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La République des Lettres

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Qu'est-ce que c'est ?

Un peu d'histoire littéraire
La République des lettres désigne depuis la Renaissance un espace virtuel qui transcende les entités territoriales et réunit une communauté de lettrés autour de valeurs communes humanistes et rhétoriques. La notion de République des lettres est considérée comme l'expression de cette cohésion intellectuelle et du réseau de correspondances qui la constitue.
A l'origine, l'installation de la papauté en Avignon au XIVe siècle encourage les échanges entre les chancelleries française et italienne. Les secrétaires italiens avaient une solide formation de latinistes que leur enviaient les étrangers. En 1384, Jean de Montreuil écrit à Coluccio Salutati pour lui réclamer des copies de ses lettres familières et officielles qu'il propose ensuite comme modèles aux jeunes secrétaires de la chancellerie royale. Le collège de Navarre, avec Nicolas de Clamanges et Jean Gerson en tête, entreprend de rattraper le retard pris sur l'Italie dans le domaine de la rhétorique et du droit romain. Enseignants et fonctionnaires royaux vont travailler de pair au perfectionnement de la diplomatie française à travers l'étude de la culture antique. Des prélats, des conseillers au Parlement, des notaires, des hauts fonctionnaires fréquentent les clercs de la chancellerie royale pour s'initier au beau style latin. Jean de Montreuil, Gerson, Alain Chartier, Jean Budé, Guillaume Budé, pour ne citer que ceux-là, ont été secrétaires à la chancellerie royale. Pour eux, la culture est une exigence professionnelle et le beau style, une affaire d'efficacité.
Au premier quart du XVIème siècle, l'influence de la Renaissance italienne est de plus en plus sensible dans les pays du nord. Des érudits enthousiastes et plus ou moins renommés échangent des lettres à propos de leurs recherches historiques et philologiques et on assiste à la constitution des premières sodalitates litterariae. Des étudiants français, anglais, allemands et espagnols fréquentent les universités italiennes, créant un réseau d'échanges durables grâce auquel les idéaux humanistes pourront dépasser les frontières. Le De amicitia de Cicéron, fort prisé en Italie, devient bientôt leur bréviaire, et le commerce épistolaire, le moyen habituel d'entretenir des amitiés. On échange des nouvelles, on s'interroge sur des questions de grammaire et d'exégèse, on se querelle pour des considérations stylistiques, politiques ou philosophiques. Un tel écrit à tel autre pour lui emprunter un livre, un autre sollicite une lettre d'un auteur célèbre qui lui fera honneur et lui ouvrira des portes en haut lieu. Les hommes, les livres, les tous premiers périodiques et surtout les lettres circulent dans tous les sens. Le théologien néerlandais Erasme (1468-1536), auteur d'une correspondance de plusieurs milliers de lettres avec plus de 600 érudits dans toute l'Europe, est sans doute l'un des plus célèbres membres de cette République des Lettres.
Le XVIIe siècle de Pascal et de Descartes est une période de transition où se perpétue la tradition philosophique des récits et échanges intellectuels épistoliers et universitaires mais l'audience s'élargit peu à peu et une nouvelle notion, celle de Public, vient progressivement s'accoler à celle de Respublica literaria.
Plus tard, dans une Europe des Lumières où la circulation des savoirs et les échanges intellectuels de toute nature s'intensifient encore, on assiste à l'épanouissement d'une seconde République des Lettres. Réflexions philosophiques et politiques, récits de voyages, nouveaux genres et formes littéraires, découvertes scientifiques, et plus généralement toutes sortes de nouvelles connaissances et données sur le monde des arts, des lettres, des idées et des sciences sont imprimées et diffusées auprès d'un public qui n'est plus seulement aristocratique et érudit. Le philosophe protestant français Pierre Bayle (1647-1706), auteur du monumental Dictionnaire historique et critique, publie dès 1684 un périodique composé de comptes rendus de livres et intitulé Les Nouvelles de la République des Lettres. Au XVIIIe siècle on assiste à l'apparition de nombreuses feuilles littéraires et savantes à caractère encyclopédique et universaliste, tels par exemple Le Journal encyclopédique de Pierre Rousseau, Le Mercure de France (suite du Mercure Galant fondé au XVIIe siècle), Le Journal historique et littéraire de Feller (suite de la Clé du cabinet des princes d'Europe) ou La Correspondance littéraire de Diderot. C'est la naissance de l'information politique et littéraire et plus largement de la Presse moderne. Parmi les plus illustres membres de cette période, citons Jean-Jacques Rousseau, Voltaire, Diderot, etc...
Au XIXe siècle et au tout début du XXème siècle, jusqu'à l'avènement de l'édition industrielle mass-médiatisée, certains milieux littéraires et universitaires perpétuent la tradition de cette communication intellectuelle. Plusieurs journaux prennent successivement le titre de République des Lettres, auquels collaborent nombre de gens de lettres et de grands écrivains, comme entre autres Balzac, Alexandre Dumas, Victor Hugo ou Fedor Dostoïevski, qui y publient articles ou roman-feuilletons.
Ajourd'hui, l'esprit et la sociabilité d'origine ont été remplacés par de nouvelles formes de communication médiatiques mais la notion de République des Lettres désigne toujours communément -- pour le pire et le meilleur -- le monde des Livres, des Lettres, de la Politique et de la Culture.
Journal mars 1994 Le journal et le site web
Le journal actuel de La République des Lettres est un mensuel d'information culturelle et politique, de débat intellectuel et de critique littéraire fondé en 1994 à Paris par l'éditeur Noël Blandin. L'édition sur papier -- aujourd'hui abandonnée -- était tirée à 20.000 exemplaires et diffusée en kiosques jusqu'en 1998. Le site web est ouvert depuis 1996. Constitué au début des archives du journal, il s'est ensuite enrichi de nouveaux sites, d'annuaires, d'agendas, de forums, de blogs et de lettres d'information spécialisées qui forment ensemble un portail dédié à la culture. C'est l'une des plus importantes sources gratuites d'information et de documentation en français sur l'actualité éditoriale et culturelle. Plus de 4.000 articles sont actuellement archivés et accessibles gratuitement en ligne. Le site est fréquenté quotidiennement par 15.000 visiteurs uniques, soit en moyenne 55.000 pages vues chaque jour.

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vendredi 24 novembre 2006