Hollywoodland / Superman

Le 16 juin 1959, l'acteur George Reeves (Ben Affleck), 45 ans, adulé du public américain grâce à son rôle dans la série télé Les aventures de Superman entre 1952 et 1956, est retrouvé mort dans sa maison de Hollywood, une balle dans la tête. Des circonstances étranges entourent cette mort mais la police conclue au suicide d'un homme dépressif et clôt rapidement le dossier. Sa mère n'y croit pas. Elle engage un détective privé, Louis Simo (Adrien Brody), afin d'élucider les mystères qui planent autour de l'affaire. Celui-ci découvre bientôt plusieurs indices troublants accréditant la thèse d'un assassinat mais peine à trouver qui est le coupable. S'agit-il d'un crime passionnel ou accidentel commis par la starlette Leonore Lemmon (Robin Tunney), petite amie de George Reeves, ou par son ancienne maitresse délaissée Toni Mannix (Diane Lane), ou encore d'un meurtre commandité par le mari de cette dernière, Eddie Mannix (Bob Hoskins), grand ponte de la Metro-Goldwyn-Mayer (MGM) ? Le mystère restera entier mais au fil de son enquête le privé découvrira les petits secrets des uns et des autres derrière la façade Hollywoodienne.

Biopic de facture classique pour grand public, Hollywoodland, premier long-métrage cinéma d'Allen Coulter -- créateur jusqu'alors de séries télé comme entre autres X-Files, Les Sopranos, Sex and the city ou encore Six Feet Under -- dévoile entre polar et documentaire les arcanes de ce fait divers réel jamais élucidé. Il transpose de façon sublimée mais avec une certaine justesse l'ambiance et les coulisses de la machine à rêves américaine pendant son âge d'or, juste avant l'avènement de la télévision. Un univers vénéneux, trouble et féroce où affairisme, arrivisme, corruption, mondanité et duplicité faisaient le quotidien hors sunlights des producteurs, cinéastes, actrices et autres personages douteux qui peuplaient cette banlieue chic du Los Angeles des années '50. Le titre, Hollywoodland, est d'ailleurs le nom original qui s'inscrivait à l'époque en lettres géantes sur la célèbre colline qui suplombe la ville.

Le film a aussi l'intérêt de venir s'ajouter en creux dans l'étonnant mythe de Superman, ce super-héros par excellence de la morale américaine qui s'illusionne de sa toute puissance. George Reeves était en effet devenu l'icône de millions d'américains en interprétant à la télévision le rôle du premier Superman alors qu'il détestait ce personnage qui le frustrait d'une vraie carrière de comédien. Lui-même, dont la vie était une longue suite d'échecs professionnels et sentimentaux avant de finir avec une balle dans la tête, ressemblait plutôt à un Super-looser pathétique malgré son statut imprévu de star télé. Pour Allen Coulter, "Hollywoodland est le parfait exemple de la manière dont la culture américaine vénère puis détruit les icônes qu'elle a elle-même créées". A noter qu'un autre acteur américain presque homonyme devenu célèbre dans le rôle de Superman quelques décennies plus tard, Christopher Reeve, est lui aussi mort en pleine gloire, en 2004, à la suite d'un accident bien peu digne d'un super-héros.

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Allen Coulter, Hollywoodland.

Copyright © Marianne Vatoutine / republique-des-lettres.fr, Paris, jeudi 13 novembre 2008. Droits réservés pour tous pays. Toute reproduction totale ou partielle de cet article sur quelque support que ce soit est interdite.
Noël Blandin / La République des Lettres
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