Triple-championne-Olympique,
La maison que j'exalte, courtoise aux habitants,
Aux hôtes dévouée; je reconnaîtrai
L'opulente Corinthe, parvis
De Poteidân Isthmien, splendeur des jeunes :
Car chez Elle Belle-loi habite
Et Sa soeur, fondement immuable des cités,
Justice, et la Paix élevée avec Elle,
Dispensatrice pour les hommes de richesse,
Fille d'or de la sage Thémis;
Elles veulent refouler
L'insolence, mère hâbleuse de la suffisance.
J'ai de belles choses à dire et l'audace
Franche incite ma langue à parler.
Impossible de cacher le fond naturel;
À vous, enfants d'Alatas, souvent
Ont octroyé la splendeur triomphale
Par haute vaillance des mieux-faisants
Dans les saints Jeux
Et souvent aussi jeté au coeur des hommes,
Les Heures très fleuries,
D'antiques inspirations : toute oeuvre est du trouveur.
D'où de Dionysos apparurent les grâces
Avec le dithyrambe mène-boeuf ?
Qui aux harnois de chevaux donna mesures
Et aux temples des Dieux mit le double roi des oiseaux ?
La Muse souffle-doux
Et Arès y fleurissent en lances mortelles de jeunes hommes.
Très-Haut large régnant
Sur Olympie, sans jalousie de mes vers
Sois-tu pour tout le temps, Zeus Père,
Et, paissant ce peuple sauf,
Dirige du Démon de Xénophon la brise,
Et reçois de ses couronnes le gala
Rituel qu'il ramène des plaines de Pise
Vainqueur avec le pentathle
À la course du stade: il a gagné
Ce qu'homme mortel jamais encore n'avait eu.
Deux l'ont couvert,
Deux tresses d'ache aux Isthmiades
Apparu : Némée ne le rebrousse pas;
L'éclat des jambes de son père Thessalos
Sur les flots de l'Alphée gît toujours;
A Pytho il a l'honneur du stade et du diaule
En un seul soleil,
Et le même mois dans la rocailleuese Athânes
Ce sont trois exploits que le jour pied-agîle
Lui a mis, superbes, autour des cheveux,
Aux Helloties sept fois :
Aux Statuts entre-deux-mers de Poseidân
Avec Ptoïodore son père trop longues,
Et Terpsias, s'en suivront, et Eritime, mes odes;
Et tout ce qu'à Delphes vous avez remporté
Et aux herbages du Lion ! J'en défie beaucoup
D'avoir autant de beaux faits; et, ma foi, net,
Je ne saurais dire le nombre des cailloux pontiques.
[...]
Moi qui de mes sagaies
Lance droit le rhombe, je ne dois pas hors du but
Diriger de mes mains mes traits multiples.
Pour les Muses au trône éclatant volontiers,
Et pour les Oligaithides, je suis venu en aide.
Les exploits de l'Isthme et de Némée en peu de mots
Je les rendrai illustres tous ensemble, à moi le vrai,
Sacrementel, viendra soixante fois des deux lieux,
Doux-parlant, le cri du héraut preux.
Ceux d'Olympie
Ils ont, semble-t-il, été déjà dits;
Les futurs, je saurai les énoncer clairement;
Maintenant j'en ai espoir, mais en Dieu seul
Est l'issue : si le Démon de leur race va de l'avant,
Nous confierons à Zeus et à Enyalios de la mener
À bien. Ceux du sourcil parnassien,
Six ! En Argos, autant
Qu'à Thèbes : pour tous ceux d'Arcadie, suprême,
Témoignera du Lykéen l'autel seigneur;
Et Pellâne et Sicyone
Et Mégare et le Bosquet bien clos des Eakides,
Eleusis et l'éclatante Marathon
Et à l'Etna haute-crête les belles-riches
Cités et l'Eubée, et par toute
L'Hellade tu trouveras en cherchant plus qu'il ne se peut voir.
Allons, dérivons à pas légers,
Zeus Acheveur, pudeur donne et faveur des joies, douce.
(Traduction de Jean-Paul Savignac, Éditions de la Différence, 1990)