Après son magistral Roman russe, centré sur ses secrets de famille et ses névroses, Emmanuel Carrère livre un nouveau récit du réel, cette fois-ci ouvert sur les autres. Dans D'autres vies que la mienne, l'auteur a voulu "écrire sur ce qui fait le plus peur au monde: la mort d'un enfant pour ses parents, celle d'une jeune femme pour ses enfants et son mari". A quelques mois d'intervalle, Emmanuel Carrère s'est retrouvé témoin de deux drames. En vacances au Sri Lanka en décembre 2004, le romancier a vu un couple perdre sa fille dans le tsunami. Plus tard, c'est la soeur de sa compagne, une juge de 33 ans, qui succombait à un cancer, laissant derrière elle trois filles. Après sa disparition, Emmanuel Carrère fera la connaissance d'un ami de la défunte, magistrat lui aussi, qui lui révélera leur combat commun pour venir en aide aux victimes du surendettement. Transformant cette matière à pathos en littérature, l'auteur de L'adversaire signe un grand livre sur le basculement d'une existence, tout en rendant hommage à ces vies humbles, dignes et courageuses. En creux, on peut y voir la métamorphose de l'écrivain, qui abandonne ses états d'âme pour se consacrer au bonheur d'aimer et à l'écoute des autres.
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Emmanuel Carrère, D'autres vies que la mienne (Éditions POL).