Willy Ronis

Willy Ronis

Sept mois après sa disparition, Willy Ronis fait l'objet d'une grande rétrospective à la Monnaie de Paris. Cent cinquante clichés célèbres et des images inédites rendent hommage au talent de ce photographe humaniste, décédé en septembre 2009, pour qui "Avant le moment juste du déclic c'est trop tôt, après c'est trop tard".

L'été dernier, aux Rencontres photographiques d'Arles où l'on exposait ses clichés, le photographe s'était étonné que l'on n'ait pas attendu son centenaire pour lui consacrer une rétrospective. Cette exposition pour un centième anniversaire est aujourd'hui réalisée de manière posthume à la Monnaie de Paris avec l'exposition Willy Ronis, une poétique de l'engagement.

Cent-cinquante photographies permettent de (re)découvrir sa carrière. Des clichés très célèbres comme Le petit Parisien (1952), ce gamin en culottes courtes tenant dans ses mains une baguette de pain plus grande que lui, ou Les amoureux de la Bastille (1957), côtoient des images inédites, notamment un reportage sur Londres de 1955, encore jamais montré au public. Mais on retrouve surtout les principaux thèmes qui ont nourri l'oeuvre de ce citoyen engagé et voyageur au long cours.

Dès 1934, avant même d'embrasser la profession de reporter, Willy Ronis descend dans la rue pour photographier les manifestations ouvrières. En 1938, il s'intéresse aux ouvriers des usines Citroën. Dix ans plus tard, il braque son objectif sur les mineurs de Saint- Etienne. Témoin de leurs revendications, Willy Ronis est également admiratif de leur savoir-faire. Les clichés rapportés d'une usine textile du Haut-Rhin, en 1947, comme ceux de la cristallerie Baccarat, semblent glorifier le travail et sublimer l'harmonie entre le travailleur et ses outils.

"L'aventure ne se mesure pas au nombre de kilomètres", affirmait-il. Né à Paris, il y a fait ses premières photos et aussi certains de ses plus célèbres clichés. Mais ce ne fut pas son seul terrain de jeu. Au fil des salles, le visiteur rencontre des Hollandaises en costume traditionnel, une petite fille à Venise, des camions de pompiers à New York ou encore la vie en RDA en 1967.

Certaines photos exposées sont des instantanés de la vie privée du photographe. La plus célèbre étant sans doute Le nu provençal prise à Gordes (Vaucluse) en 1949. On y voit son épouse Marie-Anne de dos en train de se laver le visage dans une salle de bains dépouillée. Son beau-fils, Vincent, apparaît aussi souvent. Jouant avec sa mère dans un champ recouvert de neige pendant l'hiver 1952, ou en maillot de bain en train de lancer un avion.

Willy Ronis n'est plus là pour parler de son travail, mais il a laissé derrière lui beaucoup de notes, et il a légendé lui-même de nombreuses photographies. Une vidéo-entretien tournée au printemps dernier clôt l'exposition. On y retrouve l'homme alerte et enthousiaste qu'il a été jusqu'à sa mort. "La photographie c'est le regard. On l'a ou on ne l'a pas", disait-il. Jusqu'aux derniers jours, cette passion est restée visible dans ses yeux.

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Exposition Willy Ronis, une poétique de l'engagement, jusqu'au 22 août 2010 à La Monnaie de Paris, 11 quai de Conti 75006 Paris, Tél: 0140465666.

Copyright © Marie Métairie / republique-des-lettres.fr, Paris, mercredi 28 avril 2010. Droits réservés pour tous pays. Toute reproduction totale ou partielle de cet article sur quelque support que ce soit est interdite.
Noël Blandin / La République des Lettres
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