Geert Wilders

Geert Wilders

Geert Wilders voit le jour le 06 septembre 1963 dans une famille catholique de Venlo (Pays-Bas), où son père est directeur-adjoint de l'entreprise de photocopieurs Océ. Très bon joueur de tennis pendant son adolescence, il se voit offrir une formation d'entraineur, mais refuse. Après son baccalauréat, en 1981, il part pour Israël où il travaille un temps dans un moshav (un kibboutz commercial). C'est le début de sa fascination pour le Proche-Orient. À son retour, il entame des études de Droit à l'Open University d'Amsterdam, effectue son service militaire en 1983, puis travaille quelques années dans une compagnie d'assurance santé.

En 1990, Geert Wilders devient assistant parlementaire de Frederik Bolkestein, dit Frits Bolkestein, commissaire européen et député du Volkspartij voor Vrijheid en Democratie (Parti Populaire pour la Liberté et la Démocratie, VVD en néerlandais, un parti libéral fondé en 1948 qui a peu à peu dérivé vers la droite nationaliste). Avec lui, il voyage beaucoup aux États-Unis, en France, en Israël, en Iran et en Irak. Bien que n'étant pas député, il prend part en 1995 à un groupe de travail sur la Hongrie, chargé de se pencher sur l'entrée de ce pays dans l'Union européenne. Il y plaide ardemment la cause des minorités hongroises vivant dans les pays voisins de la Hongrie, comme la République tchèque ou la Roumanie. Il est partisan de l'idée d'une Grande Hongrie. Ce n'est que plus tard qu'il dira à un membre du groupe de travail qu'il a épousé une Hongroise.

En 1997, Geert Wilders est élu sur une liste VVD au conseil municipal d'Utrecht, quatrième plus grande ville des Pays-Bas. L'année suivante, il est élu député du VVD au Parlement national néerlandais (Tweede Kamer). Dès 1999, il dénonce le multiculturalisme et dépose des motions anti-Islam au Parlement, s'inspirant notamment des positions ouvertement racistes et xénophobes de Frits Bolkestein et surtout de Wilhelmus Simon Petrus Fortuijn, dit Pim Fortuyn, un député homosexuel leader charismatique de la droite populiste qui sera assassiné en 2002 par un activiste d'Extrême-Gauche.

En septembre 2004, Geert Wilders quitte le VVD à la suite de désaccords politiques. Le VVD estime que la Turquie doit pouvoir entrer dans l'Union Européenne, mais pour Wilders cette adhésion est hors de question. Il crée son propre parti, le Groep Wilders, qu'il rebaptise Partij voor de Vrijheid (PVV, Parti de la Liberté) en février 2006. Le PVV n'est pas un parti politique comme les autres car on ne peut pas en devenir membre sans l'accord de Geert Wilders, qui ne supporte pas la contradiction et entend éviter les querelles internes dans sa formation. Les députés du PVV, que certains qualifient de secte, sont tous ses fidèles vassaux.

En novembre 2004, à la suite de l'assassinat par un islamiste radical du réalisateur néerlandais d'Extrême-Droite Théo Van Gogh — auteur de documentaires consacrés à Pim Fortuyn et à la situation de la femme dans l'Islam (Soumission) — il s'en prend violemment à la communauté musulmane, ce qui lui vaut des menaces de mort de la part des islamistes radicaux. Il bénéficie depuis cette date d'une protection policière assurée 24H/24 par l'Etat néerlandais.

Le PVV fait campagne aux législatives de 2006 sur les thèmes de prédilection de l'Extrême-Droite représentée jusqu'alors par la groupusculaire Lijst Pim Fortuyn (LPF, Liste Pim Fortuyn). Geert Wilders défend des positions clairement nationalistes, racistes et conservatrices. Coutumier des provocations contre l'Islam, le politicien soutient vivement le journal danois Jyllands Posten, dont la publication d'abjectes caricatures du prophète Mahomet provoque une vague de protestations dans le monde arabo-musulman.

À l'instar de l'hebdomadaire français Charlie Hebdo, il prend l'initiative de reproduire ces caricatures très controversées de Mahomet, justifiant sa décision par "le droit à la liberté d'expression". Comme tous les islamophobes, il cite volontiers le lieu commun voltairien: "Je ne suis pas d'accord avec vous, mais je me battrai pour que vous puissiez vous exprimer". Son "Parti de la Liberté" obtient 5,9% des suffrages aux élections législatives, soit 9 sièges sur 150 à la Seconde chambre du Parlement néerlandais.

Surfant sur la vague raciste anti-arabe, comme de nombreux autres islamophobes tels Oriana Fallaci, Ayaan Hirsi Ali ou Robert Redeker, Geert Wilders ne cesse depuis d'exprimer ses convictions extrêmistes, amalgamant régulièrement Islam, Intégrisme et Terrorisme, rejetant toute société multiculturelle et défendant activement les "valeurs occidentales" dans ses diatribes.

