Quoi ? C'est tout ? Seulement la quatrième de couverture ? Eh, bien oui. Rien à conserver d'autre que la quatrième de couverture. Dès la préface quelque chose chiffonne, comme une dissonance, un trop de mots. La construction bancale de certaines phrases, peut-être, aussi. Il n'a pas su. Un dialogue entre une serveuse et un intellectuel de passage. Un boui-boui perdu, au milieu de la banlieue de nulle part. Un fond télévisuel ou radiophonique, sonore. Un fond qui relève du Discours. Il tenait là une idée qui, même sans être neuve, aurait pu donner lieu à... Dommage. A la dixième page déjà, le dialogue pseudo-poétique, les images convenues, la fausse impertinence des répliques, tout lasse. Le livre n'étant pas épais, tout au plus une soixantaine de pages, on se force, on finit son repas... peut-être la fin est-elle meilleure ? Non. Les niaiseries verbeuses des deux protagonistes se succèdent jusqu'au bout. La vieille rengaine du surréalisme affleure, influence trop évidente, avec son cortège de phrases auto-produites, sans logique, formant une espèce de texte fou. Malheureusement, tout ceci est refroidi. C'est un plat pauvre, resservi jusqu'au dernier morceau et qui n'a pas même le charme de la saveur oubliée. A croire d'ailleurs que l'auteur en pressentait toute la platitude. Il semble deviner que tout ceci manque de quelque chose et il trouve. Il trouve ce qui pourrait mettre une peu d'arôme. Là encore, malheureusement, faute de discernement, le résultat n'est pas bon, l'absurde utilisé trop facilement reconnaissable. On devine le fournisseur. Aucune surprise. Tant d'auteurs qui, comme Olivier Rolin, perçoivent que le bain discursif dans lequel nous sommes plongés, mérite un questionnement approfondi, et malheureusement si peu de nouveauté... Les efforts ne sont pas épargnés, il faut en convenir, mais nos soupers restent fades, écoeurants. Les viandes manquent et de fraîcheur et de caractère, ce sont toujours les mêmes sauces, les mêmes accompagnements rhétoriques, le même vin... Olivier Rolin aurait pu éviter les figures recuites de notre passé littéraire autant que la fatigue provoquée des "discours sur", des "parlers de". Les épaississants, les additifs, les édulcorants de tous genres destinés à réveiller notre goût et saupoudrés abondamment, après avoir engourdi sa Langue, ennuient notre palais.