Après s'être penché sur les coulisses de l'Initiative de Genève, visant à mettre fin au conflit israélo-palestinien, avec son film L'accord en 2005, le réalisateur suisse Nicolas Wadimoff aborde à nouveau le sujet avec un documentaire intitulé Aisheen (chroniques de Gaza).
"Elle est où la cité des fantômes ? demande un enfant au gardien d'un parc d'attractions. Elle est juste là mais elle a été bombardée... Tu veux la voir ?" C'est par ces mots, et sur des images de décombres s'étendant à l'infini, que s'ouvre son film. Cette ville fantôme, c'est Gaza. La caméra du réalisateur montre la population locale, quelques jours après le plus gros des bombardements israéliens, en janvier 2009. Il recueille les témoignages des sinistrés. "On s'attend à mourir n'importe quand..."
Le documentaire montre des moments de la vie quotidienne, mais explore aussi des endroits insolites, comme le zoo habité par des animaux morts de faim ou empaillés, le tout sans faire intervenir de voix off, les images se suffisant à elles-mêmes. Terrible séquence parmi d'autres, celle d'enfants réunis dans les ruines d'une école dont le regard trahit une peur viscérale, mais auxquels deux clowns parviennent à arracher des sourires.
Le film montre aussi comment certains adolescents aspirent à devenir martyrs par vengeance, comme ce jeune homme brûlé qui raconte la mort de son cousin, opposant une inhumanité à l'inhumanité de l'Etat juif.
Bouleversant, Aisheen, qui tient son titre d'une expression arabe signifiant "toujours vivant", au-delà des considérations politiques et/ou religieuses, s'attache avant tout à montrer le combat pour la survie d'êtres humains plongés dans le chaos.
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Nicolas Wadimoff, Aisheen, chroniques de Gaza.