Alain Bauer

Alain Bauer

Alain Bauer est né le 8 mai 1962 à Paris. Ses parents, George Bauer et Monique Eisenberg, descendants de familles juives ayant fui les pogroms d'Europe de l'Est, sont gérants de sociétés dans le secteur du textile. Âgé de quinze ans, il adhère au Parti Socialiste. En 1980, après avoir fréquenté les lycées Simone Weil et Louis Arago, il passe son bac en même temps qu'il pénètre les arcanes maçonniques du Grand Orient de France et rejoint les "Jeunesses Rocardiennes". Il entame ensuite des études de droit à l'Université Paris I-Panthéon Sorbonne d'où il ressort avec un Diplôme d'Études Supérieures Spécialisées (DESS) de politiques publiques et gestion des organisations.
Alain Bauer entre dans la vie professionnelle en 1982 avec un titre d'Administrateur délégué de l'Institut National Supérieur d'Études de Défense (INSED). Pilier de l'UNEF-ID, il est parallèlement élu Vice-président chargé des affaires générales, administratives et financières de l'Université Paris I-Panthéon Sorbonne (1982-1989) et Membre du Conseil de la Chancellerie des Universités de Paris (1983-1988). En 1987 et 1988, il occupe un poste de Directeur conseil de la Centrale d'Échanges et de Communication (CECOM) tout en étant Consultant pour le Groupe d'Études pour la Construction (GEC). En 1988, il est nommé Chargé de mission auprès du directeur de cabinet de Michel Rocard, alors Premier ministre de François Mitterrand. En 1990 et 1991, Alain Bauer occupe deux postes de Conseiller, l'un pour Air France, l'autre pour le Groupe Sari du sulfureux promoteur immobilier Christian Pellerin (chantiers de la Défense). Il est ensuite nommé Directeur du département de contrôle financier (1991-93) et Administrateur de Sari Services et de Cnit Com (1992-93) tout en devenant Secrétaire général du World Trade Center Paris-la-Défense (1991-93) et Membre de la commission juridique internationale de la World Trade Center Association (1992-93). Il prend ensuite la Vice-présidence de Science Applications International Europe (SAIC) avant de créer en 1994 sa propre société de conseil et de formation en sécurité urbaine, AB Associates SA, qui regroupe une dizaine de consultants associés et dont il occupe toujours aujourd'hui le fauteuil de Président Directeur Général. En 1998, il devient Président du Directoire du groupe Cartes jeunes (associé à la MNEF) et Administrateur de Versant SA.
De 1990 à aujourd'hui, Alain Bauer assure parallèlement des fonctions d'enseignant à l'Institut de criminologie de Paris (université Paris II-Panthéon Assas), aux universités Paris I-Panthéon Sorbonne et Paris V-René Descartes, à l'Institut d'Études Politiques (IEP) de Paris, à l'Ecole Nationale de la Magistrature, au Centre National de Formation Judiciaire de la Gendarmerie Nationale, à l'Ecole Nationale Supérieure de la Police, au Centre National de Protection et de Prévention (CNPP), au Center of Terrorism du John Jay College of Criminal Justice de New York (Etats-Unis), à l'Académie de Police criminelle de Chine et à l'Université de droit de Pékin. Depuis 2003-2004, il est également Secrétaire général de l'Institut des Hautes Études de Sécurité Intérieures (IHESI, devenu INHES, Institut National des Hautes Études de Sécurité), de l'Institut Alfred Fournier et de l'Institut Européen des Sciences du Religieux (IESR). Il est ou a été aussi Administrateur de l'Institut de Relations Internationales et Stratégiques (IRIS) et de la Fédération des Professionnels de l'Intelligence Économique (FEPIE). Valérie Pecresse, ministre de l'enseignement supérieur du gouvernement Sarkozy-Fillon, vient en outre de créer au Conservatoire National des Arts et Métiers (CNAM) une Chaire de criminologie qui lui a été immédiatement attribuée.
Alain Bauer est ou a été aussi Consultant en matière de sécurité et de terrorisme pour de nombreux groupes de travail mis en place par des gouvernements ou des organisations françaises et étrangères tels que le Prevention of Crime by Urban Planning du Comité européen de normalisation, la Commission des systèmes de vidéosurveillance de la Préfecture du Nord, la Société d'histoire des facultés de droit, la Commission nationale consultative des Droits de l'Homme, la Société Internationale de Criminologie, le Conseil du New York Police Department (NYPD, pour lequel il a réalisé une étude sur la "menace islamiste"), la Sûreté du Québec (SQ), le Conseil du Los Angeles Sheriff Department (LASD), le Conseil d'orientation de l'Observatoire national de la délinquance, le Collège de la Haute Autorité de Lutte contre les Discriminations et pour l'Égalité (HALDE), la Commission de contrôle des fichiers de police, la Commission nationale de Vidéo-surveillance et la Mission sur la Sécurité stratégique.
