Irlande du Nord

Irlande du Nord

Après trois décennies de violences, de 1969 à 1998, l'Irlande du Nord avait retrouvé la voie de la paix mais le meurtre d'un policier perpétré par l'IRA-Continuité réveille le spectre des affrontements interconfessionnels dans la province britannique. Deux suspects ont été arrêtés, un adolescent de 17 ans et un homme de 37 ans, interpellés à Craigavon. Un autre groupuscule, l'IRA-Véritable, a également attaqué une caserne militaire, tuant deux soldats britanniques. Selon les services de sécurité ces deux groupes, qui ont revendiqué les attentats en menaçant de poursuivre "les attaques tant que les Britanniques seront impliqués en Irlande", pourraient agir de concert.

Traumatisée par son histoire, l'Irlande du Nord craint aujourd'hui pour son avenir. Les responsables politiques se veulent rassurants. "Nous ne laisserons pas les responsables de ces actes meurtriers faire retomber notre province dans le passé", avertit le Premier ministre d'Irlande du Nord, Peter Robinson. Sur la même ligne, le Premier ministre britannique, Gordon Brown, estime qu'il n'y aurait pas "de retour au passé", mais n'exclut pas néanmoins d'envoyer des renforts en Ulster si nécessaire.

Le conflit d'Irlande du Nord trouve ses origines dans les tensions interconfessionnelles entre catholiques hostiles à la tutelle britannique, et protestants favorables à celle-ci. Les milices uninistes protestantes sont à l'origine des premiers attentats, au printemps 1969. Leur objectif est alors de terroriser la population catholique qui vient d'entamer une lutte pour obtenir les mêmes droits civiques que les protestants. Le dimanche 30 janvier 1972, une manifestation catholique est sévèrement réprimée par l'armée britannique qui tue quatorze personnes. La journée restera célèbre sous le nom de "Bloody Sunday". L'IRA réplique quelques mois plus tard en posant 22 bombes à Belfast. Ce "Bloody Friday" fait seize morts. Le conflit en Irlande du Nord continue ainsi pendant trente ans et fait plus de 3.500 victimes, jusqu'à ce que l'Armée Républicaine Irlandaise (IRA) et les milices unionistes s'engagent le 10 avril 1998 dans un processus de paix en signant les accords dits du Vendredi Saint. Le 28 juillet 2005, l'IRA dépose les armes et renonce officiellement à la lutte armée. Le 08 mai 2007, un gouvernement de coalition rassemblant catholiques et protestants est officiellement mis en place.

Les menaces qui pèsent aujourd'hui sur le processus de paix proviennent de groupuscules dissidents de l'IRA baptisés IRA-Continuité et IRA-Véritable, qui refusent de mettre fin à la lutte pour l'indépendance. Dans son dernier rapport, la Commission Indépendante de Contrôle (IMC), qui étudie l'activité paramilitaire en Irlande du Nord, a noté une recrudescence de l'activité des dissidents républicains. L'IRA-Continuité "organise et prend toujours part à une série d'activités criminelles graves, comme le trafic de drogue, le vol, les enlèvements, la contrebande", note l'IMC. Contrairement à l'ancienne IRA, ces groupes ne comptent selon la police que quelques dizaines de combattants et ne disposent pas d'un réel soutien de l'opinion publique. Dans sa grande majorité, celle-ci, épuisée par les violences, soutient le processus de paix.

Copyright © Jean Bruno / republique-des-lettres.fr, Paris, mercredi 11 mars 2009. Droits réservés pour tous pays. Toute reproduction totale ou partielle de cet article sur quelque support que ce soit est interdite.
Noël Blandin / La République des Lettres
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