Marseille Capitale européenne de la culture

Marseille Capitale européenne de la culture

La capitale européenne de la culture en 2013 sera la ville de Marseille, a annoncé la ministre de la Culture, Christine Albanel. La cité phocéenne a été retenue à l'unanimité au terme de deux jours de discussions du jury (six personnalités françaises et sept européennes) pour départager les quatre dernières villes françaises candidates restées en lice: Bordeaux, Lyon, Marseille et Toulouse. Le projet Marseille-Provence 2013, largement axé sur le dialogue euroméditerranéen, a emporté les suffrages. Pour l'anglais Robert Scott, Président du jury, Marseille offre "un équilibre particulièrement réussi entre la qualité culturelle, l'engagement politique et le soutien économique". Deux grands critères énoncés par l'Union européenne ont pesé sur la décision du jury: la dimension européenne du programme culturel et la participation des citoyens aux manifestations.

Et il faut reconnaître que les responsables du programme Marseille-Provence 2013, Bernard Latarjet et Jacques Pfister entre autres, n'ont pas ménagé leur peine depuis deux ans pour décrocher le titre, purement honorifique mais néanmoins prestigieux, de "Capitale européenne de la culture". La mobilisation d'un maximum de citoyens, d'élus des collectivités territoriales et de grands patrons marseillais des affaires et de la culture a fonctionné à plein pour soutenir la candidature de la ville. Le cas de Lille, désignée capitale européenne de la culture en 2004 -- qui avec ce titre a attiré pas moins de huit millions de visiteurs et gagné "dix ans en terme de notoriété et d'image" selon Martine Aubry, maire de Lille -- a servi de modèle pour motiver les troupes et fédérer les synergies.

Sur la Cannebière, on savoure la victoire. Avec ce label tant désiré de Capitale européenne de la culture, Marseille, deuxième ville de France, va enfin pouvoir mettre en avant son dynamisme et sa modernité et rattraper son déficit d'image. Jean-Claude Gaudin, sénateur-maire UMP de Marseille, a rappelé que toutes les collectivités provençales ont travaillé ensemble pour obtenir le titre. Il a salué la victoire d'un "projet fédérateur des énergies d'un vaste territoire, qui au-delà de Marseille s'étend d'Arles à Toulon, en passant par Aix en Provence. Par la culture, nous voulons à la fois rapprocher les hommes d'une rive à l'autre de la Méditerranée, mais aussi d'une rue à l'autre de la cité". Michel Vauzelle, président PS de la Région Provence Alpes Côte d'Azur (PACA), a pour sa part estimé que ce titre de Capitale européenne de la culture est "une grande victoire pour un projet qui porte le label Provence". Il a rendu hommage à "une culture populaire emportée depuis de siècles par Marseille, symbole de toutes les cultures de la Méditerranée". Pour Jacques Pfister, "c'est la réussite d'un formidable élan du territoire Marseille Provence dont les acteurs politiques, économiques et culturels de 130 communes ont su se rassembler". Bernard Latarjet estime quant à lui que le jury a voulu récompenser en Marseille "la ville la plus cosmopolite et la plus interculturelle", une ville qui a "une expérience de l'intégration par la culture". Selon Jean-Noël Guérini, président PS du Conseil général des Bouches-du-Rhône, "nous avons désormais un grand rendez-vous dans cinq ans qui doit se traduire concrètement par des réalisations qui placeront Marseille et les Bouches-du-Rhône au rang des grandes métropoles européennes". Maryse Joissains-Masini, présidente de la Communauté du Pays d'Aix, s'est également réjouie de la victoire de Marseille-Provence. "Terre d'enracinement culturel ouverte au monde, Aix et le Pays d'Aix ne pouvaient manquer à l'appel de ces territoires associés qui avec les Calanques, la Camargue, la rade de Toulon, les îles d'Hyères Sainte Victoire ou le Garlaban, forment un tout pluriel et singulier". Pour elle, le projet de Marseille-Provence "favorise la mobilité des oeuvres et propose une programmation particulièrement équilibrée des manifestations sur l'ensemble des neuf communautés d'agglomération et leurs 2,2 millions d'habitants".

Marseille, qui connaît déjà de profonds changements économiques et urbains depuis une dizaine d'années (rénovation du centre-ville et de la façade maritime, développement des infrastructures, délocalisation du port autonome, etc.), indique vouloir investir 100 millions d'euros dans l'opération d'ici 2013. Quelque 250 ateliers de création artistique entre l'Europe et les Sud vont être mis en chantier afin de valoriser le foisonnement culturel de la capitale méditerranéenne qui compte déjà une nébuleuse de théâtres, de festivals et d'associations de culture populaire. De même pour les grands projets de construction d'établissements culturels comme le Musée des Civilisations de l'Europe et de la Méditerranée (Mucem), le Fonds Régional d'Art Contemporain (FRAC) et la salle de spectacles du Silo (équivalent marseillais du Zénith parisien), qui se trouvent ainsi assurés d'être financés et menés à terme rapidement.

Le titre de Capitale européenne de la culture, créé en 1985 par la ministre grecque de la Culture d'alors, Melina Mercouri, afin de favoriser le rapprochement entre les peuples, est décerné chaque année à une ville d'un pays européen. Elargissement de l'Europe oblige, il y a aura en 2013 une seconde capitale européenne de la culture aux côtés de Marseille: la ville slovaque de Kosice.

Copyright © Jean Bruno / republique-des-lettres.fr, Paris, mercredi 17 septembre 2008. Droits réservés pour tous pays. Toute reproduction totale ou partielle de cet article sur quelque support que ce soit est interdite.
Noël Blandin / La République des Lettres
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