Un mari, un amant, une femme infidèle. Le schéma est on ne peut plus classique, mais Harold Pinter sait à merveille le réinventer. Sous la plume du dramaturge anglais, l'infidélité devient trahisons, et c'est avec un humour acide qu'elle devient une pièce de théâtre originale et enlevée.
Sur la scène des Déchargeurs, Laetitia de Fombelle, Philippe Hérisson et Philippe de la Villardière donnent à ce drame bourgeois tout son sel, où l'amour adultère tient le rôle principal. C'est par la fin que tout commence. Dans un décor réduit à son strict minimum, une femme revoit son ex-amant, qui est aussi le meilleur ami de son ex-mari. Ils n'ont plus grand-chose à se dire, quelques banalités sont échangées, l'émotion est là, mais la passion n'est plus. Comment en sont-ils arrivés là ?
La mise en scène, signée Serge Onteniente, plonge alors les spectateurs deux ans en arrière, au moment où les amants se sont séparés, puis à nouveau deux ans avant, au temps où ils s'aimaient, et ainsi de suite, jusqu'au moment de leur rencontre. Contée à rebours, cette histoire d'amour coupable devient presque normale. Et c'est cette tolérance qui fait toute la force de la pièce. Les hommes y assument leur lâcheté, les femmes leur coup de foudre. Ils sont injustes. Et alors ?
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Harold Pinter, Trahisons, mis en scène par Serge Onteniente, jusqu'au 8 mai 2010 au théâtre Les Déchargeurs, 3 rue des déchargeurs 75001 Paris, Tél: 0892701228.