Hugo Chavez

Après l'Europe il y a deux semaines, à l'occasion des sommets du G20 et de l'Otan, l'opération séduction menée par Barack Obama à l'international s'est poursuivie ce week-end en Amérique latine, à Trinité-et-Tobago. Dans le cadre du sommet des Amériques, le président américain a affiché sa volonté d'inaugurer une relation plus égalitaire entre les Etats-Unis et le reste du continent américain. Souhaitant un "nouveau départ" avec le Cuba de Raul Castro, Barack Obama a également amorcé un rapprochement avec le Venezuela d'Hugo Chavez.

"Je veux être votre ami", a lancé Hugo Chavez à Barack Obama, lui offrant une poignée de main très remarquée. Une première étape dans la normalisation des relations entre Washington et Caracas a déjà été franchie. Les ambassadeurs des deux pays devraient bientôt retrouver leur poste, après l'avoir quitté en septembre dernier suite à un coup de sang d'Hugo Chavez contre George W. Bush. En offrant à Barack Obama un livre de l'écrivain-journaliste uruguayen Eduardo Galeano intitulé Las Venas Abiertas de América Latina (Les veines ouvertes de l'Amérique latine) (1), qui traite du pillage des ressources de cette région entre le XVe et le XXe siècle, le président vénézuélien a fait passer un message qui pourrait être le suivant: Washington ne doit plus considérer le sud du continent américain comme son pré carré. Son souhait pourrait être satisfait. Barack Obama a affiché lors du sommet sa volonté d'en finir avec la diplomatie issue de la doctrine Monroe (2). Il a également affiché sa volonté de refaire de l'Amérique latine un partenaire stratégique, alors que la diplomatie de l'administration Bush n'y prêtait qu'une attention limitée. "Nous avons été par moments désengagés, et parfois nous avons essayé de dicter nos conditions, a lancé le président américain. Mais je vous promets que nous cherchons un partenariat à égalité. Il n'y a pas de partenaire junior et de partenaire senior dans nos relations".

Malgré ces éléments positifs, le bilan du sommet des Amériques reste menacé. Les membres de l'Alternative bolivarienne pour les Amériques (Venezuela, Bolivie, Nicaragua, Honduras, Dominique et Saint-Vincent) ont refusé de signer la déclaration finale, jugeant "inacceptable" l'impasse faite sur la question de l'embargo contre Cuba, en vigueur depuis 1962 (3). Barack Obama, qui a levé la semaine dernière une partie des restrictions contre l'île, a affirmé que la levée de l'embargo n'était toutefois "pas pour demain".

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Notes

1) Médiatisation oblige, en deux jours, Les veines ouvertes de l'Amérique latine d'Eduardo Galeano est passé de la 60.000e à la seconde place des ventes sur la librairie en ligne Amazon.

2) Doctrine Monroe: le 2 décembre 1823, le président américain James Monroe prononce un discours dans lequel il avertit que toute intervention des Européens sur le continent américain serait considérée comme une agression, faisant ainsi de l'Amérique latine le "pré carré" exclusif des Etats-Unis.

3) Embargo contre Cuba: le 7 février 1962, en pleine guerre froide, le président Kennedy met en place un embargo total du commerce entre les Etats-Unis et Cuba en réponse au rapprochement de Fidel Castro avec l'Union soviétique. Cet embargo d'un autre âge a été renforcé par l'administration Bush.

Copyright © A. M. Levy / republique-des-lettres.fr, Paris, lundi 20 avril 2009. Droits réservés pour tous pays. Toute reproduction totale ou partielle de cet article sur quelque support que ce soit est interdite.
Noël Blandin / La République des Lettres
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