République des Lettres

Umberto Eco

Sortie en librairie de La mystérieuse flamme de la reine Loana de Umberto Eco aux éditions Grasset

Après les best-sellers planétaires que sont devenus entre autres Le Nom de la rose et Le Pendule de Foucault, Umberto Eco vient de publier un nouveau roman dans le style historico-métissé dont il a le secret. La flamme mystérieuse de la reine Loana, édité en Italie par Bompiani et traduit chez Grasset par Jean-Noël Schifano, est l'histoire d'un vieux libraire milanais, Yambo, qui perd la mémoire à la suite d'une attaque cérébrale. Sorti du coma et ramené dans la maison de son enfance, des images et des bribes d'évènements historiques et personnels lui reviennent en mémoire. Il reprend peu à peu conscience de son existence et fouille méthodiquement le grenier de la maison familiale.
Inspiré par une ancienne bande dessinée dont l'héroïne était la reine Loana, le roman est illustré d'images d'époque (affiches, couvertures de revues, unes de journaux, photos, etc), entrecoupé de citations littéraires, de textes de chansons populaires et autres souvenirs surgis de l'histoire du XXème siècle. Un roman illustré, ou plutôt "imagé" à la Jean-Luc Godard, sur la mémoire et le souvenir des choses d'une vie, comme d'habitude teinté d'érudition littéraire et historique, un peu ironique, un peu nostalgique, et truffé de souvenirs autobiographiques de l'auteur. Dans les entretiens accordés aux journaux pour la sortie du livre, Umberto Eco se défend d'avoir voulu écrire une autobiographie romancée. Il reconnait volontiers avoir inséré des souvenirs et des objets tirés de ses archives personnelles, confirmant que oui l'auteur et le personnage sont bien nés tous les deux en 1932, qu'ils ont passé leur enfance dans la même région, qu'ils ont grandi pendant la période fasciste, qu'ils vivent et travaillent aujourd'hui à Milan au milieu des livres et qu'ils partagent la même érudition, mais il précise qu'il a surtout voulu écrire le livre de souvenirs d'une génération et d'une époque.
Né en 1932 à Alessandria, dans le Piémont italien, Umberto Eco est titulaire de la chaire de sémiotique et directeur de l'Ecole Supérieure des Sciences humaines à l'Université de Bologne. Après des études de philosophie, il soutient en 1954 une thèse sur l'esthétique chez Thomas d'Aquin puis mène de front une double carrière d'universitaire et d'écrivain. Son expérience dans la presse -- il a longtemps collaboré à la chaîne de télé RAI et à l'hebdomadaire L'Expresso -- et ses travaux universitaires l'ont amené à s'intéresser à la culture populaire et à analyser les formes de communication de masse de la civilisation contemporaine (séries télévisées, vedettes de variétés, romans policiers, football, etc). Il est l'auteur de nombreux essais sur la littérature et la communication comme Les Limites de l'interprétation, L'Oeuvre ouverte, Journal intime, Sept années de désir, Pastiches et Postiches, De Superman au surhomme, La Guerre du faux, La Structure absente, Kant et l'ornithorynque, Traité de Sémiotique, Lector in fabula, Six promenades dans les bois du roman, Comment voyager avec un saumon, et de quatre romans : Le Nom de la Rose (1980), Le Pendule de Foucault (1988), L'Ile du jour d'avant (1994) et Baudolino (2001).

La République des Lettres, mercredi 23 mars 2005

 

 

 

 

 

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