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La République des Lettres

Abdelkébir Khatibi

Abdelkébir Khatibi
Triptyque de Rabat

La République des Lettres
ISBN 978-2-8249-0122-0
Livre numérique (format ePub)
Prix : 5 euros
Disponible chez • AmazoniTunes

Nicolas Sarkozy

Nicolas Sarkozy

Devant les diplomates français réunis lundi 27 août à l'Elysée pour la traditionnelle Conférence des ambassadeurs, Nicolas Sarkozy -- désormais bien nommé "l'américain" -- a tenu un discours confirmant sa volonté d'aligner la politique étrangère de la France sur celle des Etats-Unis et d'Israël, notamment sur les deux grands dossiers internationaux les plus chauds du moment, le nucléaire iranien et le conflit israélo-palestinien.

• Nucléaire iranien : Pour le président de la République, "Le nucléaire iranien est sans doute la crise la plus grave pesant aujourd'hui sur l'ordre international". [...] "Un Iran doté de l'arme nucléaire est pour moi inacceptable", a-t-il martelé, ajoutant que "la France a une entière détermination dans la démarche actuelle, alliant sanctions croissantes mais aussi ouverture si l'Iran fait le choix de respecter ses obligations. Cette démarche est la seule qui puisse nous permettre d'échapper à une alternative catastrophique: la bombe iranienne ou le bombardement de l'Iran". La France sarkozyste n'épargnera donc aucun effort "pour convaincre l'Iran qu'il aurait beaucoup à gagner en s'engageant dans une négociation sérieuse". Une nouvelle rhétorique et des termes forts, voire menaçants, qui ne font que reprendre stricto-sensu le discours et le ton tenus par George W. Bush et les responsables israéliens qui clament haut et fort qu'ils n'excluent pas l'option militaire contre la République Islamique d'Iran, même si cela doit conduire à une troisième guerre mondiale. Un discours qui ressemble aussi étrangement à ceux tenus par George W. Bush à propos d'armes de destruction massives parfaitement inexistantes pour justifier l'attaque militaire de l'Irak. Pourtant, malgré les enquêtes des services de renseignement et des organisations internationales, absolument rien jusqu'à présent ne prouve que l'Iran cherche à se doter de la bombe via son programme nucléaire civil, alors qu'Israël s'en est lui doté en toute illégalité et laisse planer des menaces sans être aucunement mis en accusation par Nicolas Sarkozy et George W. Bush.

• Proche-Orient : Pour Nicolas Sarkozy, qui a "la réputation d'être un ami d'Israël, et c'est vrai" [...] "La création d'un Hamastan dans la bande de Gaza risque d'apparaître comme la première étape de la prise de contrôle de tous les territoires islamistes radicaux, et nous ne pouvons pas nous résigner à cette perspective. La France ne s'y résigne pas." Là aussi, un ton et une approche sans nuances, clairement anti-islamiques et alignés sur les positions d'Israël et des Etats-Unis. L'emploi notamment du terme péjoratif "Hamastan", créé récemment par l'extrême-droite israélienne en associant (comme par exemple aussi pour Londonistan) le préfixe "stan" au nom du "Hamas", pourtant élu démocratiquement en Palestine, n'est à l'évidence pas neutre. Sur ce dossier israélo-palestinien, comme le souligne avec justesse le Parti Communiste, le président de la République passe surtout "l'essentiel sous silence en refusant d'en appeler au respect du droit international et des résolutions des Nations-Unies".

• Otan : Nicolas Sarkozy plaide pour "un renforcement de l'Europe de la défense", annonçant des "initiatives très fortes" de la France en matière de "rénovation de l'Otan", car "il y a complémentarité entre l'Otan et l'Union". Selon lui, "Les deux vont ensemble: une Europe de la défense indépendante et une organisation atlantique où nous prendrions toute notre place". Des mots qui doivent résonner délicatement aux oreilles de Jacques Chirac et surtout de feu le Général de Gaulle qui considérait l'Otan, "ce machin", comme parfaitement inutile, et faisait tout pour ne pas lier la défense de l'Europe à celle des Etats-Unis.

Trois éléments donc parmi d'autres (le terrorisme international, la Russie, l'Afghanistan, l'énorme gaffe diplomatique de Bernard Kouchner en Irak,..) sur le monde vu par le président de la République qui confirme sa volonté d'associer la France, et même si possible l'Europe, aux pourtant désatreuses "stratégies" américaines et israélo-américaines. Tout derrière les mots, la rhétorique et le ton du discours, et malgré les dénégations -- "Alliés ne veut pas dire alignés", insiste-t-il un peu trop -- indique que le chef de l'Etat se positionne en nouveau caniche de George W. Bush et qu'il apporte un soutien sans réserves aux volontés impérialistes d'une administration américaine qui a prouvé qu'elle était l'une des plus dangereuses pour la paix dans le monde.

Alors que la plupart des commentateurs s'extasient dans les médias français sur le "volontarisme", la "rupture" avec Jacques Chirac et le "nouveau rôle" dynamique de la France sarkozyste dans le monde, on assiste là à un profond changement d'orientation en matière de politique étrangère qui, sous l'islamophobie, le sionisme et l'atlantisme invétéré de Nicolas Sarkozy, ressemble furieusement à un choix de guerre des civilisations. "Comment prévenir la confrontation entre Islam et Occident ?" interroge-t-il tout en s'apprêtant visiblement à jeter de l'huile sur le feu.

Copyright © Hortense Paillard / La République des Lettres, Paris, mardi 28 août 2007. Droits réservés pour tous pays. Toute reproduction totale ou partielle de cet article sur quelque support que ce soit est interdite.

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