Roger Salengro

Biographie Thomas De Quincey
Thomas De Quincey
De l'Assassinat considéré comme un des Beaux-Arts

Éditions de La République des Lettres
ISBN 978-2-8249-0195-4
Prix : 5 euros
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Le 22 novembre 1936, à Lille, des obsèques nationales rassemblent près d'un million de personnes venues de toute la France. Ils rendent un dernier hommage à Roger Salengro (1890-1936), ministre de l'Intérieur dans le gouvernement de Léon Blum. L'homme du Front Populaire, qui fut député socialiste et maire de Lille de 1925 à 1935, principal artisan des congés payés, de la semaine de quarante heures et du salaire minimum, s'est donné la mort quelques jours auparavant en ouvrant les vannes de sa gazinière. Dans sa dernière lettre destinée au leader du Front populaire, il écrit: "Ma femme est morte il y a bientôt dix-huit mois de la calomnie qu'on ne lui épargna pas et dont elle souffrit tant. Ma mère ne se remet pas des suites de son opération et la calomnie la ronge jusqu'aux moelles. J'ai lutté de mon côté, vaillamment. Mais je suis à bout. S'ils n'ont pu réussir à me déshonorer, du moins porteront-ils la responsabilité de ma mort, car je ne suis ni un déserteur, ni un traître".

Roger Salengro était en effet la cible d'une violente campagne de calomnie montée par la droite nationaliste, qui l'accusait d'être "un traître à la patrie" depuis qu'il avait fait dissoudre les Ligues factieuses d'Extrême-Droite. Les journaux Gringoire et Action Française affirmaient notamment avec virulence qu'il avait déserté pendant la guerre de 1914-18 alors qu'il avait en réalité été fait prisonnier par les Allemands.

Dans L'affaire Salengro diffusée ce soir sur France 2, Yves Boisset -- qui s'est déjà penché sur de nombreuses autres "affaires" comme celles de Guillaume Seznec, de Mehdi Ben Barka, de Jean Moulin ou encore d'Alfred Dreyfus -- revient sur les six derniers mois de la vie de Roger Salengro, de sa nomination à l'Intérieur, le 4 juin 1936, à son suicide le 17 novembre 1936. Il évoque l'épreuve traversée par cet homme qui s'est engagé toute sa vie pour défendre un idéal de paix et de justice sociale et valide la thèse du suicide. L'ancien premier ministre de François Mitterrand, Pierre Mauroy, rappelle qu'il y a eu beaucoup d'histoires sur la mort de Roger Salengro mais estime que "c'était le seul moyen pour lui de devenir un héros de la République et non pas un traître".

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L'affaire Salengro, Téléfilm d'Yves Boisset, avec Bernard-Pierre Donnadieu (Roger Salengro), Daniel Mesguich (Léon Blum) et Jean-Claude Dreyfus (Henri Béraud). Diffusion sur France 2 le 14 avril 2009 à 20h35.

Copyright © Jean Bruno / republique-des-lettres.fr, Paris, mardi 14 avril 2009. Droits réservés pour tous pays. Toute reproduction totale ou partielle de cet article sur quelque support que ce soit est interdite.
Noël Blandin / La République des Lettres
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