Jean-Pierre Vernant

Jean-Pierre Vernant

Jean-Pierre Vernant est né le 4 janvier 1914 à Provins (Seine-et-Marne). Son père, directeur du journal républicain et anticlérical Le Briard, est tué au front l'année suivante. Sa mère décède elle aussi alors qu'il n'a que huit ans.

Élevé par sa famille, Jean-Pierre Vernant fait ses études secondaires aux lycées Carnot et Louis-le-Grand de Paris. En 1933 il s'engage auprès des Jeunesses Communistes. Il suit des études de philosophie à la Sorbonne et est reçu premier à l'Agrégation de Philosophie en 1937. En 1939, il épouse Lida Nahimovitch. Mobilisé dans l'infanterie au début de la seconde guerre mondiale, il est promu aspirant Officier et reste dans l'armée jusqu'à l'arrivée du Maréchal Pétain au pouvoir. Il s'engage alors dans la Résistance avec son frère, Jacques Vernant, proche du philosophe Jean Cavaillès qui fonde en 1940 à Clermont-Ferrand, avec Lucie Aubrac et Emmanuel d'Astier de la Vigerie, le réseau Libération-Sud.

En 1942, tout en enseignant officiellement la philosophie au lycée Fermat de Toulouse, Jean-Pierre Vernant est désigné chef départemental de l'Armée secrète (AS) pour la Haute-Garonne. Il constitue bientôt dans la clandestinité un Etat-major qui regroupe les membres des Corps Francs de la Libération (CFL) et des Francs-Tireurs et Partisans (FTP). Sous le pseudonyme de "Colonel Berthier", il devient le commandant en chef des Forces Françaises de l'Intérieur (FFI) de la région toulousaine. Après avoir pris le maquis, il organise en 1944 le plan d'insurrection de Toulouse et participe activement à la Libération.

Après la guerre, Jean-Pierre Vernant est nommé professeur de philosophie au lycée Jacques Decour de Paris. Il tient parallèlement pendant deux ans la page de politique étrangère du journal Action et occupe les fonctions de chef de cabinet de Raymond Aubrac, commissaire de la République à Marseille. En 1948, il abandonne l'enseignement de la philosophie pour entrer au Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS). Il y reste jusqu'en 1957, orientant ses travaux vers l'anthropologie de la Grèce ancienne.

En 1958, Jean-Pierre Vernant devient Directeur d'études à l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS). Il fonde en 1964 le Centre de Recherches Comparées sur les Sociétés Anciennes -- baptisé Centre Louis-Gernet, du nom de l'un de ses principaux maîtres, helléniste et sociologue, ami de Marcel Mauss et d'Ignace Meyerson et fondateur notamment de la psychologie historique -- qu'il dirigera jusqu'en 1985. En 1969, il décide de quitter le Parti Communiste Français (PCF), mais reste un militant actif de tous les combats antifascistes et anticolonialistes, en particulier lors de la guerre d'Algérie. De 1975 à 1984, il occupe la Chaire des études comparées des religions antiques au Collège de France dont il deviendra professeur honoraire après son départ à la retraite en 1984.

Les travaux travaux hellénistiques de Jean-Pierre Vernant ont révolutionné la compréhension du monde grec, éclairant la fonction du mythe dans la société et aidant à comprendre comment était apparue la pensée occidentale rationnelle. Parmi ses nombreux ouvrages érudits, on lui doit entre autres Les origines de la pensée grecque (1962), Mythe et pensée chez les Grecs (1965), Mythe et société en Grèce ancienne (1974), Religion grecque, religions antiques (1976), Religion, histoires, raisons (1979), La Mort dans les yeux (1985), L'Individu, la mort, l'amour (1989), Mythe et religion en Grèce ancienne (1990), Entre mythe et politique (1996) et L'Univers, les dieux, les hommes (1999). Il a également co-écrit plusieurs livres qui font référence avec ses amis Pierre Vidal-Naquet (Mythe et tragédie en Grèce ancienne, 1972, Travail et esclavage en Grèce ancienne, 1988, La Grèce ancienne (3 tomes, 1990-1992), OEdipe et ses mythes, 1994) et Marcel Détienne (Les Ruses de l'intelligence, 1974, La cuisine de sacrifice en pays grec, 1979). Il a en outre dirigé de nombreux ouvrages collectifs dont L'Homme grec (1993). Son dernier livre, La Traversée des frontières (2004), raconte ses engagements et ses combats politiques.

Docteur Honoris Causa de nombreuses grandes universités de par le monde (Chicago, Bristol, Naples, Oxford), maintes fois honoré et décoré (Médaille d'or du CNRS, Croix de Guerre 39/45, Grand Officier dans l'Ordre national du Mérite, Commandeur de la Légion d'honneur, Officier des Arts et des Lettres,...) Jean-Pierre Vernant était un savant de stature internationale qui était aussi unanimement apprécié pour ses qualités personnelles et son engagement humaniste. Il était membre du comité de parrainage de la Coordination française pour la Décennie de la culture de paix et soutenait activement l'ONG Non-Violence 21.

Il est mort le 09 janvier 2007 à son domicile de Sèvres (Hauts-de-Seine), à l'âge de 93 ans.

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Noël Blandin / La République des Lettres
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