Chaque année, les pronostics vont bon train quant à l'attribution du prix Nobel de littérature à la romancière américaine Joyce Carol Oates. Mais son oeuvre exigeante, riche de près de soixante-dix titres, ne semble étonnamment pas avoir encore convaincu l'Académie suédoise. Seulement six mois après la parution du premier tome de son journal, la romancière américaine sort deux titres aux éditions Philippe Rey: un recueil de nouvelles, Vallée de la mort et surtout Fille noire, fille blanche, roman poignant sur le destin de deux jeunes femmes, étudiantes dans les années 1970 dans une prestigieuse université du nord des Etats-Unis. Les deux jeunes femmes sont camarades de chambre. Pourtant, un fossé les sépare.
Genna est blanche, joviale, hypersensible, descendante du créateur de l'université et fille d'un avocat activiste d'extrême gauche surveillé par le FBI. Minette est noire, fille de pasteur, boulimique, renfermée et dévote. Si, dès les premières lignes, Joyce Carol Oates distille un certain suspense (l'une des deux jeunes femmes va mourir), la romancière va, au fil des pages, fouiller les consciences. Alors que Minette glisse dans la paranoïa, Genna est écrasée par le prestige familial et les idéaux de son père. Un livre superbe qui dresse le tableau d'une Amérique à l'actualité encore vivace.
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Joyce Carol Oates, Fille noire, fille blanche. Vallée de la mort (Éditions Philippe Rey).