Cela fait presque dix ans que Jean-Jacques Schuhl a disparu de la scène littéraire. Depuis 2000 exactement, année où il reçut le prix Goncourt pour Ingrid Caven, un roman sur l'actrice et chanteuse allemande, qui est également sa compagne.
Que ceux qui comptaient sur l'auteur pour livrer un roman classique avec son lot d'intrigues et de dénouements passent leur chemin. A la lecture de ce singulier Entrée des fantômes (clin d'oeil au dernier roman de Philip Roth, Exit le fantôme ?), force est de constater que Jean-Jacques Schuhl est un amoureux de la beauté sous toutes ses formes. Ici, il est d'abord question d'une femme, un top model en prise avec un "stylo magique" dans une limousine filant dans la nuit. Mais, très vite, l'écrivain lâche cette histoire pour nous inviter au côté de l'auteur lui-même.
Jean-Jacques Schuhl se met alors en scène au travers des rencontres qui ont émaillé sa vie, comme celles du cinéaste chilien Raul Ruiz, d'un médecin le prenant pour un fou (l'écrivain souffre de problèmes articulatoires), d'un producteur (Mazar, derrière qui se dessine la figure de Jean-Pierre Rassam), ou encore d'un restaurateur chinois. C'est avec autant de gravité que d'insouciance que ce dandy parisien -- "Frankenstein-le-dandy", comme il se désigne ici eu égard à sa démarche boiteuse -- nous ouvre les portes d'un univers aussi riche qu'inspiré.
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Jean-Jacques Schuhl, Entrée des fantômes (Éditions Gallimard).