Kalsoum et de Youssef Chahine se tourne ici.
Rien de nostalgique pourtant chez l'auteur de Lumière de l'oeil, qui prétend rendre hommage au cinéma de son pays, mais aussi à sa culture riche de si nombreuses influences.
-----
Paula Jacques, Kayro Jacobi, juste avant l'oubli (Éditions Mercure de France).