Hermann Hesse est né à Calw (Wurtemberg, Allemagne) le 02 juillet 1877.
Allemand, mais émigré et naturalisé Suisse, il est issu d'une famille de missionnaires protestants de tendances piétistes, dont l'austérité religieuse le conduit dès l'enfance au scepticisme, puis à la révolte. À quinze ans, lorsque ses parents décident de faire de lui un théologien, il s'enfuit du couvent de Maulbron où on l'a placé, échappe à toutes les tentatives faites par sa famille pour l'y ramener, travaille quelque temps comme apprenti horloger, et finit par trouver un emploi chez un libraire de Tübingen, ville universitaire où il peut fréquenter un milieu intellectuel et commencer sérieusement ses études d'autodidacte: devenir poète, c'est la seule occupation qu'il désire.
En 1899, à vingt-deux ans, Hermann Hesse s'établit à Bäle (Suisse), publie ses premiers vers et, en 1904, un roman d'éducation: Peter Camenzind qui le rend célèbre, ainsi que Sous la roue (1905), deux protestations contre les enfances brimées par l'autorité des parents et des maîtres.
Il s'installe alors dans une ferme proche du lac de Constance, espérant y mener une vie en communion avec la nature. Il s'est définitivement libéré de sa famille, mais souffre cependant de la pression sociale. Tourmenté par le sens de la vie, il se sent incapable de s'habituer jamais aux conventions de la société comme au bonheur conjugal. Son mariage ne sera qu'une malheureuse tentative oppimant, sans parvenir à la vaincre, sa vocation esthétique. Hermann Hesse ne trouvera de salut que dans l'évasion.
Le roman Gertrude, daté de 1910, évoque cette crise morale. Un an plus tard, l'écrivain fait un voyage aux Indes, pays où avaient résidé les parents de sa mère, mais qui devient aussi pour lui, selon une symbolique goethéenne, le pays des "Mères". De retour à Berne, il est profondément bouleversé par la Première Guerre mondiale, et cette nouvelle crise, si grave qu'il doit être hospitalisé, le décide, la paix revenue, à quitter sa femme et sa famille.
Demian, en 1919, oppose à la vie bourgeoise le puissant appel d'une religion nouvelle où se réconcilient les contraires. C'est bien encore cet équilibre difficile du moi profond que poursuit Hermann Hesse dans la transposition hindoue de Siddharta, et plus encore dans Le Loup des Steppes en 1927, représentation encore symbolique de l'homme d'après-guerre, du civilisé qui a vu soudain réapparaître en lui l'animal, l'homme-loup.
La spiritualité et l'animalité sont-elles vraiment inconciliables ? l'animalité n'est-elle pas aussi une nourriture pour le dynamisme spirituel ? Nous retrouvons encore ce dialogue intérieur dans Narcisse et Goldmund, où Goldmund, l'artiste proche de la nature, de la terre, en communion avec le monde originel des Mères, propose l'esquisse d'une conciliation.
Désormais, dans l'oeuvre de Hermann Hesse -- réfugié dans le Tessin depuis 1919, et qui a fondé une nouvelle famille vers 1930 -- le déchirement caractéristique des ouvrages de l'après-guerre, s'efface progressivement. L'effort de l'écrivain, juqu'au Jeu des perles de verre (1943), aboutit au rêve, ou à la nostalgie, d'une classe supérieure, d'une aristocratie de l'esprit capable de recueillir le double héritage de l'Asie et de l'Europe, et de faire la synthèse de l'apollonien et du dionysiaque rêvé par Nietzsche.
Récompensé en 1946 par le Prix Nobel de Littérature, Hermann Hesse meurt le 9 août 1962 à Montagnola (Suisse), à l'âge de 85 ans.