Hugo Chavez

Hugo Chavez

La décision aussi brutale qu'inattendue du président colombien Alvaro Uribe de mettre fin à la médiation de son homologue vénézuélien Hugo Chavez avec les rebelles des FARC suscite la consternation de la famille d'Ingrid Betancourt. "C'est plus que la consternation, c'est quelque chose de dramatique", a déclaré Fabrice Delloye, ex-mari de la sénatrice franco-colombienne enlevée en février 2002 et père de Mélanie et Lorenzo, les deux enfants qu'il a eu avec elle. "Quelle que soit la personnalité" d'Hugo Chavez et de Piedad Cordoba, ces médiateurs étaient "des personnalités incontournables pour arriver dans les prochains mois à un accord humanitaire" qui aurait permis la libération des otages des Forces Armées Révolutionnaires de Colombie (FARC), a-t-il déclaré sur France-Info en accusant en outre Alvaro Uribe de ne pas vouloir de solution pacifique et de chercher "à asseoir sa réélection sur la défaite des Farc".

Les comités de soutien à Ingrid Betancourt expriment également leur désarroi à la suite de cette annonce qui douche leurs espoirs après la rencontre de mardi dernier entre Nicolas Sarkozy et Hugo Chavez. Sans avoir pu apporter les preuves tant attendues qu'Ingrid Betancourt était en vie, le président vénézuélien avait toutefois expliqué que les Farc donneraient une telle preuve avant la fin de l'année. Selon la Fédération Internationale des Comités Ingrid Betancourt (FICIB), il n'y a actuellement "aucune autre alternative acceptable" que la médiation d'Hugo Chavez. Un rassemblement de protestation se tiendra samedi après-midi devant la résidence de l'ambassadeur colombien à Paris.

Dans un communiqué publié mercredi, Alvaro Uribe indique qu'il révoque les mandats de la sénatrice colombienne Piedad Cordoba et d'Hugo Chavez, qu'il avait chargé en août dernier de négocier un accord d'échange humanitaire de prisonniers avec les FARC. Selon cet accord, le gouvernement colombien devait libérer 500 guérilleros actuellement détenus contre 45 otages des FARC, dont Ingrid Betancourt et trois américains. Le président colombien justifie sa décision par le fait qu'Hugo Chavez a contacté par téléphone le général Mario Montoya, commandant en chef de l'armée colombienne, pour l'interroger sur les personnes séquestrées par les FARC, or il lui avait formellement interdit d'entrer directement en communication avec le haut commandement militaire du pays. Cette improbable justification intervient alors que, la veille encore, Alvaro Uribe décrivait la médiation d'Hugo Chavez comme le meilleur espoir de libération des otages des Farc.

En réponse à l'appel pressant des comités de soutiens qui lui demandent d'intervenir auprès d'Alvaro Uribe pour le faire revenir sur sa décision, Nicolas Sarkozy vient de faire répondre qu'il n'interviendra pas dans l'immédiat, afin dit-il de "laisser retomber la température", mais qu'il a écrit une lettre au président colombien lui demandant de bien vouloir "maintenir le dialogue" avec Hugo Chavez. Un service minimum qui ne coûte rien, d'autant plus que Bogota a déjà indiqué que la décision était irréversible.

Copyright © A. M. Levy / republique-des-lettres.fr, Paris, jeudi 22 novembre 2007. Droits réservés pour tous pays. Toute reproduction totale ou partielle de cet article sur quelque support que ce soit est interdite.
Noël Blandin / La République des Lettres
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