Vingt ans après le sombre Et l'âne vit l'ange, paru en France aux éditions du Serpent à Plumes, Nick Cave, le leader des Bad Seeds revient à la littérature. Présenté en Europe grâce à une tournée de lecture et de musique live qui fit halte au Théâtre Marigny en octobre dernier, Mort de Bunny Munro a été écrit il y a huit ans.
Nick Cave y dépeint la descente aux enfers d'un VRP en produits de beauté qui, après le suicide de sa femme, embarque son fils de huit ans dans ses tournées. Alcoolique, obsédé sexuel, voleur à l'occasion, Bunny Munro est bien loin d'être le bon exemple qu'il souhaite être pour Bunny Munro Junior, qui pourtant le vénère et marche dans chacun de ses pas. D'hôtel en hôtel, le garçon attend son père dans la vieille Punto jaune, essayant de comprendre quel but il poursuit.
On retrouve dans cet ouvrage glauque à souhait la noirceur et le désenchantement caractéristiques de l'univers musical du songwriter australien. L'humanité semble un gouffre sans fond, peuplé d'êtres sans âme à la recherche d'une vie hédoniste. La figure d'un serial killer cornu arpentant le pays vers le sud, et dont le personnage principal entend parler par les médias, incarne à ce titre la folie des hommes, tandis que l'innocence, ici Bunny Munro Junior, tente en vain de comprendre ce monde d'adultes pour ne pas trop en prendre le chemin.
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Nick Cave : Mort de Bunny Munro (Éditions Flammarion).