Marbres du Parthénon

Marbres du Parthénon

L'inauguration à Athènes du tout nouveau Musée de l'Acropole a relancé la bataille pour le rapatriement des marbres du Parthénon, un contentieux ancien qui oppose la Grèce au Royaume-Uni.

Datant du 5e siècle avant notre ère, la frise ionique du Parthénon fût en effet arrachée en 1803 par Lord Elgin, ex-ambassadeur britannique à Constantinople, avec l'autorisation de l'Empire ottoman dont la tutelle s'étendait alors sur la Grèce. 56 plaques de marbre de la frise orientale, d'une longueur totale de 75 m, ainsi que 15 métopes, une douzaine de statues et une cariatide fûrent expédiées en Ecosse pour être exposées au palais du diplomate. En 1816, Lord Elgin vendit les marbres du Parthénon au gouvernement britannique qui les rétrocéda à perpétuité au British Museum de Londres. Près de deux siècles plus tard, en 1981, la chanteuse Melina Mercouri, alors ministre de la Culture du nouveau gouvernement socialiste grec, réclama la restitution des marbres. Depuis, tous les gouvernements grecs successifs réitèrèrent en vain la demande auprès du Royaume-Uni. Ils ne réclament que la frise du Parthénon, afin de pouvoir exposer ce chef-d'oeuvre de l'Antiquité dans son ensemble, et non les autres trésors emportés par lord Elgin ou les statues comme la Vénus de Milo et la Victoire de Samothrace, exposées elles au Musée du Louvre de Paris. Le British Museum répond invariablement que sa partie des marbres du Parthénon a été acquise légalement et qu'il n'y a aucune raison de la rendre à la Grèce tant qu'un texte de loi du gouvernement britannique ne déciderait pas officiellement d'une restitution.

Le Musée de l'Acropole, lancé également par Melina Mercouri dans les années '80, a notamment pour but d'exposer la frise du Parthénon en entier et dans un environnement parfait, ceci afin de vaincre les réticences britanniques. Une salle dédiée, dite "salle du Parthénon", a d'ailleurs été conçue spécialement pour accueillir les célèbres marbres. Lors de l'inauguration, le président de la République Carolos Papoulias, le premier ministre Costas Karamanlis et le ministre de la culture Antonis Samaras ont tour à tour réclamé le retour de l'oeuvre devant plusieurs personnalités, dont le président de la Commission européenne José Manuel Barroso, le directeur de l'Unesco Koïchiro Matsuura et de nombreux chefs d'Etat ou de gouvernement européens. Pour Costas Karamanlis, "le nouveau musée de l'Acropole symbolise l'arche qui réunit toutes les oeuvres qui ont fait le Parthénon depuis l'Antiquité, il représente l'expression vivante du pouvoir de la culture mondiale et il réclame la réunification des marbres du Parthénon, parce que les marbres du Parthénon n'ont un sens que dans leur totalité". Mais la bataille n'est pas gagnée pour autant. Le British Museum indique qu'il n'est pas opposé à d'éventuelles discussions en vue d'un prêt réciproque, mais en aucun cas d'une retrocession permanente des marbres. L'Unesco est censée servir de médiateur pour trouver une solution. En attendant, seule une partie de la frise originale est exposée au musée, les sections manquantes ayant été remplacées par des moulages en plâtre.

Réalisé par l'architecte franco-suisse Bernard Tschumi, le Musée de l'Acropole, situé en bas du rocher de l'Acropole, est un bâtiment ultra-moderne en verre de 25.000 mètres carré, dont 14.000 m2 de salles d'exposition, destiné à exposer les sculptures du célèbre site grec antique. Outre la salle des marbres du Parthénon, il rassemble au total quelque 4.000 objets et oeuvres d'art datant de 1000 avant J.-C. à 700 après J.-C.

Copyright © Laura Pujol / republique-des-lettres.fr, Paris, lundi 22 juin 2009. Droits réservés pour tous pays. Toute reproduction totale ou partielle de cet article sur quelque support que ce soit est interdite.
Noël Blandin / La République des Lettres
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