Google | Twitter | Facebook | RSS | Lettre d'information | Fnac | Kobo | Immatériel | iTunes | Amazon

La République des Lettres

Abdelkébir Khatibi

Abdelkébir Khatibi
Triptyque de Rabat

La République des Lettres
ISBN 978-2-8249-0122-0
Livre numérique (format ePub)
Prix : 5 euros
Disponible chez • AmazoniTunes

Nicolas Sarkozy

Nicolas Sarkozy

Nicolas Sarkozy effectue aujourd'hui sa première visite officielle de Président de la République au Vatican. Après un tête à tête ce matin avec le pape Benoît XVI, avec qui il a parlé de la laïcité au sein de la société française, et un moment de recueillement sur la tombe de Jean-Paul II, il doit être intronisé en milieu d'après-midi "Chanoine d'honneur de Saint-Jean de Latran", siège de l'évêché de Rome, comme le veut la coutume pour tous les rois et chefs d'Etat français depuis Henri IV. Nicolas Sarkozy, qui a finalement renoncé à se faire accompagner de sa petite amie Carla Bruni, a également rencontré le cardinal Tarcisio Bertone, secrétaire d'Etat du pape, avec qui il a abordé des questions plus temporelles que spirituelles. En effet, si le Vatican est le plus petit Etat du monde (44 hectares de superficie, un millier de citoyens), c'est aussi l'un des plus actifs et des plus influents en matière de diplomatie et Nicolas Sarkozy a besoin du soutien du Saint-Siège s'il veut jouer un rôle sur la scène internationale.

L'affaire n'est toutefois pas gagnée, d'abord parce que, même si Nicolas Sarkozy se revendique "membre de l'Église catholique" et assure qu'il est "profondément de culture, de tradition et de confession catholique" pour d'évidentes raisons électorales -- la droite réactionnaire française qui constitue son principal électorat (et une partie de son gouvernement, faut-il citer Christine Boutin, opposée à l'IVG et au préservatif en raison de ses convictions catholiques ?) est par nature croyante -- il n'est pas en odeur de sainteté auprès de tous les catholiques. Une partie de l'Eglise de France le considère en effet, avec justesse, plus comme un politicien communautariste et opportuniste que comme un authentique chrétien. Certes, contrairement à Jacques Chirac, le nouveau Président de la République n'hésite pas, pour leur plus grande satisfaction, à associer "identité nationale de la France" et "racines chrétiennes de l'Europe". Pendant la campagne présidentielle, il n'avait pas hésité non plus à dire toute sa profonde admiration pour entre autres Jeanne d'Arc, le pape Jean-Paul II, Soeur Emmanuelle et même les moines contemplatifs. Mais certains membres du haut Clergé le soupçonnent d'être surtout bassement intéressé par leur soutien politique, notamment au vu des appels du pied qu'il lance ou fait lancer régulièrement depuis son élection en direction de l'épiscopat lorsqu'il a besoin d'être suivi par le troupeau. Par ailleurs, outre que les traditionnalistes lui reprochent certaines manières pas très catholiques (ses deux divorces, son côté parvenu nouveau riche, ses frasques médiatico-sentimentales, son net penchant intime pour tout ce qui concerne la judéité et le judaïsme, etc), le petit peuple de la fille aînée de l'Église est assez troublé par la façon dont sont traités divers dossiers de ce bas monde, tels entre autres celui de la politique d'immigration, assurée par un Brice Hortefeux bien peu compatissant, celui du travail dominical, ou encore les positions jugées plutôt floues en matière de bioéthique (Test ADN pour les étrangers, eugènisme, recherches sur l'embryon humain, etc).

Nonobstant, après le Colonel Kadhafi et la chanteuse Carla Bruni, Nicolas Sarkozy a tenté de séduire le souverain pontife afin d'obtenir l'appui du Vatican sur divers dossiers en cours relativement urgents pour lui. Pour cela, il lui a tout d'abord fait plaisir en acceptant de venir sur place prendre possession de sa stalle de petit Chanoine de la Basilique Saint-Jean de Latran, alors que Georges Pompidou, François Mitterrand et Jacques Chirac, n'avaient eux pas daigné se déplacer. Ensuite, il l'a invité à venir l'année prochaine en France, à Paris même en visite officielle et pas simplement en séjour pastoral à Lourdes, à l'occasion des célébrations du 150e anniversaire des apparitions de la Vierge Marie à Bernadette Soubirous. En contrepartie, il attend notamment du Saint-Siège qu'il participe activement à la libération d'Ingrid Betancourt (l'Église catholique a une influence certaine en Colombie et s'est déjà très impliquée dans ce dossier), qu'il appuie ses positions -- c'est-à-dire celles de George W. Bush et d'Ehud Olmert -- dans le processus de paix israélo-palestinien (le Vatican était présent à la Conférence d'Annapolis), ainsi que dans le bouillant dossier libanais, où est également impliquée la communauté chrétienne locale.

De tous ces dossiers et d'un autre qui lui tient à coeur, celui de son très peu clair projet d'Union méditerranéenne, il sera également question au sortir du Vatican. Nicolas Sarkozy profite en effet de son voyage pour rencontrer dans la soirée à Rome le président italien, Giorgio Napolitano, le président du conseil italien, Romano Prodi, le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, et le président du gouvernement espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero.

Copyright © Hortense Paillard / La République des Lettres, Paris, jeudi 20 décembre 2007. Droits réservés pour tous pays. Toute reproduction totale ou partielle de cet article sur quelque support que ce soit est interdite.

Abonnement à la Lettre d'info

Google | Twitter | Facebook | RSS | | Fnac | Immatériel | Kobo | iTunes | Amazon
Copyright © Noël Blandin / La République des Lettres, Paris, dimanche 21 avril 2013
Siren: 330595539 - Cppap: 74768 - Issn: 1952-4307 - Inpi: 93483830
Catalogue des éditions de la République des Lettres
Brève histoire de la République des Lettres
A propos de la République des Lettres