Israël / Palestine

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Cest le 83e veto américain à l'ONU destiné à protéger Israël des méchants Palestiniens, mais le premier de l'administration Obama.

Les Etats-Unis ont en effet opposé hier leur veto à un projet de résolution du Conseil de sécurité des Nations unies condamnant la politique de colonisation des territoires palestiniens par l'Etat juif. Sans ce veto américain, la résolution de l'ONU aurait pu entrainer une condamnation contraignante sur le plan du droit international obligeant Israël à cesser son entreprise de colonisation.

Le texte de la résolution affirmait que la poursuite de la colonisation israélienne dans les territoires palestiniens occupés depuis 1967 "est illégale et constitue un obstacle majeur à la réalisation d'une paix juste et durable sur la base d'une solution à deux Etats". Elle condamnait en outre "toutes les mesures visant à modifier la composition démographique, le caractère et le statut du territoire, en violation du droit international humanitaire" et demandait leur "arrêt total et immédiat".

Ce projet de résolution, déposé le mois dernier par le Groupe arabe au Conseil de sécurité de l'ONU et parrainé par quelque 130 pays, a comme d'habitude fait l'objet d'intenses pressions des Etats-Unis sur l'Autorité palestinienne pour que celle-ci renonce à le présenter. Le président Mahmoud Abbas, soumis lui à la pression du peuple arabe -- il a déjà été sévèrement critiqué en septembre 2009 lorsqu'il a cédé aux pressions américaines pour enterrer le rapport Goldstone sur les crimes de guerre israéliens à Gaza -- et assuré du soutien quasi unanime de la communauté internationale, avait décidé malgré tout de maintenir le texte en dépit des menaces directes de la Secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton.

Notoirement pro-israélienne, cette dernière estimait que ce projet de résolution était "inopportun" et "inutile". Pour les Etats-Unis et pour Barack Obama en particulier, ce nouveau veto à l'ONU, signe de soutien manifeste à la colonisation israélienne, ne peut en effet que détériorer un peu plus leur image dans un monde arabo-musulman aujourd'hui assoiffé de justice et de liberté. Il affecte également sérieusement leur crédibilité de médiateur du processus de paix au Proche-Orient.

Mise au voix vendredi soir, la résolution a obtenu 14 votes pour et 1 vote contre. Seuls les États-Unis -- l'un des cinq membre permanent du Conseil de Sécurité possédant un droit de veto (avec la Russie, la France, la Grande Bretagne et la Chine) --, ont bloqué la résolution.

Aligné sur l'argumentaire fallacieux de son allié israélien, Washington estime en effet que l'adoption d'une résolution contre la colonisation ne ferait que compliquer la reprise du dialogue israélo-palestinien. Ce dernier a pourtant été interrompu en septembre dernier précisément par le gouvernement de Benjamin Netanyahu, qui a relancé les programmes de construction de colonies de peuplement en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, alors que leur gel est considéré par les Palestiniens comme une condition sine qua non de la reprise des pourparlers de paix avec Israël. Pour l'Autorité palestinienne, la poursuite de la colonisation préjuge en effet du résultat des négociations sur les frontières du futur Etat palestinien en créant un fait accompli.

Israël a salué le veto américain: "La décision prise aujourd'hui par les Etats-Unis prouve que le seul chemin vers la paix passe par des négociations directes et non pas par le biais de décisions d'organisations internationales", estime Benjamin Netanyahu.

L'Autorité palestinienne condamne elle la décision de Barack Obama, estimant qu'il s'agit "d'une décision regrettable et déséquilibrée qui affecte la crédibilité de l'administration américaine". Elle indique qu'elle va "réévaluer tout le processus de négociation israélo-palestinien" et qu'elle poursuivra de toutes façons ses démarches diplomatiques et politiques contre la colonisation. Plusieurs milliers de Palestiniens ont manifesté à Ramallah dans la nuit de vendredi à samedi pour dénoncer le veto américain. Le Hamas, qui contrôle la bande de Gaza, a de son côté dénoncé "une décision arbitraire et scandaleuse contre le peuple palestinien".

L'Egypte post-Moubarak a elle aussi dénoncé le veto américain au Conseil de sécurité de l'ONU, estimant que cette décision "a déçu les espoirs du peuple, non seulement palestinien et arabe, mais aussi au niveau international". [...] Ce veto "contredit les déclarations américaines rejetant la politique de colonisation, et entamera encore plus la crédibilité des Etats-Unis comme médiateur des efforts de paix", a déclaré dans un communiqué officiel le ministère égyptien des Affaires étrangères.

Copyright © A. M. Levy / republique-des-lettres.fr, Paris, samedi 19 février 2011. Droits réservés pour tous pays. Toute reproduction totale ou partielle de cet article sur quelque support que ce soit est interdite.
Noël Blandin / La République des Lettres
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