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La République des Lettres

Rainer Maria Rilke

Rainer Maria Rilke
Lettres à un jeune poète

La République des Lettres
ISBN 978-2-8249-0207-4
Livre numérique (format ePub)
Prix : 5 euros
Disponible chez • Fnac • Amazon • Kobo • iTunes

Ségolène Royal

Ségolène Royal serait-elle une méchante fille qui brutalise le petit Nicolas ? Dans le concert de félicitations et d'entre-congratulations auquel se livre la classe politique française après la libération d'Ingrid Betancourt, elle vient en effet de faire une scandaleuse déclaration, lâchant une de ces vérités qu'il ne convient pas de prononcer lorsque la famille est réunie autour de la table.

En déplacement au Canada pour les cérémonies du 400e anniversaire de la ville de Québec -- auquelles participent également Jean-Pierre Raffarin, Alain Juppé, François Hollande et le Premier ministre François Fillon -- l'ex-candidate socialiste à la présidentielle a estimé en effet que "Nicolas Sarkozy n'a joué aucun rôle dans la libération d'Ingrid Betancourt". Pour Ségolène Royal, "Tout le monde le sait, c'est une opération colombienne rondement menée qui a bien marché [et] Nicolas Sarkozy n'a été absolument pour rien dans cette libération".

Cette déclaration de Ségolène Royal n'est bien évidemment pas sans arrière-pensée politicienne, mais il s'agit aussi d'une simple vérité évidente alors que l'hôte de l'Elysée, qui avait fait de la libération d'Ingrid Betancourt l'un des grands défis de son quinquennat, n'hésite pas à utiliser la très médiatique famille Betancourt pour se placer au centre de la photo. Force est pourtant de constater que son activisme brouillon s'est révélé totalement inefficace et n'a en effet débouché sur rien de concret dans la libération des otages des FARC. Son solennel appel télévisé à Manuel Marulanda, le chef des FARC aujourd'hui décédé, a été ridiculisé par la guérilla marxiste et l'avion français médicalisé envoyé il y a peu dans la jungle colombienne pour ramener Ingrid Betancourt est piteusement revenu à vide. Claude Guéant, Secrétaire général de l'Elysée, a d'ailleurs lui-même reconnu que "la France n'a pas pris part à l'opération" de libération de l'ex-otage franco-colombienne. Au vu de leurs erreurs de jugement et de leurs actions intempestives dans ce dossier, il est même sans doute préférable que Nicolas Sarkozy et son ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner n'aient pas été tenu au courant de l'opération menée par Alvaro Uribe si l'on voulait qu'elle réussisse. Selon certaines sources, cette "opération parfaite" ne serait même d'ailleurs en réalité qu'un montage destiné à l'opinion publique pour redorer le blason d'Alvaro Uribe et éviter de parler d'une rançon de 20 millions de dollars payée aux FARC en contrepartie des 14 otages libérés.

Contrairement à Ségolène Royal, et comme sur tous les sujets où l'opposition pourrait jouer un rôle critique minimum, le premier secrétaire du PS François Hollande et le prétendant à sa succession Bertrand Delanoë se sont eux contentés de se féliciter de la libération des otages. Afin sans doute de ne pas froisser le bonheur visible de la famille Betancourt, ils préfèrent jouer le jeu d'une très hypocrite union médiatico-politique toute en faveur de Nicolas Sarkozy plutôt que délivrer quelques vérités et constats évidents. Hormis Ségolène Royal, seul le député Vert Noël Mamère a osé un timide petit avis critique, déplorant que "comme d'habitude, nous avons un président de la République qui en fait beaucoup".

C'est finalement la droite sarkozyste qui lance la polémique en tombant à bras raccourcis sur Ségolène Royal. Méprisant, l'ancien premier ministre Jean-Pierre Raffarin dénonce "une polémique secondaire digne de politicien secondaire". Le porte-parole de l'UMP Frédéric Lefebvre juge lui que "Faire le procès du Président de la République [et] tenter de rompre l'unité nationale qui se fait autour de la libération d'Ingrid Betancourt est tout simplement pitoyable". François Fillon trouve de son côté qu'il y a là "un manque de dignité totale" de la part de Ségolène Royal. Selon lui, "elle aurait dû écouter François Hollande qui s'est comporté lui en homme d'Etat". La Secrétaire d'Etat chargée des affaires étrangères et des droits de l'Homme, Rama Yade, estime pour sa part que "Ségolène Royal se croit toujours en campagne". Quant au très innocent député UMP du Val d'Oise Jérôme Chartier, il juge enfin que "c'est inélégant de la part de Ségolène Royal d'oser dire des choses pareilles". Ouh, la vilaine !

Copyright © Hortense Paillard / , Paris, vendredi 04 juillet 2008. Droits réservés pour tous pays. Toute reproduction totale ou partielle de cet article sur quelque support que ce soit est interdite.
Noël Blandin / La République des Lettres
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