Depuis ses débuts précoces à l'âge de 17 ans, Marie NDiaye est l'une des romancières françaises les plus brillantes. Prix Femina pour Rosie Carpe (Éditions de Minuit) en 2001, elle est aussi la seule femme vivante à figurer au répertoire de la Comédie-Française. Avec Trois femmes puissantes, Marie NDiaye réussit un tour de force. Cette oeuvre exigeante est composée de trois microromans, en apparence sans lien entre eux. Dans la première histoire, Norah revient en Afrique (probablement à Dakar), pleine de ressentiments, rappelée par un père qui n'a eu de cesse de l'humilier. Dans le récit central, il s'agit de Fanta, cette fois esquissée à travers la figure de son mari français, qui l'a ramenée d'Afrique pour la faire vivre, malheureuse et recluse, avec son fils en Gironde. Puis vient le destin de Khady Demba. Rejetée par sa belle famille à la mort de son mari, elle subira la prostitution, la maltraitance des uns et l'oppression de tous pour tenter de rejoindre, en vain, l'Europe. Avec ces trois destins de femmes, la romancière décrit des êtres en proie à leurs feux intérieurs. Et à une réalité souvent très crue, voire organique, elle sait opposer les visions les plus oniriques. Dans ses pages, les anges gardiens veillent et les hommes s'endorment dans les branches des arbres tropicaux. Histoires, style et transgression du propos: tout est ici maîtrisé de bout en bout.
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Marie NDiaye, Trois femmes puissantes (Éditions Gallimard).