Dans une correspondance presque inédite, en tout cas invisible depuis plus de 70 ans et jamais exposée, Vincent Van Gogh parle de sa vie et de son art. Dans les vingt lettres exposées à partir d'aujourd'hui à la Morgan Library & Museum de New York, il révèle beaucoup de sa vie intime. A l'évidence déprimé, voire dépressif, Van Gogh y estime qu'il doit "sacrifier" sa vie sexuelle pour peindre les chefs d'oeuvre que l'on connaît: "L'activité sexuelle nuit à la qualité de mon travail" [...] "Le sexe vous épuise, vous diminue" [...]. Alors installé dans l'isolement le plus total à Arles, il se dit fatigué, épuisé, se plaint de divers maux et soucis l'empêchant de peindre comme il voudrait, c'est-à-dire 24 heures sur 24. Il communique ses pensées et ses théories révolutionnaires sur la peinture entre diverses confidences, comme par exemple ses visites au bordel deux fois par mois, lorsqu'il a assez d'argent pour se le payer.
Ces lettres très personnelles ont été adressées entre 1887 et 1889 au peintre et écrivain Émile Bernard (1868-1941), futur fondateur de l'École de Pont-Aven, qu'il avait rencontré à Paris pendant l'hiver 1886-87 et dont il commente également le travail, le félicitant ou le critiquant pour ses dessins et ses poèmes. La correspondance est illustrée de douze croquis et études préparatoires de la main du maître, ébauches des futurs Vue d'Arles, Semeur au soleil couchant, Pont Langlois et Barques des Saintes-Maries-de-la-Mer.
• Exposition Peindre avec des mots : lettres de Vincent Van Gogh à Emile Bernard, Pierpont Morgan Library & Museum, New York, du 28 septembre 2007 au 06 janvier 2008. À noter aussi qu'une exposition Van Gogh et Bernard : une amitié d'artiste se tiendra au Van Gogh Museum d'Amsterdam du 26 octobre 2007 au 27 janvier 2008.