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La République des Lettres

Abdelkébir Khatibi

Abdelkébir Khatibi
Triptyque de Rabat

La République des Lettres
ISBN 978-2-8249-0122-0
Livre numérique (format ePub)
Prix : 5 euros
Disponible chez • AmazoniTunes

Nicolas Sarkozy

Nicolas Sarkozy

À peine rentré de ses vacances de luxe à Wolfeboro (Etats-Unis), Nicolas Sarkozy vient de recevoir un premier petit missile de rentrée politique lancé par François Hollande. De Toulon, où il a donné samedi 18 août une conférence de presse à l'occasion du rassemblement du Mouvement des Jeunes Socialistes (MJS, présidé par Razzye Hammadi), le premier secrétaire du Parti Socialiste a prédit ce à quoi tout le monde s'attend plus ou moins après trois mois d'état de grâce. Le climat économique s'alourdit, les illusions de la campagne électorale se dissipent, et le chef de l'Etat qui "décide de tout, est donc responsable de tout", va devoir faire face aux premières difficultés sérieuses.

Pour François Hollande, les cent premiers jours de la "politique de rupture" voulue par Nicolas Sarkozy vont maintenant se traduire par "une facture" qui sera bientôt présentée aux Français afin de payer "les cadeaux accordés aux plus favorisés". Ironisant sur un président de la République qui "parle partout, tout seul [...], toujours dans le fracas, dans l'annonce, dans l'incantation", le député PS de Corrèze l'accuse notamment de "manquer de transparence" et de mener "une rupture [...] dans le langage, le style et la pratique institutionnelle", mais pas sur "les contenus des politiques" engagées. "On ne nous dit pas exactement ce qu'ont été les contreparties de la libération des infirmières bulgares; on ne nous dit pas ce qu'a été le choix économique du gouvernement; on ne nous dit pas ce qu'est la situation de l'endettement du pays", a-t-il martelé. Ce "défaut de transparence" annonce "une facture qui va être présentée aux Français dans les semaines ou mois à venir, à la rentrée ou après les municipales". Cette facture se présentera selon lui sous les formes d'une augmentation de la TVA et de la fiscalité locale, de l'instauration de la "TVA dite sociale, en fait anti-sociale" (L'ex-socialiste Eric Besson, promu secrétaire d'Etat à la Prospective dans le gouvernement Fillon, doit précisément rendre son rapport sur la TVA sociale à la fin du mois d'août) et des franchises médicales, ainsi que d'une hausse de la CSG ou de la Contribution au Remboursement de la Dette Sociale (CRDS, prélevée sur les salaires). Ce qui au total risque de peser lourd dans le budget des ménages modestes. Concernant les prévisions de croissance sur laquelle compte le gouvernement -- notament la ministre de l'Économie Christine Lagarde qui maintient que la croissance sera comprise entre 2,25% et 2,5% pour 2007 alors que la plupart des économistes l'évaluent à moins de 2% -- François Hollande a exigé que "les chiffres annexés au projet de loi de finances, sur lesquels le budget sera construit, soient sincères et authentiques" car "en matière économique, quand Mme Lagarde dit que l'économie française se porte plutôt bien, je dois constater qu'il y a soit un défaut d'information de la ministre soit un manque de transparence car l'économie française ne se porte pas bien".

Dans un entretien au Journal du Dimanche du 19 juin, le numéro 1 socialiste enfonce le clou sur la politique mise en place sur le plan économique et fiscal par Nicolas Sarkozy. Il juge que le paquet fiscal, "résultat de promesses inconsidérées faites pendant la campagne présidentielle par le candidat Sarkozy, a coûté entre 10 et 13 milliards d'euros" et n'a rien rapporté. Il estime en outre que, "pour avoir appartenu aux gouvernements Raffarin et Villepin, Nicolas Sarkozy ne pouvait ignorer la fragilité de la situation économique de la France, qui atteindra sans doute les 30 milliards d'euros de déficit de la balance commerciale à la fin de l'année, ce qui est un record historique".

De fait, en la matière, la rentrée s'annonce sous un climat ressemblant à la météo, plutôt morose, voire avec avis de tempête pour le gouvernement sarkozyste. Contrairement aux promesses électorales, l'économie française, qui souffrait déjà d'un défaut de compétitivité et d'un haut niveau de déficit, ne connait aucune embellie depuis l'installation de Nicolas Sarkozy à l'Elysée. Le déficit budgétaire public augmente dans des proportions dangereuses et le déficit commercial atteint un record de 15,3 milliards d'euros pour le premier semestre. Pour le seul deuxième trimestre, la croissance stagne à 0,3% (moitié moins que prévu), de même que les créations d'emplois (à peine 3.700 sur le deuxième trimestre, malgré les importants cadeaux faits aux chefs d'entreprises avec entre autres l'exonération fiscale et sociale des heures supplémentaires). La production industrielle chute quant à elle de 0,3 % . Avec la crise boursière mondiale -- il ne faut surtout pas parler de "krach" -- qui se profile, inutile de préciser que le drapeau de l'économie française pourrait bien se mettre totalement en berne cet automne.

Commençant à se faire quelques soucis depuis sa résidence dorée de Wolfeboro (60.000 dollars la quinzaine, "payée par des amis"), où il a tenu à afficher sa grande amitié et ses proximités de vue avec le chef d'Etat américain le plus impopulaire de la planète, le président de la République a envoyé une lettre ausssi hypocrite qu'inutile aux responsables des pays du G7 pour proposer de prendre des mesures de "transparence" sur les marchés boursiers. L'Allemagne lui a aussitôt opposé une sèche fin de non-recevoir. Il a également convoqué pour lundi le Premier ministre François Fillon et plusieurs membres du gouvernement à une réunion de travail ayant pour thème "Pouvoir d'achat, croissance, et situation économique et financière", autrement dit: comment présenter la facture ?

Copyright © Hortense Paillard / La République des Lettres, Paris, dimanche 19 août 2007. Droits réservés pour tous pays. Toute reproduction totale ou partielle de cet article sur quelque support que ce soit est interdite.

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