Hors sa carrière dans le secteur de la sécurité, Alain Bauer est de 1996 à 1999 l'éminence grise de Philippe Guglielmi au sein du Grand Orient de France (plus ancienne et plus importante association maçonnique française) dont il devient Grand Maître en 2000. Il doit quitter cette fonction en 2003 pour cause de renouvellement obligatoire mais reste depuis cette date Chancelier de l'International Masonic Institute. Il est aussi depuis 2007 Membre de la Commission d'admission du Lagardère Paris Racing Club. Parmi les nombreuses décorations et distinctions reçues, Alain Bauer est Chevalier de la Légion d'honneur, Officier de l'ordre national du Mérite, Officier des Palmes académiques et des Arts et des Lettres, Chevalier du Mérite agricole, Grand-Croix de l'Ordre de La Fayette, prix Joseph Saillet 2006 de l'Académie des Sciences morales et Politiques et Médaille d'honneur 2007 de la Police Nationale. Pour la petite histoire, il a également été pendant vingt ans inspecteur pour le Guide Champérard (dont il est aujourd'hui directeur et copropriétaire), visitant incognito plusieurs centaines de restaurants par an.
Alain Bauer est l'objet de nombreuses critiques dans les milieux universitaires qui lui reprochent sa vision catastrophiste de la criminologie, sa méthodologie, ses sources statistiques douteuses et son discours politiquement biaisé sur l'insécurité et le terrorisme. Américanophile, il effectue au début des années '90 un stage de six mois à la Science Application International Corporation (SAIC), dont il est devenu par la suite Vice-président pour l'Europe. La SAIC, considérée comme une vitrine des services secrets américains, est un groupe administré par d'anciens directeurs de la CIA et travaillant essentiellement pour le Pentagone. Spécialisée dans les Nouvelles Technologies de l'Information et de la Communication, elle contrôlait notamment à l'époque la société "Network Solutions" qui gérait seule l'ensemble des noms de domaine sur Internet. Depuis cette période de "formation", Alain Bauer prône des méthodes policières répressives inspirées par certaines thèses sécuritaires en vigueur dans les milieux néo-conservateurs américains, parfois très peu compatibles avec le respect des libertés et le droit à la vie privée. Il travaille par ailleurs régulièrement avec des personnalités ayant milité à l'extrême-droite, dont notamment l'éditeur Xavier Raufer — Christian de Bongain pour l'état-civil — co-fondateur des groupuscules "Occident chrétien" et "Ordre nouveau". Enfin et surtout, on lui reproche de mélanger allègrement les genres à titre de Consultant en sécurité pour divers organismes publics (gouvernements, collectivités locales, etc) et de "marchand de peur" PDG de AB Associates. "Sa conception de l'insécurité et des moyens de la combattre assure la promotion de ses activités de conseil et d'expertise", accusent de nombreux universitaires. L'un d'entre eux a même distingué deux types de criminologie, l'une au service de l'Etat, l'autre au service de la Démocratie, démontrant, toutefois sans le nommer, qu'Alain Bauer relevait sans aucun doute du premier type. L'accusé se défend en soulignant que, "comme les avocats, les médecins ou les journalistes, [il] peut à la fois enseigner et travailler dans le secteur privé". Alain Bauer a reçu en 2003 le "Big Brother Award" de l'ONG "Privacy International", un prix qui distingue chaque année les personnalités promouvant la surveillance et le contrôle des individus par l'Etat.