Militant sioniste, lié semble-t-il aux services secrets israéliens — ce dont il se targue régulièrement en public — Geert Wilders se rend souvent à Jérusalem où il a, dit-il, rencontré à plusieurs reprises Ariel Sharon et Ehud Olmert. Il soumet régulièrement au Parlement néerlandais des propositions de lois inspirées par la législation raciste israélienne, comme entre autres un projet sur le durcissement de la détention administrative des "étrangers" arabes ou un autre sur l'obligation d'indiquer sa religion sur les documents d'identité. Il s'oppose au port du voile et à la construction de mosquées.

À titre d'élu, il exige l'interdiction du Coran aux Pays-Bas, estimant que le livre saint des musulmans n'est compatible ni avec la Démocratie ni avec le droit néerlandais. Selon lui, le Coran est un "livre fasciste" qui "incite à la haine et à l'assassinat" et doit donc être interdit au même titre, assure-t-il que le Mein Kampf d'Adolf Hitler. Il souhaite également que le texte de la Convention européenne des Droits de l'Homme soit modifié afin de mieux protéger les citoyens européens de "l'extrémisme islamique" et réclame que les musulmans désirant s'installer aux Pays-Bas renient officiellement leur religion. Ses opposants soulignent que si Geert Wilders avait dit sur les juifs et l'Ancien testament que ce qu'il a dit sur les musulmans et le Coran, il aurait été depuis longtemps accusé d'antisémitisme et déchu de ses mandats politiques pour haine raciale.

Le 28 mars 2008, après plusieurs tentatives ratées (dont notamment l'impossibilité de trouver un distributeur et le blocage de son site web par l'hébergeur américain Network Solutions), faisant fi des menaces des intégristes, de l'indignation des pays arabo-musulmans et des appels à la raison du gouvernement néerlandais qui craint un boycott et une nouvelle crise internationale, Geert Wilders diffuse sur internet un film documentaire vidéo de 17 minutes intitulé Fitna (terme arabe signifiant "division", "discorde", "guerre" dans l'Islam).

Fitna, mis en ligne sur le site web de son parti et sur Youtube, est un film de propagande parsemé d'images d'attentats islamistes (New York septembre 2001, Madrid mars 2004), de graphiques évoquant la croissance de la population musulmane en Europe et, bien entendu, de la fameuse caricature de Mahomet montrant celui-ci coiffé d'un turban en forme de bombe, avec un "tic-tac" en fond sonore suivi d'une explosion et d'un écran noir. Des images de lapidations, de mutilations génitales féminines, de pendaisons d'homosexuels, de femmes portant la Burqa, etc, sont diffusées sur fond de sourates du Coran, entrecoupées de slogans haineux et de commentaires tels que "L'Europe du futur ?". Des personnalités faisant l'objet d'une fatwa y sont listés, dont Geert Wilders, et une petite fille y explique même que Dieu dit dans le Coran que les juifs sont des singes et des porcs. Le film se termine sur un appel à "déchirer les versets malveillants du Coran". "Stoppons l'islamisation, défendez votre liberté", conclut Geert Wilders.

En février 2009, invité par un membre du Parti pour l'Indépendance du Royaume-Uni (UKIP), le député d'extrême droite tente de venir présenter Fitna à la Chambre des Lords mais Londres décide de le déclarer persona non grata et lui refuse l'entrée dans le pays pour "menace à la sécurité publique". Le gouvernement, soutenu par les principaux partis d'opposition, estime qu'il est de son devoir de "s'opposer à tous ceux qui veulent propager l'extrémisme, la haine et l'incitation à la violence". Faisant fi de l'interdiction, Geert Wilders s'envole pour Londres mais il est arrêté dès son arrivée à l'aéroport londonien de Heathrow et immédiatement renvoyé aux Pays-Bas.

Lors des élections européennes de juin 2009, le Parti de la liberté (PVV) de Geert Wilders sort grand vainqueur du scrutin en recueillant quelque 15% des voix. Aux élections législatives anticipées de juin 2010, le PPV devient même la troisième force politique des Pays-Bas en remportant 24 sièges de députés sur 150. Le mois suivant, le mouvement s'internationalise en réunissant ses partisans français, allemands, canadiens et américains sous la bannière de l'International Freedom Alliance (IFA).

Jugé en octobre 2010 pour "incitation à la haine raciale et à la discrimination religieuse" suite à la diffusion de Fitna, Geert Wilders est finalement relaxé le 23 juin 2011 par le tribunal d'Amsterdam. Les associations qui s'étaient portées partie civile ne pourront faire appel de la décision. "Ce n'est pas seulement une grande victoire pour moi-même, c'est une victoire pour la liberté d'expression. Cela signifie qu'il est légal de critiquer l'Islam", s'est félicité Geert Wilders.

Le sulfureux leader d'extrême-droite bénéficie de nombreux soutiens, notamment sur internet et les réseaux sociaux. Sa page Facebook, qui a pour slogan "lutter contre l'islam, pour la liberté", compte ainsi plus de 6.300 membres, parmi lesquels figurent de nombreux mouvements pro-israéliens ou encore l'ancien président américain néo-conservateur George W. Bush.

Copyright © A. M. Levy / La République des Lettres, Paris, vendredi 25 juin 2011. Droits réservés pour tous pays. Toute reproduction totale ou partielle de cet article sur quelque support que ce soit est interdite. Les citations brèves et les liens vers cette page sont autorisés.

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