Pervez Musharraf

Pervez Musharraf

Pervez Musharraf est né à à Daryaganj, près de Delhi (Inde) le 11 août 1943. En 1947, après la partition de l'Inde, sa famille s'installe à Karachi (Pakistan) puis à Ankara (Turquie), où le père de Pervez Musharraf, Syed Musharraf-ud-Din, occupe de 1949 à 1956 un poste diplomatique à l'ambassade du Pakistan. De retour au Pakistan, Pervez Musharraf suit des études à la St. Patrick's High School de Karachi puis au Forman Christian Collège de Lahore, tandis que son père devient l'un des hauts responsables du ministère pakistanais des Affaires étrangères. En 1961, il intègre la Pakistan Military Academy. Affecté dans un régiment d'artillerie en 1964, il poursuit parallèlement sa formation militaire au Command and Staff Collège de Quetta, au National Defence Collège de Rawalpindi et au Royal Collège of Defence Studies de Londres (Royaume-Uni). De ses années d'étudiant, il garde un grand intérêt pour certains sports comme le canoë, la voile, le tennis et le golf. Il est également avide de lecture, notamment de livres d'Histoire, et se réfère volontiers aux deux héros de son panthéon personnel: Napoléon Bonaparte et Richard Nixon. Médaillé pour acte de bravoure lors de la guerre de 1965 contre l'Inde, il intègre l'année d'après un commando d'élite. En 1968, Pervez Musharraf épouse la bégum (princesse) Sehba Farid, dont il aura deux enfants. Pendant la guerre de 1971, il sert dans les forces spéciales de l'armée pakistanaise. Promu au rang de major-général en janvier 1991, il prend le commandement d'une division d'infanterie, puis d'un corps d'armée comme lieutenant-général en 1995. Il est promu au rang de général en 1998 et nommé chef d'état-major des armées.

Un an plus tard, à la suite du conflit du Kargil entre le Pakistan et l'Inde, un coup d'État militaire a lieu au Pakistan et le général Pervez Musharraf remplace d'autorité en décembre 1999, sans effusion de sang, le premier ministre Nawaz Sharif qui l'avait nommé à la tête de l'armée avant de le limoger. En mai 2000, la Cour suprême du Pakistan légalise le coup d'Etat. Autoproclamé Chef de l'exécutif, Pervez Musharraf cumule ce poste à partir du 20 juin 2001 avec celui de Président de la République islamique du Pakistan.

Après les attentats du 11 septembre 2001 contre le World Trade Center, Pervez Musharraf devient l'un des plus importants alliés de George W. Bush dans sa très controversée et très inefficace "guerre" menée contre le terrorisme islamiste. Toutefois, malgré ses gages de coopération -- il interdit cinq organisations religieuses, fait surveiller les mosquées et les madrassas (écoles coraniques), met 2.000 islamistes en prison et livre 450 membres présumés d'Al-Qaïda aux Américains --, Washington soupçonne fortement les services secrets du Pakistan (l'ISI) de soutenir les talibans opérant en Afghanistan contre les forces de l'OTAN (ISAF). Les Etats-Unis pensent également que le réseau d'Oussama Ben Laden s'est replié dans les zones tribales du nord-ouest du Pakistan, à la frontière de l'Afghanistan, grâce au soutien de talibans pakistanais.

Après le référendum de novembre 2002 où il obtient 97,5% des suffrages, ce qui lui permet de prolonger son mandat présidentiel de cinq ans, Pervez Musharraf abandonne la fonction de chef de l'exécutif à un Premier ministre. En décembre 2003, il échappe à deux attentats perpétrés par Al-Quaïda. À la tête de l'Etat pakistanais, le "Muhadjir" ne favorise aucune province par rapport à d'autres comme l'avaient fait auparavant Benazir Bhutto et Nawaz Sharif pour le Sindh et le Pendjab. En mai 2004, après quelques progrès accomplis en matière de réformes démocratiques et une certaine détente avec l'Inde concernant la question du Cachemire, il obtient la réintégration du Pakistan au sein du Commonwealth (le pays en avait été suspendu après le coup d'Etat de 1999). Son régime est toutefois autoritaire et fait l'objet de sérieuses critiques en matière de respect des Droits de l'Homme. À partir de 2006, une partie de plus en plus importante de la population pakistanaise est gagnée par le fondamentalisme. La répression anti-islamiste ordonnée par le pouvoir est fortement critiquée par la rue. En mars 2007, le juge Iftikhar Muhammad Chaudhry, président de la Cour suprême, que Musharraf accuse d'abus de pouvoir, est suspendu, ce qui provoque de nombreuses manifestations (Il sera rétabli à son poste quelques mois plus tard). De violentes émeutes éclatent en mai 2007 entre sunnites et chiites et entre partisans et adversaires du général Musharraf. En Juillet 2007, l'armée lance une opération contre la mosquée Rouge d'Islamabad investie par des islamistes proches d'Al-Qaïda. Les combats font une centaine de victimes. En représailles, des attentats-suicides font plus de 70 victimes.

Pervez Musharraf est réélu le 6 octobre 2007 à la présidence du Pakistan. Il autorise Nawaz Sharif à rentrer au Pakistan et signe également un décret d'amnistie qui marque l'abandon des poursuites pour corruption à l'encontre de l'ex-premier ministre Benazir Bhutto. Celle-ci rentre au Pakistan après huit ans d'exil avec la volonté de participer aux élections législatives de janvier 2008. Un attentat-suicide contre son cortège fait 139 morts et près de 400 blessés à Karachi le 18 octobre. Pervez Musharraf abandonne le poste de chef des armées mais prétexte l'ampleur prise par les attaques terroristes pour décrèter l'Etat d'urgence et suspendre la Constitution au début du mois de novembre. Le putsch provoque la gêne de Washington, les critiques de la communauté internationale et de nombreuses manifestations durement réprimées. L'état d'urgence est levé mi-décembre 2007 mais le régime fait toutefois arrêter encore plus de 5.000 opposants. Le 27 décembre 2007, lors d'un meeting électoral, Benazir Bhutto est tuée dans un attentat-suicide. Les élections législatives marquent le triomphe de son parti, le PPP, et de la Ligue musulmane (PML-N) de Nawaz Sharif. Yousouf Raza Gilani, candidat du PPP soutenu par le veuf de Benazir Bhutto, Asif Ali Zardari, est élu Premier ministre et engage aussitôt une épreuve de force avec le président. Début août 2008, la coalition gouvernementale regroupant le PPP et le PML-N entame une procédure de destitution contre le président pour "des violations graves" de la Constitution. Le 18 août, sans attendre le début de la procédure, Pervez Musharraf démissionne de son poste de président du Pakistan, après neuf années au pouvoir. Il rejette "les fausses accusations portées contre lui" et "met [son] avenir entre les mains du peuples".

Pervez Musharraf est l'auteur de mémoires intitulées In the line of fire: a memoir (éditions Simon & Schuster, New York, 2006).

Copyright © A. M. Levy / republique-des-lettres.fr, Paris, lundi 8 août 2016. Droits réservés pour tous pays. Toute reproduction totale ou partielle de cet article sur quelque support que ce soit est interdite.
Noël Blandin / La République des Lettres
Newsletter / Entrez votre adresse e-mail:    

Facebook Facebook   Newsletter Lettre d'info   Twitter Twitter