Côté parcours politique, après avoir été administrateur (minoritaire) de la MNEF et proche du courant rocardien au sein du Parti Socialiste — où il devient entre autres l'ami de Jean-Christophe Cambadélis, Jean-Paul Huchon, Stéphane Fouks (actuel co-président du groupe publicitaire Euro RSCG Worldwide) et surtout de Manuel Valls — Alain Bauer est aujourd'hui l'une des personnalités les plus en vue des réseaux sarkozystes. Dès 2003, Nicolas Sarkozy, alors Ministre de l'Intérieur et patron de l'UMP, le nomme Président de l'Observatoire National de la Délinquance après qu'il l'eût averti que son nom figurait sur les fameux listings de l'Affaire Clearstream. Pendant la campagne présidentielle de 2007, il aide le candidat à préparer ses émissions de télévision sur les questions de délinquance, de sécurité, de banlieues et de justice. Il organise même en son honneur un dîner réunissant les Francs-maçons de "Dialogue et Démocratie française". Devenu Président de la République, Nicolas Sarkozy le place à tête de la Commission Nationale de Vidéosurveillance. Envisageant de créer un Conseil National de Sécurité sur le modèle de la "National Security Agency" américaine (NSA), le même bénéficie d'un rapport très remarqué sur le sujet, co-signé par Alain Bauer et Michel Rocard dans la Revue de la Défense Nationale d'octobre 2007. Placée directement sous l'autorité du chef de l'Etat et regroupant plusieurs organismes de recherche stratégique (IHEDN, INHES, IERSE, CHEAR), cette structure initiée à l'origine par le très atlantiste député UMP Pierre Lelouche permettrait au pouvoir présidentiel de contrôler tous les instruments d'analyse et de renseignement du pays. Alain Bauer est aussi l'un des conseillers officieux de la nouvelle Direction Centrale du Renseignement Intérieur (DCRI) en matière de lutte anti-terroriste où il s'est notamment illustré dans l'Affaire Julien Coupat, emprisonné et stigmatisé sous le terme de "terroriste d'ultra-gauche" par la Ministre de l'Intérieur, Michèle Alliot-Marie. Dans les réseaux maçonniques certains l'accusent aussi, à la suite de ses propositions visant à faire évoluer le Grand Orient de France, d'essayer de s'imposer comme "grand vizir" des Francs-maçons pour le compte de Nicolas Sarkozy.
Alain Bauer est l'auteur ou co-auteur d'une trentaine de livres, la plupart consacrés à la criminalité et à la Franc-maçonnerie. Citons notamment: Violence et Insécurité urbaines (avec Christophe Soullez, 1998), De la régularité maçonnique (1999), L'Amérique, la violence, le crime: mythes et réalités (avec Emile Perez, 2000), Les Grades de sagesse du rite français (2000), Grand O: Les Vérités du Grand Maître du Grand Orient de France (2001), La Guerre ne fait que commencer (avec Xavier Raufer, 2002), Le Grand Orient de France (avec Edouard Boeglin, 2002), Les Polices en France (avec André-Michel Ventre, 2002), Travaux du Souverain Chapitre en ses Quatre Ordres (avec Jean-Pierre Lefevre et Pierre Mollier, 2002), Le Crime aux Etats-Unis (avec Emile Perez, 2003), Les Polices aux Etats-Unis (avec Emile Perez, 2003), Les Questions à l'étude des loges dans les obédiences maçonniques françaises (avec Jean-Claude Rochigneux, 2003), Images du patrimoine maçonnique (2003), Aux origines de la Franc-maçonnerie: Issac Newton et les newtoniens (2003), Les Francs-Maçons (avec Roger Dachez, 2003), Les plus belles pages de la Franc-Maçonnerie Française (2003), Deux siècles de rite écossais ancien accepté en France (avec Jean Baubérot, Bernard Moisy et Alain de Keghel, 2004), Deux siècles de débats républicains (2004), L'Enigme Al Qaïda (avec Xavier Raufer, 2005), Le Crépuscule des Frères (2005), La Grande Loge nationale française (2005), Mercenaires et polices privées (avec Olivier Hubac, Jean Meyer et Yves Michaud, 2006), Géographie de la France criminelle (avec Stéphane Quere et Jean-Luc Besson, 2006), Pour retrouver la parole: Le retour des Frères (avec Roger Dachez, Bruno Etienne et Michel Maffesoli, 2006), Histoire de la Franc-maçonnerie française (2006), Mieux contrôler les fichiers de police (Rapport officiel, La Documentation Française, 2006), Dictionnaire de la Franc-maçonnerie (2006), Le nouveau chaos mondial (avec Xavier Raufer, 2007), Les 100 mots de la Franc-maçonnerie (avec Roger Dachez, 2007), Les mystères de Channel Row (avec Roger Dachez, 2007), Vidéoprotection et vidéosurveillance (avec François Freynet, 2008), La criminalité en France (avec Cyril Rizk, Christophe Soullez et Pierre Monzani, Rapport de l'Observatoire National de la Délinquance, 2008), Les 100 Mots du Crime (avec Emile Perez, 2008), Etudes de sécurité publique (avec François Freynet, 2008) et Pour une stratégie globale de sécurité nationale (avec Nicolas Arpagian et Eric Delbecque, 2008).

Copyright © Hortense Paillard / La République des Lettres, Paris, vendredi 16 novembre 2018. Droits réservés pour tous pays. Toute reproduction totale ou partielle de cet article sur quelque support que ce soit est interdite. Les citations brèves et les liens vers cette page sont autorisés.

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