Miguel de Cervantès

Miguel de Cervantès

Miguel de Cervantès, écrivain, soldat, captif des Barbaresques, percepteur du roi, amoureux des femmes et du jeu: la vie de l'auteur du roman fondateur de la littérature occidentale moderne est un roman, même si de nombreuses zones d'ombre entourent l'existence de ce fils d'un chirurgien itinérant, Rodrigo de Cervantes, et de Leonor de Cortinas, troisième d'une fratrie de cinq enfants. On connaît la date de baptême de Cervantès, le 9 octobre 1547. Mais celle de sa naissance dans la vieille cité universitaire d'Alcala de Henares, près de Madrid, souvent située au 29 septembre de la même année, demeure incertaine. La jeunesse du plus connu des écrivains hispaniques ? Ses études ? Mystère.

Cervantès a 22 ans lorsqu'il publie ses premiers écrits, quatre poèmes inspirés par la mort de la reine Isabelle de Valois, épouse du roi d'Espagne Philippe II. Quinze ans s'écouleront avant qu'il ne reprenne une plume troquée pour l'épée. En 1566, Cervantès s'installe à Madrid où Philippe II a déménagé sa cour. Quatre ans plus tard, il s'enfuit à Rome, après avoir blessé un adversaire en duel. A Madrid, on l'a condamné à l'exil et à être amputé de la main droite. C'est en Italie, alors en grande partie sous tutelle espagnole, qu'il entame sa carrière militaire. Cervantès participe à la légendaire bataille navale de Lépante (1571) remportée par la Sainte Alliance sur les Turcs. Il est blessé à la poitrine et y perd l'usage d'une main droite promise au bourreau. Mais il y gagne son surnom: "Le manchot de Lépante". Cervantès abandonne la carrière militaire en 1574. A son retour d'Espagne, il est capturé en mer par des pirates barbaresques. Des lettres de recommandations de Jean d'Autriche, commandant de la flotte chrétienne à Lépante, lui évitent de finir sur un marché aux esclaves. Il reste néanmoins captif jusqu'en 1579.

Ses souvenirs d'Italie et d'Alger alimenteront plus tard une oeuvre littéraire qui a abordé tous les genres, du théâtre à la poésie, en passant par le roman et son grand oeuvre: Don Quichotte.

De retour en Espagne en 1584, Cervantès s'éprend d'une femme mariée, Ana de Villafranca, qui lui donne une fille. Mais il reprend ses vagabondages. Il quitte Madrid pour Esquivias, près de Tolède, où il rencontre Catalina de Salazar, sa future épouse. Il reprend alors la plume pour écrire des pièces de théâtre; il écrit aussi son premier roman, La Galatée, suivant la tradition du roman pastoral qu'il tournera plus tard en dérision, comme il fera avec les romans de chevalerie à travers son Quichotte.

En 1587, Cervantès est nommé commissaire du roi, chargé de réquisitionner de l'huile et du blé en vue de l'expédition de l'Invincible Armada contre l'Angleterre. Il parcourt les quatre coins de l'Andalousie jusqu'en 1594, en profite pour écrire ses romans Rinconete et Cortadillo et Le Jaloux d'Estrémadure. Fin 1594, on le jette en prison à Séville pour une affaire de dettes. Il y passe plusieurs mois, à l'ombre d'une ville rendue florissante par l'or que les galions ramènent des Amériques. C'est là qu'il écrit les premières lignes des aventures de son célèbre chevalier pourfendeur de moulins à vent.

Cervantès quitte Séville en 1600. Quatre ans plus tard les premiers exemplaires du Quichotte sortent de l'imprimerie madrilène de Juan de la Cuesta. La vente des premiers exemplaires débute en janvier 1605. Le succès jamais démenti du premier best-seller de la littérature mondiale est immédiat, mais ne tire pas Cervantès de sa pauvreté. En 1607, l'écrivain s'installe à Madrid définitivement et y achève la seconde partie du Quichotte, publiée en 1615. A peine un an plus tard, le 23 avril 1616, diminué par l'hydropisie et une cirrhose du foie, Miguel de Cervantès rend l'âme. Mais chaque 23 avril depuis 1976, le Prix Cervantès, Nobel des lettres hispaniques, perpétue sa mémoire.

Copyright © Jean Bruno / republique-des-lettres.fr, Paris, samedi 6 août 2016. Droits réservés pour tous pays. Toute reproduction totale ou partielle de cet article sur quelque support que ce soit est interdite.
Noël Blandin / La République des Lettres
Newsletter / Entrez votre adresse e-mail:    

Facebook Facebook   Newsletter Lettre d'info   Twitter Twitter