Jean Moulin

Biographie Thomas De Quincey
Thomas De Quincey
De l'Assassinat considéré comme un des Beaux-Arts

Éditions de La République des Lettres
ISBN 978-2-8249-0195-4
Prix : 5 euros
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Jean Moulin

André Malraux a prononcé un discours, devenu historique, le 19 décembre 1964, à l'occasion du transfert des cendres de Jean Moulin, unificateur de la Résistance, mort sous la torture en juillet 1943. Par un froid glacial, en présence du général De Gaulle, du gouvernement, des Compagnons de la Libération et d'anciens résistants, il avait exalté dans un style lyrique et émouvant le souvenir du "chef d'un peuple de la nuit". Alors ministre d'Etat chargé des Affaires culturelles, il célébrait "le pauvre roi supplicié des ombres", qui regardait un "peuple d'ombres se lever dans la nuit de juin constellée de tortures". Dans le vent qui balayait le Panthéon, il lançait: "Aujourd'hui, jeunesse, puisse-tu penser à cet homme comme tu aurais approché tes mains de sa pauvre face informe du dernier jour, de ses lèvres qui n'avaient pas parlé ce jour-là: elle était le visage de la France. Ecoute aujourd'hui, jeunesse de France, ce qui fut pour nous le chant du malheur. C'est la marche funèbre des cendres que voici, à côté de celles de Carnot avec les soldats de l'an II, de celles de Victor Hugo avec les Misérables, de celles de Jaurès veillées par la Justice, qu'elles reposent avec leur long cortège d'ombres défigurées". Evoquant l'unification des mouvements de Résistance, mission confiée à Jean Moulin par le général De Gaulle, il affirmait: "Ce n'est pas lui qui a fait les régiments, mais c'est lui qui a fait l'armée". André Malraux rappelait aussi "l'enfer" vécu par la Résistance qui découvrait la "certitude de la torture" et le courage de Jean Moulin: "Sauvagement frappé, la tête en sang, les organes en sang, il atteint les limites de la souffrance humaine sans jamais trahir un seul secret, lui qui les savait tous". Il poursuivait: "Comme Leclerc entra aux Invalides, avec son cortège d'exaltation dans le soleil d'Afrique et les combats d'Alsace, entre ici Jean Moulin, avec ton terrible cortège. Avec ceux qui sont morts dans les caves sans avoir parlé, comme toi, et même, ce qui est peut-être plus atroce, en ayant parlé".

Copyright © Jean Bruno / republique-des-lettres.fr, Paris, dimanche 01 septembre 1996. Droits réservés pour tous pays. Toute reproduction totale ou partielle de cet article sur quelque support que ce soit est interdite.
Noël Blandin / La République des Lettres
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